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Citations sur 120 nuances d'Afrique (15)

Trois ethnies

Trois ethnies
Trois jolis sourires,
Trois jeunes destins,
Trois petites filles,
Trois éclats de rires qui chatouillent les manguiers.

Elles jouent en cercle en se tenant la main,
Sandales et peurs au vent,
Trois rêves ludiques,
Trois chansons.

Un, deux, trois, elles sautillent,
Et petites nattes se hissent à l'horizon.
Un, deux, trois, elles sautillent,
Six petits pieds se posent sur la terre fébrile;
Fraîchement violée par ses fils,
Féconde et porteuse en son sein de l'infâme.

Un, deux, trois, et la terre minée s'ouvre,
Rugissante et béante,
Purulente de petits monstres,
Elle avale les trois chansons

Trois petits bouts d'enfance s'envolent en éclats.
Trois rêves déchiquetés, trois rires muets.
Trois destins étouffés, trois boutons de fleurs écrasés.
Trois chants inachevés.

Un, deux, trois pleurs identiques s'élèvent dans un ciel désastré.
Trois silhouettes vêtues d'imvutano noirs s'allongent,
Cheveux rasés, âmes calcinées.

Trois mères,
Tris plaies.
Trois cœurs fendus à jamais.
Hutu, Tutsi, Twa.
Trois ethnies.
Une seule agonie.
Un seul fleuve de larmes qui s'écoule et s'écoule, à l'infini

Et ce silence
Le silence lourd et écarlate du sang des innocents.

Ketty Nivyabandi (Chants du métissage)
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Anachorète



Hier j’ai regardé ses rides une à une
J’ai dévisagé les sillons de son âme
Pour dérouler le fil des ans
Qui ont tissé tant d’histoires sur sa peau.

Hier je me suis approchée de sa demeure
Frêle et éphémère
Gardant les traces de sa vie nomade
Terre meuble, qui se déplace avec ses pas.

Hier je me suis approchée de son oasis
Son dromadaire m’accueille larmoyant
Face à la dune, l’unique dune
Il veille sur les rides de l’ermite.

Il enfile ses poèmes un à un pour conter le désert
Il dit que les poèmes ne lui appartiennent pas
Les vents lui ont offert les vers
Et les tempêtes la mémoire pour les garder.

Maintenant c’est l’heure du thé
Le bois sec brûle
C’est le moment
De se souvenir du sens des vents
Les plus belles histoires
Sont celles où les êtres s’aiment dans le dénuement
Et les plus cruelles
Sont celles où les êtres se font la guerre dans l’opulence.

Hier j’ai regardé ses rides une à une
J’ai dévisagé les sillons de son âme
Pour dérouler le fil des ans
Qui ont tissé tant d’histoires sur sa peau.


//Habiba Djahnine
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honte...

honte à toi qui me cantonnes
à ce lopin de terre
et me donnes le tam-tam à battre

prends donc ta Négritude creuse
porte-la comme viatique
surtout n'oublie pas ta sagaie
encore moins ta natte
on t'attend ainsi
vêtu de peau de léopard

je n'ai pour attaches
que la somme des intersections
les échos de Babel

Alain Mabanckou (tant que les arbres s'enracineront dans la terre, Mémoire d'encrier)
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Griot de ma race



Je suis griot de ma race :
Poète, troubadour ;
Je chante très haut ma race, mon sang,
Qui clame qui je suis.

Je suis… bois d’ébène,
Que ne consume le feu lent du mensonge.
Je suis… la latérite rouge du sang farouche de mes
  ancêtres.

Je suis… la brousse inviolée,
Royaume des singes hurleurs.

Pas le Nègre des bas quartiers,
Relégué dans la fange fétide, la suie qui colle ;
Là-bas, dans la ville grise, qui accable, qui tue.

