« Père, ô père, on m'a dit que tu étais mort, que tu avais été tué à la guerre. Tu étais celui qu'il était interdit de mentionner dans la maison où j'ai grandi ; j'ai dû t'inventer dans ma tête. Jusqu'au jour où des mots écrits t'ont soudain donné vie. Tu n'étais pas le héros américain blanc que j'avais supposé : tu étais celui qui aujourd'hui se tient devant moi. Grand, sombre et beau. »
Elevé au sein d'une famille Maori, Yank connait le sort de beaucoup de gamins né durant la guerre : celui d'être un fils illégitime, à la fois rejeté et aimé ; un enfant pas tout à fait comme les autres qui se construit en marge, et grâce à la force de ses rêves.
Son rêve à lui, c'est un père qu'il imagine riche et puissant. Un père qui s'avérera être différent, mais qui lui transmet en héritage la musique, mais aussi la conscience du sort des bannis, des laissés pour compte, et des injustices de toutes sorte.
Il se dégage beaucoup de force et de caractère de ce roman servi par une écriture musclée, et un mode narratif qui, au départ, peut rebuter le lecteur, mais est finalement assez vite adopté. L'auteur prend la liberté de perdre son lecteur en déplaçant souvent les points de vue ; sans doute pour montrer la complexité de la situation et des sentiments qui animent chacun des personnages.
D'un sujet intimiste comme la recherche d'identité, à ceux plus général comme les droits de l'Homme et le respect de la dignité humaine,
Alan Duff, entre Nouvelle Zélande et le vieux sud-américain, donne à son roman humanité et grandeur.
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