"Jules n'est pas guéri car on ne guérit pas de ce dont il souffre, une douleur qui ne s'éteindra pas tant que la vérité ne se fera pas sur Céline , une douleur qui ne s'éteindra peut- être jamais ..".....
Sa carrière de menteur a commencé tôt. Passons sur les fabulations et les cachotteries de la petite enfance, ces parcelles de fantaisie qui sont surtout des terrains d'apprentissage. Plaçons l'aiguille du curseur sur l'année du CM1. Regardons le garçon maladroit avancer dans la cour de récréation de sa nouvelle école primaire, tête basse. Multiplions les microviolences, de la banale insulte à la colle dans les cahiers. Secouons. Attendons que les mécanismes de défense se mettent en place. Première étape : les terribles maux de ventre, que Jules simulait à merveille.
Durant son année de quatrième, Jules a écrit les cinq premiers chapitres d'un roman au titre accrocheur, selon lui. " Mystérieux incendie dans un appartement ", entre nouvelle d'Edgar Allan Poe et fait divers de presse quotidienne régionale (...). Il avait fait lire le début à Céline, la seule personne au monde qu'il estimait digne d'une telle faveur. Pour ne pas vexer son cadet, elle s'était contentée de quelques remarques évasives sur le prénom d'un personnage - Jean-Pierre, ce n'était pas très irlandais - et sur la première phrase du livre - commencer par " Quand soudain " lui paraissait trop abrupt -, avant de lui rendre son chef-d'oeuvre en le félicitant.
Il parvient à vivre avec, c'est différent, mais c'est mieux que de vivre sans. D'un côté on marche sur une jambe, et on tombe forcément. De l'autre on s'appuie sur une béquille, c'est toujours lent, heurté, mais on finit par prendre le rythme, on réapprend à se déplacer.