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Critique de Eve-Yeshe


Dans ce roman, il revient sur l'assassinat de JFK et la façon dont il est arrivé au pouvoir, ses addictions au sexe, le rôle du père Joe, maffieux antisémite, qui a magouillé pour faire élire son fils, la baie des cochons, le FBI, l'attitude de Johnson que Robert Francis Kennedy alias RFK (ou encore Bobby pour les intimes) appellera le félon.

Marc Dugain nous décrit un John flamboyant, beau gosse, décomplexé par rapport à son père, plutôt misogyne, et un Bobby réservé, timide, obsédé par sa foi catholique, qui va finir par aller au combat comme un kamikaze car il sait très bien ce qui va se passer.

Ce qui rend Bobby attachant, outre la manière dont il va chercher à comprendre le pourquoi de l'assassinat de son frère et les personnes impliquées, c'est son idéalisme, son côté adolescent toujours dans l'ombre des aînés son réel désir de justice sociale pour les pauvres, les Noirs et sa bipolarité : il est capable de s'enthousiasmer pour mieux retomber dans la dépression, ce mal qui le ronge, le pousse vers le questionnement intérieur, la foi et lui fait découvrir la philosophie existentielle, notamment Camus.

Ce qui frappe également chez lui, c'est cette culpabilité immense par rapport à l'argent, la place dans la société qu'il pense ne pas mériter: « Moins réaliste et moins fataliste que Jack, le passé sombre de leur père, un affairiste antisémite et pro-nazis qui a fait fortune dans la prohibition, fait naître chez lui un fort sentiment de culpabilité. » P 41

Mais comment trouver sa place dans une telle famille, entre le père maffieux, qui le méprisait à cause de sa maladresse lorsqu'il était enfant, allant jusqu'à le traiter de chochotte « Un tel père est-il admirable ou simplement misérable ? le pendule oscille interminablement. » P 121, la mère froide incapable d'amour, le frère aîné mort en héros au combat, et le deuxième, président martyr ? Marc Dugain a tendance parfois à nous les présenter comme des « malades mentaux » : l'addiction sexuelle et la touche dépressive de JFK, la bipolarité de Bobby, entre autres.

Le fonctionnement de cette famille est particulier pour une autre raison : « Un Kennedy succède toujours à un autre, auprès des femmes comme dans les fonctions publiques, c'est une règle non écrite de l'organisation de la tribu » P 50. de là à avancer l'hypothèse qu'il lui a succédé auprès de Marylin, de Jackie…

J'aime bien la phrase fétiche de Bobby, empruntée à George Bernard Shaw : « Vous voyez le monde tel qu'il est et vous vous dites : « Pourquoi ? », moi je rêve d'un autre monde et je me dis : « Pourquoi pas ? »

Marc Dugain revient très souvent sur le rôle de la CIA où Hoover régna en maître absolu pendant plus de cinquante ans, obnubilé par sa haine du communisme, tenant en horreur tout ce qui peut y ressembler, y compris les personnes ayant des politiques tournées vers le peuple et tente de le réduire en miettes, coups d'états, assassinats discrets ou lavages de cerveaux ou du moins manipulation d'individus fragiles…

La théorie de l'auteur sur la récupération du mouvement de la contre-culture par la CIA inondant la Californie de LSD, en décérébrant tous ceux qui s'opposaient à la guerre du Vietnam, (ou en utilisant l'hypnose) est séduisante et plaira sûrement aux complotistes. Et on s'interroge quand même sur la manière dont les USA s'acharnent à semer le trouble sur la planète : ils ont « armé » les Talibans contre l'URSS, ou la guerre d'Irak car Saddam aurait eu des armes chimiques, grâce à W (ah le fameux « Dobeulyou » des guignols) ou simplement l'Amérique du Sud…

J'ai trouvé un déséquilibre entre le récit de l'histoire des parents assassinés de Mark O'Dugain (Marc Dugain) et celui de l'histoire des Kennedy. le père du héros ressemble curieusement à Jack, résistant, passé à Londres puis espion à la solde du MI6, il doit fuir la France après la guerre car accusé de viol sous hypnose, par des personnes au comportement trouble pendant la guerre et qui meurt soi-disant par suicide… ce qui nous permet un détour par Bordeaux, puis les pseudo-résistants, le passé trouble de Mitterrand …

Je ne suis pas adepte de la théorie du complot mais je n'arrive à croire que JFK a été assassiné par un tueur isolé, Oswald, lui-même assassiné le lendemain dans les locaux de la police par un maffieux. En ce qui concerne RFK, j'ai moins réfléchi à la question, car on nous a moins matraqué avec des infos, à l'époque, car il n'était pas président.

Néanmoins, il est curieux de constater les similitudes entre les exécutions de JFK, RFK et Martin Luther King : un tueur isolé, les yeux hagards, des tirs qui se ressemblent… et de toute manière on ne saura rien tant qu'un membre de la famille Bush sera encore dans les parages.

J'ai lu ce livre en allant chercher des infos sur Internet pour vérifier ce qui était avéré et ce qui ne l'était pas, mais cela devenait fastidieux alors j'ai fini par me laisser porter par le récit… Je me suis souvent demandée en le lisant s'il n'aurait pas été préférable de lire « La malédiction d'Edgar » et « Avenue des Géants » avant…

L'auteur réussit à semer le doute chez le lecteur car il y a des vérités et des interprétations qui sèment le doute, donc objectif rempli ! comme le dit si bien Marc Dugain : « J'ai toujours considéré que la vérité est comparable à Dieu, la question n'est pas de la trouver mais de la chercher, intensément, sans intermédiaire, de bonne foi. » P 315

Dans l'ensemble, malgré mes réticences, j'ai plutôt aimé ce roman, qui a titillé ma curiosité et j'ai éprouvé beaucoup d'empathie pour Robert Kennedy que je connaissais peu, ce qui m'a donné envie d'en savoir davantage sur lui.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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