– C’est juste pour trois jours, dis-je, autant pour lui que pour moi.
– Soixante-douze heures, plus ou moins, ajouta-t-il. Il faut plus de temps que ça pour mourir de soif, du moins dans ce climat. Néanmoins, cette période de survie est bien plus courte si on est écorché vif.
— Non. Ne rends pas ça plus compliqué que ça ne l’est déjà. Je te le dis, il a juste décidé que j’étais « la personne qui embrasse le mieux sur le campus », et il veut absorber mon savoir avec sa télépathie de Vulcain. Ce n’est pas quelque chose de personnel.
— Quand je t’ai appris à courir, ça n’impliquait pas que je mette ma langue dans ta bouche. C’est ce dont tu parles, non ? Tu ne me demandes pas de te dessiner des diagrammes ou de te montrer sur un mannequin ?
Je commençai à avoir l’air un peu hystérique.
Fielding leva un sourcil de manière ironique.
— J’imagine qu’une démonstration directe va être nécessaire, oui.
— Alors, laisse tomber.
Je m’assis sur le canapé et attrapai la télécommande. Il n’y avait pas grand-chose à la télévision, mais je tombai sur un vieil épisode d’X-Files. J’avalai une gorgée de bière. Mon cœur battait de manière irrationnelle et mes paumes étaient moites. Je me sentais extrêmement mal à l’aise. Et Fielding se tenait là, au milieu du salon, une expression de réflexion intense sur le visage.
— Est-ce que c’est une question de salive ? demanda-t-il. De transmission des germes ? Parce que tu n’as pas eu l’air d’avoir besoin d’un avis du médecin pour la douzaine de filles que tu as embrassée. Et je suis en pleine santé.
— C’est pas une question de germes ! Putain, tu es conscient qu’il y a deux genres, non ? Féminin et masculin ? Je veux dire, même toi, tu n’es pas si distrait.
— Je suis au courant du concept et du but des genres, Mick, rétorqua Fielding, l’air insulté. Mais je ne te demande pas de me féconder.
— Non, parce que ça, ça ne serait pas raisonnable, ironisai-je.
— Je n’arrive pas à voir le problème. Est-ce que tu es en train de me dire que, parce que je suis de sexe masculin, tu ne peux pas m’embrasser comme tu embrasserais quelqu’un de sexe féminin ?
— C’est ce que je suis en train de dire, oui.
Fielding secoua légèrement la tête, comme il le faisait chaque fois qu’il ne comprenait pas quelque chose.
— C’est juste une question de bouches, non ? De lèvres et de langues, de la position de la tête, où placer les mains, la pression à appliquer, ce genre de choses ?
— Oui, mais…
— D’après ce que j’en sais, les deux genres ont les mêmes caractéristiques à ce niveau ? J’imagine que ce n’est pas obligatoire de toucher la poitrine ou l’entrejambe quand on embrasse, si ?
— Non.
— Alors je n’arrive pas à voir le rapport avec l’anatomie masculine ou féminine.