Trois femmes dans un camp d'Afrique centrale, qui essayaient d'aider l'humanité; trois forces fragiles qui refusaient de baisser les bras devant l'indifférence du monde. Pourquoi faisaient-elles cela ? Pourquoi venir risquer leurs vies dans un pays où les gens étaient assez stupides pour ne rien trouver de mieux à faire que de s'entretuer pour le pouvoir et empêcher leurs enfants d'aller à l'école ? (...)
Qu'est-ce qui faisait que malgré la cruauté dont les humains étaient capables, il y en avait qui se sacrifiaient pour en aider d'autres ? Autrement dit, vu tout le mal que les êtres humains s'ingéniaient à réaliser, le bien ne devait plus exister, et pourtant il existe . Pourquoi ? (p. 186)
Comment expliquer que je me souvienne en détail de toutes les scènes de cruauté dont j'avais été témoin, même témoin éloigné, alors que rien ne me restait d'un acte d'humanité qui me touchait directement ? Est-ce à dire que le mal laissait plus de traces dans nos mémoires que le bien ? (p. 163)
Maman m'avait souvent dit, quand elle revenait fatiguée d'avoir vendu au marché toute la journée, qu'elle se sentait instantanément détendue, relax, dès qu'elle franchissait la porte de notre maison, car les murs d'une maison délimitaient un espace de paix, de sécurité et de sérénité. Ce qu'elle ne savait pas c'est qu'à l'inverse, un mur pouvait aussi être une barrière. (p. 129)
Souvent, par un phénomène bizarre, quand les gens avaient trop peur, ils n'avaient plus peur et pouvaient agir avec une audace que même les gens les plus téméraires jugeraient suicidaire. (p. 99)
Mais quand il y avait une rupture de symétrie, l'asymétrie était toujours biaisée en faveur des droitiers qui avaient bâti un monde qui tournait à l'envers (p. 45)
Je ne sais pas pourquoi je racontais cela à une bande de gens qui n'avaient rien à apprendre dans l'art de piller puisqu'ils l'avaient déjà fait mille fois et puisque c'était la raison majeure pour laquelle nous combattions. Pour nous enrichir. Pour faire ramper un adulte. (...) Pour la puissance que donnait un fusil. Pour être maître du monde. Ouais, tout ça à la fois. Mais nos chefs et notre président nous ont ordonné de ne pas dire cela. Ils nous enjoint de dire à ceux qui nous poseraient des questions que nous combattions pour la liberté et la démocratie et cela pour nous attirer les sympathies du monde extérieur. (p.81)
(...) mais ici les choses n'avaient plus aucune logique, on saccageait pour saccager, on tuait pour tuer, on pillait pour piller, même les choses les plus invraisemblables. Et puis, tout d'un coup, aussi soudaine qu'inattendue, une onde d'affection a surgi du plus profond de mon être, et mon corps s'est mis à vibrer en résonance avec ces instruments; ces vieux outils de maçon ne nous avaient pas seulement nourris, habillés et avaient permis d'acheter les médicaments qui nous avaient soignés et maintenus en vie jusqu'à aujourd'hui, mais ils m'avaient aussi offert un avantage certain sur mes collègues de classe; ils m'avaient amenée d'un côté à saisir vite et mieux qu'eux la réalité concrète qui se cachait derrière les idées abstraites et imaginaires et, de l'autre, à comprendre comment les choses concrètes et réelles pouvaient engendrer des formes abstraites et imaginaires. (p. 26)
En exergue:
Si la souffrance est humaine, nous ne sommes pas hommes pour souffrir seulement. - Georges Seferis- Journal de bord II
J'ai donc demandé à mon cerveau de se taire. De faire autre chose. Lire par exemple. Lire un livre sous les sifflements de roquettes comme on lit un roman avec de la musique en arrière-fond. Un livre peut vous faire oublier la mort. Cette pensée m'a fait sourire.
C'est cela qui est magnifique avec un fusil. Qui peut vous résister? on nous avait dit que le pouvoir c'est au bout du fusil et c'était vrai...