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Critique de les_aventures_livresques


Un nouveau texte de Marguerite Duras ici, j'en lis beaucoup en ce moment. Je ne sais pourquoi. Une fois n'est pas coutume, je dois dire que celui-ci est quelque peu différent de ceux que j'ai pu voir jusqu'à présent. Il s'agit d'un recueil de texte prosés qui, à la base, ont une forme mouvante, changeante. C'est un ensemble de texte parlés et discutés avec Jérôme Beaujour, écrivain et journaliste, et ces morceaux ont été repris, retravaillés, réécrits pour garder des sortes de traces sortant tout droit de l'esprit de l'auteure sur des sujets très variés sans aucun lien entre eux. Ainsi, nous avons le droit à de très beaux textes qui sont compréhensibles bien qu'ils ne suivent pas une démarche romanesque ou encore narrative comme la plupart de ses textes. C'est compliqué de dire quelque chose de ce recueil car il ne suit absolument aucune logique. Il se veut le plus ouvert possible, ainsi nous ne pourrions rien dire dessus de cohérent, ce ne serait pas possible. La plupart des textes sont autobiographiques car comportent de la vie de l'auteure, mais aucune construction n'est valable. Alors, on ne peut en dire quoi que ce soit. Mais, il y a tout de même des choses que j'ai eu le plaisir de retenir, notamment une sorte de pudeur qu'elle garde même pour parler de ses obsessions, de très belles choses. Elle parle beaucoup de lieux, aussi, comme elle l'a très bien fait dans Les Lieux de Marguerite Duras ; ceux-ci tiennent une place importante dans ce recueil. Il y a quelque chose de fort, géographiquement. Les morceaux sont d'une beauté saisissante pour distribuer la pluralité sur laquelle elle s'épanche – pour changer : l'alcool, l'homosexualité, les hommes, Yann Andréa, Neauphle, l'Indochine, Trouville, aussi des anecdotes, des historiettes, des amitiés, et bien d'autres choses. Tant de sujet habituels de l'Oeuvre de l'auteure. Mais il y a également des sujets inédits, dont nous entendons rarement parler de sa part : le « look Duras » apporté suite à ses interventions télévisuelles, son fils, ses angoisses… J'ai trouvé une Marguerite Duras totalement différente de ce que j'ai connu jusqu'ici, plus faible…ou lucide, plutôt, avec un certain recroquevillement de soi. Peut-être une sorte de vulnérabilité qu'elle n'aborde pas souvent ; elle paraît souvent intouchable, et qu'ici elle ne le soit pas m'a beaucoup touché. On parle de la maladie, des mauvais jours… Beaucoup de sexe, aussi, de littérature – Proust, Sarraute. Elle parle beaucoup. C'est comme un mélange entre un travail journalistique donné, et le roman, tout en ajoutant des degrés autobiographiques ; nous pouvons trouver des textes factuels, comme la restitution de faits divers, mais aussi des réflexions (comme celle narrée sur les hommes et leur hétérosexualité ET homosexualité), ou encore des passages qui sortent directement de l'esprit de l'auteure et qui s'emploient à une sorte de description narrative très profonde (les cheminées d'India Song, par exemple).

La Vie Matérielle est un texte de Marguerite Duras que je n'aurais pas pu rencontrer plus tôt, je pense, dans mon expérience de lecture de cette auteure, car c'est un texte-recueil qui permet la déconstruction de l'image donnée par Duras sur elle-même. Elle apparaît alors plus complète, toujours aussi forte, mais parfois déconstruite et vulnérable. C'est alors nouveau et touchant ! {17}
Lien : https://clemslibrary.wordpre..
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