Après "
Hiver à Sokcho", voici donc venu le second roman d'
Elisa Shua Dusapin. J'avais beaucoup aimé son premier ouvrage, et le second s'inscrit dans la continuité.
Avec une narration épurée et un style d'une sensibilité certaine, nous sommes cette fois plongés au Japon, où Claire, jeune femme d'une trentaine d'années, est venue de Suisse pour rendre visite à ses grands parents.
Avec un projet mémoriel, celui de les emmener sur leur terre natale, la Corée, d'où ils ont été forcés à l'exil il y a presque 50 ans à cause de la guerre civile et où ils ne sont jamais retournés.
La dualité entre Europe et Asie est un des thèmes majeurs abordés ici, un vide générationnel et culturel s'est creusé entre Claire et ses grands-parents. Elle la Suissesse. Eux les Coréens du Japon. Pas question pour eux de parler Japonais. Son Coréen à elle n'est pas fantastique. La communication s'effectue tant bien que mal, en Coréen, en Anglais. Pourtant l'amour et l'affection sont toujours là, même si il est difficile pour chacun de l'exprimer. Alors pour rompre cette monotonie en attendant de boucler la planification du voyage en Corée que les grands-parents repoussent sempiternellement, Claire s'occupe d'une petite fille, Mieko, à qui elle doit apprendre le français. L'occasion pour
Elisa Shua Dusapin de décrire la très affectueuse relation qui se lie entre Claire et Mieko. Un univers enfantin, d'une pureté et d'une sincérité magnifique, qui apporte une vraie douceur au récit. Montrant une nouvelle fois la simplicité et l'honnêteté avec laquelle
Elisa Shua Dusapin dépeint l'intériorisation des sentiments de ses personnages, sans trop en dévoiler, juste assez pour que le lecteur se sente pleinement concerné. L'ambivalence entre les langues parlées, les cultures vécues, sont une vraie épreuve dans la quête d'identité
De Claire.
Une très belle confirmation.