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Critique de fulmar


Et si… je n'arrivais pas à mettre une note à ma dernière lecture ?
Et si… j'oscillais entre 4 et 2, car mettre 3 c'est la solution de facilité pour pas trop se mouiller, et mettre 1 ou 5 c'est argumenter de façon exhaustive le pour ou le contre ?
Et si… j'étais en panne de mots pour exprimer mes sentiments à l'égard du livre de Pierre Ducrozet ?
Et si… je ne mettais pas de note pour une fois ?
Et si… je vous parlais plutôt de Rob Hopkins et de son livre éponyme : « Et si… ? »
Le pouvoir de changer les choses en profondeur est entre nos mains ?
Pour vaincre le changement climatique, Rob Hopkins estime essentiel de reconstruire, réparer et faire s'épanouir notre imagination, individuelle comme collective.
Doux rêveur ? Un nouveau cap pour « Le bateau ivre » ?

P'têt ben qu'oui, p'têt ben qu'non, l'oscillateur est à fond, la tête me tourne, il me l'a foutu, son grand vertige !
L'aiguille n'arrive pas à se fixer, c'est décidé, je ne mets pas de note.

Après avoir fait plusieurs tours du monde, - « Je crois que l'on voyage pour ne pas oublier ce que c'est que d'avoir un corps » -, Pierre Ducrozet entreprend d'écrire un livre en s'inspirant de la pensée du philosophe et anthropologue Bruno Latour, expliquée dans « Face à Gaïa ».
Les humains ont toujours opposé nature et culture. Pour Latour, Gaïa est « un système fragile et complexe par lequel les phénomènes vivants modifient la Terre ».
Il propose de créer une assemblée des terrestres avec des représentants de tous les êtres vivants, humains, faune, flore et minéraux, pour mieux comprendre les interactions entre les composants de la Terre et pleinement saisir l'avènement de l'anthropocène.
Ducrozet considère qu'il devient urgent, aujourd'hui, de repenser tout, les manières de vivre, de se déplacer, d'habiter le monde. Il croit à la possibilité de se réinventer et de « faire société ».
Le personnage principal de son livre, Adam Thobias, est un scientifique romancier, en quelque sorte un Bruno Latour imaginaire, qui décide de passer à l'acte et de chercher comment habiter le monde autrement. Il crée le réseau « Télémaque », celui qui se bat au loin, en référence au fils d'Ulysse.
C'est une commission internationale sur le changement climatique et pour un nouveau contrat naturel.
Essentiellement alimentée avec des fonds européens, elle va envoyer aux quatre coins du monde différentes personnalités. Parmi elles, un botaniste spécialisé en micro-biologie, un informaticien googlearthien, un anthropologue, un photographe et la fille adoptive d'Adam Thobias.
Tous ces gens devront témoigner à leur manière des dégâts climatiques pour que la commission trouve des solutions réparatrices.
S'ensuit un thriller écologique où les relations personnelles interfèrent avec les missions planétaires. Avec, à mes yeux, un cruel manque de crédibilité.
Envoyer un botaniste, un seul, pour recenser l'ensemble des espèces existantes, y a vraiment de quoi qu'il se plante !
L'abondance de protagonistes entraîne une multiplicité de points de vue variés, mais une disparité qui nuit à la cohésion de l'ensemble.
Le fil conducteur est dilué dans la masse de données, les personnages sont froids, il m'a manqué le principal, ce qui fait le charme d'un bon livre, l'émotion.
Le titre est finalement bien trouvé, ce bouquin procure un grand vertige.
Vert, tige, la solution viendrait d'une plante capable de concentrer l'énergie solaire. J'attendais des explications scientifiques cohérentes, je n'en ai pas trouvé. On m'avait promis une course poursuite, une chasse au trésor, je n'ai ressenti que désillusion et abattement.
June, le personnage clé du roman, le déclare : « Tout cela n'aura servi à rien, c'était perdu d'avance. »
Tout repenser, habiter le monde, faire société.
Je cherchais l'éclosion d'un bourgeon, j'attendais le parfum d'une fleur.
J'at-tige. Sévère. le brin d'émotion est resté en jachère.
Pendant ce temps, le Canada est à l'agonie, le Manitoba ne répond plus. On nous a encore mené en bateau.
Je viens d'apprendre que Cyril Dion vient d'en faire une adaptation cinématographique qui sortira à la rentrée. Curieux de savoir ce qu'il en aura retenu.
Et si… j'étais complètement passé à côté ?
En tout cas, pas d'unanimité dans les notes émises sur Babelio, je me conforte dans l'idée que mon non choix peut être compris, ma curiosité m'incite à lire quelques autres critiques, pour essayer d ‘apaiser « le grand vertige ».



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