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Citations sur Le Vicomte de Bragelonne, tome 1/3 (60)

D’Artagnan, grâce à son imagination sans cesse errante, avait peur d’une ombre, et, honteux d’avoir eu peur, il marchait à cette ombre, et devenait alors extravagant de bravoure si le danger était réel. Aussi, tout en lui était émotions, et partant jouissance. Il aimait fort la société d’autrui, mais jamais ne s’ennuyait dans la sienne, et plus d’une fois, si on eût pu l’étudier quand il était seul, on l’eût vu rire des quolibets qu’il se racontait à lui-même ou des bouffonnes imaginations qu’il se créait justement cinq minutes avant le moment où devait venir l’ennui.

(p. 274-275)
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— (…) Tu sais donc, en ce cas-là… car tu n’as pas appris les mathématiques et la philosophie sans un peu d’histoire… qu’après ce Cromwell si grand, il en est venu un tout petit.
— Oui ; celui-là s’appelait Richard, et il a fait comme vous, monsieur d’Artagnan, il a donné sa démission.
— Bien ! très bien ! Après le grand, qui est mort ; après le petit, qui a donné sa démission, est venu un troisième. Celui-là s’appelle M. Monck ! c’est un général fort habile, en ce qu’il ne s’est jamais battu ; c’est un diplomate très fort, en ce qu’il ne parle jamais, et qu’avant de dire bonjour à un homme, il médite douze heures, et finit par dire bonsoir ; ce qui fait crier au miracle, attendu que cela tombe juste.

(p. 260-261)
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D’Artagnan se mit à table et attaqua bravement son poulet.
— Il me paraît, dit d’Artagnan en mordant à belles dents dans la volaille qu’on lui avait servie et qu’on avait visiblement oublié d’engraisser ; il me paraît que j’ai eu tort de ne pas aller chercher tout de suite du service chez ce maître-là. C’est un puissant seigneur, à ce qu’il paraît, que ce surintendant. En vérité, nous ne savons rien, nous autres à la cour, et les rayons du soleil nous empêchent de voir les grosses étoiles, qui sont aussi des soleils, un peu plus éloignés de notre terre, voilà tout.

(p. 237)
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— Sire, j’ai toujours vu que c’était dans les positions désespérées qu’éclatent tout à coup les grands revirements de fortune.
— (…) Malheureusement vos paroles, cher comte, sont comme ces remèdes que l’on dit souverains et qui cependant, ne pouvant guérir que les plaies guérissables, échouent contre la mort. (…) Là, croyez-moi, comte, tout sera bientôt fini, et la mort viendra vite ; elle est appelée si souvent par ce corps que ronge l’âme et par cette âme qui aspire aux cieux !
— Votre Majesté a une mère, une sœur, des frères, Votre Majesté est le chef de la famille, elle doit donc demander à Dieu une longue vie au lieu de lui demander une prompte mort. Votre Majesté est proscrite, fugitive, mais elle a son droit pour elle, elle doit donc aspirer aux combats, aux dangers, aux affaires, et non pas au repos des cieux.

(p. 222-223)
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Quand Charles II eut bien pensé à la nouvelle défaite qu’il venait d’éprouver, quand il eut bien compris l’isolement complet dans lequel il venait de tomber en voyant fuir derrière lui sa nouvelle espérance, il fut saisi comme d’un vertige, et tomba renversé dans le large fauteuil au bord duquel il était assis.
Alors Dieu prit en pitié le malheureux prince, et lui envoya le sommeil, frère innocent de la mort.

(p. 214-215)
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Le roi se mordit les lèvres et s’assit violemment dans un fauteuil.
— J’obsède Votre Majesté, dit le lieutenant. Eh ! sire, voilà ce que c’est que la vérité ! c’est une dure compagne ; elle est hérissée de fer : elle blesse qui elle atteint, et parfois aussi qui la dit.
— Non, monsieur, répondit le roi, je vous ai invité à parler, parlez donc.

(p. 205)
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— Chère Marie, est-ce donc d’aujourd’hui que vous vous apercevez que nous sommes environnés de gens intéressés à nous tromper ?
— Mais enfin, sire, ce voyage, cette alliance avec l’Espagne ! On vous marie !
Louis baissa la tête.
En même temps, l’officier put voir luire au soleil les regards de Marie de Mancini, brillant comme une dague qui jaillit du fourreau.

(p. 196)
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Il était six heures à peu près ; la route était fraîche et charmante ; de grands arbres, aux feuillages encore noués dans leur bourre dorée, laissaient filtrer la rosée du matin suspendue comme des diamants liquides à leurs branches frémissantes ; l’herbe s’épanouissait au pied des haies ; les hirondelles, revenues depuis quelques jours, décrivaient leurs courbes gracieuses entre le ciel et l’eau ; une brise parfumée par les bois dans leur floraison courait le long de cette route et ridait la nappe d’eau du fleuve ; toutes ces beautés du jour, tous ces parfums des plantes, toutes ces aspirations de la terre vers le ciel enivraient les deux amants, marchant côte à côte, appuyés l’un à l’autre, les yeux sur les yeux, la main dans la main, et qui, s’attardant par un commun désir, n’osaient parler tant ils avaient de choses à se dire.

(p. 195)
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La bougie flambait avec fureur sous l’effort d’une brise fraîche qui, s’introduisant par les gerçures de la porte et par les fentes de la fenêtre, coupait diagonalement la salle. Elle projetait une lueur rougeâtre inégale, tantôt radieuse, tantôt ternie, et l’on voyait marcher sur la muraille la grande ombre du lieutenant, découpée en silhouette comme une figure de Callot, avec l’épée en broche et le feutre empanaché.

(p. 190-191)
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Charles II dégagea sa main de celle du roi, et se reculant pour le saluer avec plus de cérémonie,
— De tout mon cœur, merci, répliqua-t-il, sire, mais j’ai prié sans résultat le plus grand roi de la terre ; maintenant je vais demander un miracle à Dieu.
Et il sortit sans vouloir en entendre davantage, le front haut, la main frémissante, avec une contraction douloureuse de son noble visage, et cette sombre profondeur du regard qui, ne trouvant plus d’espoir dans le monde des hommes, semble aller au-delà en demander à des mondes inconnus.

(p. 184-185)
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