Je suis… qui tu ignores :
Soleil sans leurre; pas de néon hypocrite.
Je suis… le clair de lune serein, complice des ébats
  nocturnes,

Je suis le sang qui galope, se cabre d’impatience
Dans le dédale de mes artères. Je suis qui tu ignores.
Je crache sur l’esprit immonde.

Et voici que je romps les chaînes,
Et le silence menteur
Que tu jetas sur moi.


//Ndèye Coumba Diakhaté
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Une carte postale



Tu m’enverras une carte postale,
De la douceur des eaux,
De la chaleur des lumières !
Ici,
Le Soleil
Fera place à la Lune,
La Lune
Au nuage
Le nuage,
À la nuit,
Envoie-moi une carte postale !
Tu m’enverras cette lumière des nuits,
Des profonds cratères des Vésuves !
Tu m’enverras ce diamant des ténèbres,
De la froideur des Igloos !
Ici,
Le Soleil
Fera place à la Lune,
La Lune
Au nuage,
Le nuage
À la nuit,
Envoie-moi une carte postale !


//Frédéric Pacéré Titinga
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L'amour après l'amour DEREK WALCOTT
Le temps viendra
où, avec allégresse,
tu t'accueilleras toi-même, arrivant
devant ta propre porte, ton propre miroir,
et chacun sourira du bon accueil de l'autre

et dira : assieds-toi. Mange.
Tu aimeras de nouveau l'étranger qui était toi.
Donne du vin. Donne du pain. Redonne ton cœur
à lui-même, à l'étranger qui t'a aimé

toute ta vie, que tu as négligé
pour un autre, et qui te connait par cœur.
Prends sur l'étagère les lettres d'amour,

les photos, les mots désespérés,
détache ton image du miroir.
Assieds-toi. Régale-toi de ta vie.
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Serait-ce saison d'aridité... DOMINIQUE AGUESSY
Serait-ce saison d'aridité
Soleil fantôme
Épineux en baguettes de verre
Entre lesquelles glissent
Les ombres courtes du crépuscule...
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De ce pays... RACHIDA MADANI
De ce pays lointain
tapi dans l'ombre de ma peur
sans cesse remis en question
et dont je n'ai encore rien dit
qui suit dans le vertige
sur deux versants
son chemin de déserts et de sang
son périple en ondulations suicidaires
n'émergea donc qu'un ensemble d'obsessions
chacune prenant possession de la main
qui trace les signes
de sa perte ?
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Je m’étais allongé… de Jonathan Kariara p.121

Je m’étais allongé l’autre nuit et je rêvais
Tous on nous enduisait
De l’argile blanche de l’enseignement étranger,
Et elle étouffait, étouffait l’homme noir endormi
À l’intérieur
Se réveillera-t-il perle dans une coquille d’huître
Ou pourriture ?
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Les Déchues



Que l’Imam prie
Que le prêtre jeûne
Et que l’athée dorme
Quelle importance
Chacun voit son Dieu dans le ciel
Il lui parle en silence
Il lui crie ses souffrances
Gardez vos croyances dans vos âmes
Et aimez-vous pardon
Dans les tombes, vous êtes tous poussière

Et puis quoi ?
Kadjatou Xialong Yung
Je déjeune en mafé
Je dîne en sushi
Les yeux émincés
Le nez gros
Une pincée de sel dans mon identité
Quelle chance !

Il paraît que Paris c’est la crise
Et que la France est faillite
Haa, reprenons nos valises
Il paraît que là-bas c’est le paradis
L’hiver fait six mois, quelle importance
Ici les cinquante degrés durent une éternité
Il paraît qu’il y a assurance maladie là-bas
Haa Ébola et sida on s’en fout
Ici l’hôpital c’est la morgue
Et la morgue un reposoir

J’ai vu mon frère offrir sa femme
Pour payer la traversée
J’ai vu ma sœur s’ouvrir à l’inconnu
J’ai vu le viol consenti
Pour fuir le dénuement

La voix libératrice
S’est tue
Depuis, je maudis
Le langage du silence


//Adelle Barry
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