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Citations sur L'Empire mérovingien : Ve-VIIIe siècle (6)

En proposant des dignités, des offices et des commandements régionaux, les rois mérovingiens avaient surtout réussi à se positionner comme les véritables créateurs de l'ordre social. Or, depuis l'effacement de l'Empire romain en Occident, la société peinait à se structurer autrement que par la pratique de la guerre ou l'accumulation de richesses. En l'absence d'un cadre institutionnel pérenne, il fallait sans cesse démontrer son prestige, sa fortune, sa capacité à nuire ou à protéger ... Autour des années 500, le faste ostentatoire des sépultures avait considérablement augmenté, sans lien avec les nouveaux besoins religieux et même en décalage avec un christianisme qui se désintéressait de ces dépôts funéraires ; sans doute ce phénomène traduit-il le stress des familles du nord des Gaules, pour qui chaque changement de génération constituait un risque de remise en cause du statut obtenu. Or, ce faciès archéologique dit "des tombes de chefs francs" s'effaça dans le courant du VI°s. A mesure que le pouvoir mérovingien s'enracinait, les familles cessèrent de redouter les lendemains : une transmission paisible des patrimoines serait assurée, les enfants des puissants auraient à leur tour leur chance de recevoir fonctions et honneurs. En retour, ces notables devenus officiers royaux témoignèrent leur loyauté à la dynastie qui les avait confortés dans leur situation. Cela n'interdisait pas au Palais de maintenir un peu de mobilité sociale en privilégiant parfois une élite de compétence sur une élite de naissance ; ce faisant, ils évitaient d'être dépendants d'un groupe social unique et étendaient encore le nombre de leurs obligés. En somme, les premiers successeurs de Clovis surent se rendre utiles ; ce fut sans doute pour cela qu'ils seraient rapidement considérés comme indispensables.

pp. 109-110
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Sur le plan géopolitique, le Regnum Francorum profita de ne pas assumer sa stature impériale. Byzance, encore capable de mener des opérations lointaines jusqu'au début du VII°s, n'aurait pas permis qu'un souverain chrétien usurpe le titre d'Auguste. De plus, un empire proclamé aurait suppose un investissement militaire fort et constant pour le conserver, ce dont les Mérovingiens se seraient sans doute révélés incapables. Le monde franc se contenta de se donner des airs d'empire, de jouer avec les mots et les symboles, notamment à l'époque de Théodebert I° et de Dagobert I°, mais sans en devenir prisonniers. L'espace entre le Rhin et la Loire constituait un territoire vital et intangible, mais les marges de la domination restaient plus floues. Dès lors, la perte de l'Italie padane ou l'autonomisation des duchés de l'Est ne constituèrent pas des drames. En outre, puisque le véritable coeur du Regnum battait dans une petite région capitale, les Francs n'eurent pas à gaspiller leurs forces pour conserver des lieux de mémoire disputés, comme l'Empire byzantin qui s'épuisa à récupérer Rome sous Justinien ou à reprendre Jérusalem à l'époque d'Héraclius. Le raid arabo-musulman de 732, qui avait touché Poitiers et menacé Tours, demeure isolé : le pouvoir central franc y répondit avec force, sans doute dans le contexte de la rivalité avec le duc d'Aquitaine, mais peut-être aussi parce que cette incursion fut perçue comme une menace sur sa propre existence.

pp. 287-288
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Parce qu’il écrit en moraliste chrétien, Grégoire de Tours entend montrer les péchés des puissants et leur suite logique, le châtiment divin qui frappe les coupables.

Par conséquent, il s’attarde à décrire les situations les plus scandaleuses, au mépris peut-être du fonctionnement ordinaire du royaume. D’autres regards sont pourtant possibles.

Reprenons par exemple le récit d’Agathias, qui écrit depuis la Constantinople de Justin II (565-578). Ses Histoires entendent imiter Thucydide, Polybe et Procope, tout en instillant l’idée que le succès d’un État s’explique avant tout par l’usage de l’intelligence et de la justice.
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Parce qu’il écrit en moraliste chrétien, Grégoire de Tours entend montrer les péchés des puissants et leur suite logique, le châtiment divin qui frappe les coupables.

Par conséquent, il s’attarde à décrire les situations les plus scandaleuses,
au mépris peut-être du fonctionnement ordinaire du royaume.
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De façon un peu paradoxale, la mémoire européenne du XXe siècle a érigé le monde de Charlemagne en âge d'or, alors que son empire avait été construit par la conquête et s était pas révélé viable. Diffus mais solide, largement consensuel, le royaume des Mérovingiens apparaîtrait comme un modèle plus stimulant pour une époque de flottement des identités, d équilibres incertains entre l'expression des forces centrifuges et le souhait d’ institutions communes,. P. 290.
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L’empire théorisé des Carolingiens implosa en deux générations, là où le royaume improvisé par la famille de Mérovée avait duré trois siècles.
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