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Critique de kielosa



Marie-Claude Vaillant-Couturier a eu une longue vie exemplaire et exceptionnellement méritoire sur différents plans : social, par son combat pour une plus large justice sociale comme militante et députée ; pendant la guerre, par son engagement dans la résistance et, lors de son emprisonnement à Auschwitz et Ravensbrück, par son dévouement et aide systématique à ses infortunées codétenues.

Marie-Claude est née le 3 novembre 1912 à Paris dans un milieu huppé comme l'a fille aînée de l'éditeur Lucien Vogel et de son épouse Cosette de Brunhoff, la soeur de Jean, créateur du sympathique éléphant Babar. Elle a eu une soeur l'actrice Nadine Vogel, née 5 ans plus tard et l'épouse du réalisateur et photographe Marc Allégret (1900-1973), ainsi qu'un frère Nicolas (1925-2006), comédien qui a eu un rôle dans "Les liaisons dangereuses" de Roger Vadim de 1960.

Très jeune elle rencontre Paul Vaillant-Couturier, cofondateur du Parti communiste français (PCF), rédacteur en chef du journal L'Humanité, 17 ans député, homme influent et infatigable, mais beaucoup plus âgé qu'elle. Elle l'épousa le 29 septembre 1937, mais il meurt 11 jours plus tard, le 10 octobre, d'un infarctus à l'âge de 45 ans seulement.

Après la guerre, elle s'est mariée, en novembre 1949, avec Pierre Villon (1901-1980), en fait Roger Ginsburger, Alsacien, fils de rabbin, architecte de formation, mais rédacteur de l'Humanite clandestine pendant la guerre et un des créateurs du Conseil national de la Résistance (CNR) en mai 1943. Pendant son emprisonnement par les nazis et avant sa propre arrestation, elle s'est occupée du fils de Pierre, Thomas, né d'un premier mariage en 1937, plus tard professeur à l'université de Nantes et président de la fondation pour la mémoire de la déportation, décédé à 83 ans l'année passée aux Sables d'Olonne.

Comme adolescente, avant même de faire la connaissance de son mari, Marie-Claude a été écoeuré par les inégalités sociales et économiques, ayant le coeur à gauche, elle a adhéré au PCF.
Elle a étudié la photographie et a fait des reportages pour "Vu" et l'Humanité entre autres en l'Espagne franquiste et l'Allemagne hitlérienne, sous le pseudonyme de Marivo.

En 1940, à l'invasion nazie de la France, Marie-Claude, surnommée aussi Maïco, a 27 ans et a rejoint aussitôt la Résistance. Activités principales : rédaction et distribution de tracts et messagère entre résistants.

Le 9 février 1942, Marie-Claude a été arrêtée et emprisonnée à La Santé avant d'être déportée le 24 janvier 1943 à Auschwitz. La résistante Charlotte Delbo, qui faisait partie du même voyage des 230 Françaises au camp nazi en a écrit un émouvant témoignage "Le convoi du 24 janvier".
Le 2 août 1944, Maïco avec 49 autres prisonnières à été transférée au camp de Ravensbrück.

C'est surtout à Auschwitz et à Ravensbrück, jusqu'à la libération du camp par l'armée rouge en juin 1945, que Marie-Claude Vaillant-Couturier s'est comportée en véritable héroïne. Bénéficiant de sa connaissance de la langue allemande, elle a aidé et sauvé la vie à maintes codétenues au risque de sa propre vie.

Tous les témoignages de survivantes concordent à louer son incroyable courage et abnégation. C'est le cas de Germains Tillion "Une opérette à Ravensbrück", Marie-José Chambat de Lauwe "Résister toujours", Charlotte Delbo "Ceux qui avaient choisi" et Geneviève de Gaulle-Anthonioz (la nièce du Général) "La traversée de la nuit".

Dans le Monde du 16-6-1945, le journaliste Rémy Roure, dont l'épouse a aussi été à Ravensbrück, a écrit à propos de Marie-Claude : "Chaque jour, cette magnifique Française parcourt les blocs, relève les courages, donne de l'espoir qui n'est souvent que de l'illusion. le mot de sainteté vient à l'esprit quand on voit cette grande soeur de charité auprès de ces hommes et ces femmes qui meurent chaque jour." (page 295).

Notre héroïne a témoigné au procès historique de Nuremberg le 28 janvier 1946 et au procès de Klaus Barbie en 1987.

Après la guerre, Marie-Claude a été députée pour le PCF entre 1945 et 1973 pendant plus de 23 ans. Elle a reçu la Croix du combattant volontaire de la Résistance et a été nommée Commandeur de la Légion d'honneur.
Depuis 2009 une place dans le 4e arrondissement de Paris porte son nom.

Marie-Claude Vaillant-Couturier est décédée le 11 décembre 1996, à l'âge de 84 ans.

À part cette biographie de 445 pages, parue en novembre 2012, une autre biographie de cette grande dame a été publiée 2 ans plus tard par Gérard Streiff "Une vie de résistante : Marie-Claude Vaillant-Couturier", que je n'ai pas encore lue.
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