Sa bouche goûte mes lèvres, ma langue, mes dents. Alors, il prend mon visage dans ses mains et je crois mourir. Ses doigts sur mes joues me comblent à la fois de délices et de souffrances.
(...)
Je ne ressens plus que notre profonde communion, la fusion de nos corps et de nos âmes.
Il s'approche jusqu'à obstruer tout mon champ de vision, éclipsant les huttes et les volutes de fumée qui s'échappent des cheminées. Jusqu'à ce que le monde se réduise à son visage. Jusqu'à ce que je me noie dans ses yeux verts comme l'herbe des bois, nourrie d'humus et de pluie.
-C'est pour ça que tu as toujours un crayon ? Pour ne pas oublier?
Dans ses yeux en amande, les pupilles brillent.
-Pas tout à fait...Je le porte afin de m'en souvenir.
Nous possédons la technologie la plus avancée, nous sommes à l'apogée de notre civilisation. Pourtant, les meilleures inventions n'ont pas besoin d'être complexes (il pose la main sur sa poitrine.) Elles viennent du coeur.
Je sais que les larmes sont comme l'eau qui goutte dans une grotte. Elles semblent insignifiantes, et pourtant, au fil des ans, la douleur qu'elles expriment vous change en pierre, aussi sûrement que les grottes créent les stalactites.
- C'est pour ça que tu as toujours un crayon ? Pour ne pas oublier ?
- Pas tout à fait... Je le porte afin de m'en souvenir.