Le silence
Si je marche
avec les ombres de ma vie
comme de lourds oiseaux
qui dévorent les promesses
Suis-je l'arbre suis-je la feuille
gorgée par les saisons
je ne sais pas
ce qui se tait en moi
quand la forêt
cesse de rêver
Dans la forêt du temps
il n'y avait rien
ni ciel ni océan
au commencement
il n'y avait ni dieux ni humains
ni souffle ni solitude
au commencement le rien était l'obscur
le vide un long tunnel de silence
puis sont venues les eaux
est venue la Terre
comme une montagne qui émerge
est venu le ciel pour la couvrir
(extraits de Avant l'aube)
guerres famines tristes duretés
c'est seulement l'hiver
sur l'écran d'aujourd'hui
s'annoncent les orages de demain
des chiffres pour ne rien dire
de l'inquiétude qui brûle nos mots
lettres échevelées
bientôt cassées comme pib
nip fmi
il fait un temps à s'enfermer
dans nos maisons de forêt
avec le bruit secret des nuages
qui souffle
de l'autre côté de la nuit
et nos vies comme des étoffes
se froissent
dans le paysage du temps
grandir disait-il
ne suffit pas
à remplir le cœur
un poème murmure
un chemin vaste et lumineux
qui donne sens
à ce qu'on appelle humanité
Avant la nuit
Le tronc
tout un champ de colonnes
effleure les nuages
lentes cicatrices
dans la bouche de l'hiver
un visage d'épines insoumises
les forêts entendent nos rêves
et nos désenchantements
les forêts
apprennent à vivre
avec soi-même
on ne pourra pas toujours
tout recommencer on ne pourra
pas toujours fuir
au bout des hivers
On ferme tout
Ce que l'on veut réparer