Parce que ce n'est pas vrai que les enfants arrêtent d'être des enfants quand ils sont déçus.
Certains sont complètement détruits.
Et restent des enfants pour toujours.
J’étais cependant certaine d’une chose. Fabricant de larmes ou non… personne ne faisait trembler mon cœur comme lui
parce que ce sont dans les larmes que se cachent l'amour et la compassion. Elles sont l'extension la plus intime de l'âme.
J'aurais voulu lui faire voir la lumière, mais il semblait prisonnier de ses propres ombres.
- Dans sa coquille, il est en sécurité. C'est sa maison, son refuge, son unique abri. Mais, si elle devait se fêler, ou se casser... les éclats s'encastreraient à l'intérieur et finiraient par le tuer. Il n'aurait aucun moyen d'échapper à une mort certaine. C'est triste, tu ne trouves pas ? murmurai-je, un peu amère. Ce qui le protège est aussi ce qui peut lui faire le plus de mal.
Leur amitié était comme une tenue confortable que tu portes depuis toujours, pour te sentir bien.
Peut-être que notre plus grande peur est d’accepter que quelqu’un puisse sincèrement nous aimer pour ce que nous sommes.
— Et tu me détestes ?
Amplifiée par la proximité, sa voix envahit mes oreilles. Son visage était légèrement penché sur moi pour compenser notre différence de taille.
— Tu me détestes, papillon ? Je ne lâchai pas ses yeux.
— C’est ce que tu voudrais ?
(p145)
Elle, si pure et si silencieuse, qui ne se serait jamais assise volontairement dans cet endroit sale et chaotique qu’était son cœur. Et plus elle grandissait, plus Rigel voyait sur elle cette beauté qui déchirait. Qui le tenait éveillé la nuit et lui faisait serrer ses draps à force de besoins refoulés. Plus Nica grandissait, plus il brûlait d’un désir déchirant, telles des ronces hérissées de dents et de crocs qui, quand elle pleurait, se fanaient. C’était à cette période que le nouveau était arrivé au Grave. Rigel n’avait pas daigné s’intéresser à lui, trop occupé qu’il était à lutter contre son amour dérangeant et encombrant.
(p158)
Même dans ses cauchemars les plus tourmentés, il n’aurait pu imaginer un enfer aussi douloureux que le fait d’être si proches l’un de l’autre, unis et séparés par la même famille. Il ne pouvait la considérer comme une sœur que parce qu’il l’avait dans la peau, dans le sang, comme un poison qui n’en sortirait jamais.
(p159)