Citations sur Les affranchies, tome 1 : La belle endormie (14)
Elle était en présence d’un homme, un vrai. Courageux et viril. Des bras musclés, capables de la soulever sans effort, des mains efficaces, aptes à lui sauver la vie. Une bouche ferme qui ne proférerait jamais de fausses promesses. Un menton volontaire, des cheveux doux comme la soie. Que de contrastes. Elle pourrait le contempler des jours durant.
Elle voulait maîtriser tout ce qui le concernait. Oui, elle appartenait à une classe supérieure. Elle aimait cela. Quand il vibrait sous ses caresses ou riait de son impertinence, elle en était fière. Quel pouvoir exquis d’étreindre cet homme tellement plus grand et plus lourd qu’elle, et de le sentir trembler. Loin d’elle le désir de l’humilier – jamais. Il était trop beau, trop doué, trop fort.
Ce dont ils avaient besoin, c’était de manger et de dormir. Du reste, en général, après un triomphe, il préférait s’isoler pour mieux le savourer.
Il avait commis toutes sortes de maladresses au cours de son existence, mais jamais encore une femme n’avait fui son regard, sinon pour dissimuler son trouble, ce qui, en l’occurrence, n’était pas le cas.
À quoi bon se raccrocher à l’amour ? C’était un support auquel se cramponner au milieu du torrent mais tout le monde finissait par tomber dans l’eau. Une fois emporté par le courant, on était vite oublié.
Pourquoi s’obstiner ? Mieux valait viser le confort que de miser sur un rêve dont la souffrance était la récompense la plus probable. Les supports ne servaient à rien. De toute façon, elle n’en trouverait pas.
Au fond, l’amour était un sentiment insondable et aussi éphémère qu’un souffle.
La vérité, c’était qu’il avait un mal fou à tenir sa langue car son instinct masculin, sous le regard d’une femme comme celle-ci, l’incitait plus volontiers à babiller comme une pie de peur qu’elle ne se désintéresse de lui.
Rien de tel que la perspective de manier les armes pour remonter le moral d’un enfant qui rêvait de vengeance.
Tous les maris n’avaient pas la bonne grâce de mourir aussi vite. Certains d’entre eux monopolisaient leur épouse pendant des années sans pour autant manifester le moindre intérêt à leur égard, au lit ou ailleurs.
Celui de Liza avait emprunté une voie différente. Il n’avait eu de cesse de la tourmenter. Ne faites pas ceci, ne faites pas cela. C’est honteux, vulgaire… Son successeur devrait se montrer plus supportable.
Ne pense plus à lui. Il ne le mérite pas. Ce n’est qu’un goujat, un abruti, un porc !
Comment avait-elle pu commettre une telle erreur de jugement ? Elle était si sûre d’avoir enfin trouvé l’amour. Elle en avait eu la certitude absolue !
Elle n’aurait jamais dû lui parler de ses soucis. Plus précisément, elle n’aurait jamais dû entamer une liaison avec lui. Toutes ses amies l’avaient mise en garde. C’est un coureur de dot. Un vaurien. Mais même les coureurs de dot et les vauriens pouvaient tomber amoureux. Elle se l’était dit et répété. Elle avait fini par y croire.