La solitude c'est le chemin du suicide, du moins c'est le chemin de la mort . Certes dans la solitude on jouit plus que tout autre manière du monde et de la vie.Comment mieux goûter une fleur, un arbre ,un nuage,les animaux , les hommes meme qui passent au loin et les femmes; mais quand même c'est déjà la pente par ou l'on se perds au monde ( p 20 )
Un signe de vieillissement que je remarque depuis assez longtemps: mes oreilles s'agrandissent. L'homme montre en prenant de l'age , qu'il n'est qu' un Âne ( p 81)
Depuis longtemps je m’étais séparé de la foule et de toux ceux qui pensent selon la foule. Cela m'avait donné un sentiment de suffisance. cette suffisance affectait des parages trop intérieurs pour ne pas tourner peu à peu au détachement de tout ce qui peut nourrir la suffisance personnelle, car chez un être qui est toujours en chemin du moi vers le soi, ce qui nourrit, épure .( p 28)
Je ne m’intéresse nullement à ce Dieu personnel qu'on aime et qu'on vénère.Non il n'y a là rien qu'une transposition des fantômes sociaux des fantômes de la famille et de l'Etat : c'est un dieu humain. Or ce qui peut me séduire dans les, notions philosophiques ou religieuses c'est le violent départ d'avec l’humain. ( p 68)
Je ne voulais pas d'abord me rendre dans un endroit préféré, et je voulus une dernière fois me livrer à l'ignoble foule humaine. J'allais sur les boulevards. Je regardai les gens aller et venir, mais non pas d'un regard ordinaire et reposé ; je les voyais comme les voit un voyageur sur le point de quitter une ville et qui prête à tous cette instabilité et cette fugacité qui sont en lui. Les gens me paraissaient courir, hagards, en dépit de la conscience que j'avais de mon état et de ce qu'il leur prêtait. Il est vrai qu'on était à peu de jours de la fin de l'Occupation : ce que je croyais voir était peut-être réel.
C'était une ivresse triste et délicieuse que d'être allongé sous un lit, dans une pièce silencieuse de la maison, à l'heure où mes parents n'y étaient pas et de m'imaginer dans un tombeau.