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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Encore un polar sud-africain. Original et plutôt bien écrit.
Original parce que, entre autres choses, le personnage principal, le 'héros' est un psychologue juif qui travaille occasionnellement avec la police.
Un jour on lui refile un patient encombrant : un afrikaner qui tient une boutique minable dans un quartier minable de Jo'burg. le vieux bonhomme a la fâcheuse habitude de laisser tout exprès la porte de sa boutique ouverte la nuit. de quoi tenter sinon le diable, du moins les pauvres bougres bantu du quartier qui tentent de venir chiper quelque chose pour améliorer leur triste ordinaire. Et le vieux fait un carton à chaque fois.
En état de légitime défense, Votre Honneur.
L'Afrique du Sud à cette époque (on est à la toute fin des années 70, dans les dernières années de l'apartheid) est encore un pays où l'on ne condamne pas un blanc qui défend son bien (et même sa vie, Votre Honneur) contre d'affreux bantous. Alors le vieil épicier continue son manège, et c'est tout juste s'il doit se soumettre à quelques visites à notre psychologue de service.
Les choses se compliquent quand on apprend qu'il y a eu un témoin du dernier carton du vieux bonhomme. Et que ce témoin est un 'communiste' (un rouge, donc noir aussi hein) activement recherché par la sécurité.
Et en Afrique du Sud tout le monde, blancs comme noirs, a peur de cette Sécurité toute puissante qui marche dans les traces de sa soeur aînée, la Gestapo.
Yudel Gordon se rend bientôt compte que sa pratique médicale sera insuffisante pour arrêter les pulsions meurtrières de l'épicier.
Et le voilà en train de mener son enquête tout en essayant de naviguer maladroitement entre les différents écueils (l'enfer est pavé de bonnes intentions, même pour les juifs d'Afrique du Sud visiblement) et l'on découvre au passage quelques aspects intéressants (sombres mais intéressants) de ce pays gangréné qui n'était pas encore devenu une nation arc-en-ciel.
Lien : http://bmr-mam.over-blog.com..
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Cissy, quatorze ans, et son petit frère de cinq ans sont affamés depuis que leur mère n'est pas revenue à la maison. Cissy est noire et nous sommes en 1978, en Afrique du Sud. Quand elle voit cette réserve de magasin ouverte sur des boîtes de biscuits, Cissy décide de voler de quoi survivre. C'est sans compter sur la présence de Johnny Weizmann, le propriétaire, qui l'abat de deux balles dans le corps.
Quelques jours plus tard, Weizmann, à la demande du tribunal, débarque chez Yudel Gordon, psychologue. C'est que Weizmann n'en est pas à son premier meurtre mais au huitième déjà. Et ce que Yudel va apprendre, c'est que Weizmann force le hasard. Si les « cambrioleurs » se bousculent pour se faire abattre chez lui, c'est qu'il laisse volontairement la porte de sa réserve ouverte. Pourtant, il n'a jamais été sanctionné d'autre chose que d'une simple confiscation temporaire de son permis de port d'armes.
Yudel Gordon, épris de justice, va donc chercher à empêcher Weizmann de poursuivre son macabre stratagème. Mais sous le régime de l'apartheid, c'est moins après Weizmann qu'après le témoin noir du meurtre de Cissy qu'en a la police.

Aiguillé vers ce roman par Yann, de Moisson Noire, après quelques échanges sur les romanciers sud-africains, je me doutais bien que La nuit divisée ne serait pas vraiment un livre léger. Ce fut en fait une lecture glaçante. Comme avec les frères Gueorgui et Arkadi Vaïner et leur Évangile du bourreau, pour ne prendre qu'un exemple, l'immersion dans une société totalitaire menée par un écrivain qui vit dans cette société (la quatrième de couverture nous indique d'ailleurs que Wessel Ebersohn a dû, pour écrire son livre se retirer dans un lieu secret et se séparer de sa femme qui a malgré tout subi des tracasseries policières) est une expérience à la fois fascinante et éprouvante.
L'histoire de Weizmann est ici le prétexte à la dénonciation de la perversité d'un système qui, pour perdurer, doit s'en remettre aux pires sadiques. Car en 1981 (date de publication du roman), cinq ans après les émeutes de Soweto qui ont véritablement fait prendre conscience au monde de l'oppression de la population noire sud-africaine et entrainé l'embargo, le régime sud-africain a déjà du plomb dans l'aile et commence à pourrir sur pied. À l'image de Weizmann touché par une maladie qui amène ses extrémités à se gangréner. Mais avant d'agoniser, ce système va encore chercher à survivre en gagnant encore en paranoïa et en répression violente. C'est bien ce que nous propose à voir Wessel Ebersohn dans La nuit divisée, les derniers soubresauts violents d'un régime acculé qui s'abandonne encore un peu plus à ses penchants les plus sadiques.
La nuit divisée est un très beau roman noir. C'est aussi un témoignage. Un livre qui pose plus de questions qu'il n'apporte de réponses, mais qui nous aide à comprendre le monde.

Lien : http://encoredunoir.over-blo..
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Après avoir lu ce roman paru pour la première fois en 1981 il est impossible de s'étonner des menaces dont fut l' objet Wessel Ebersohn de la part du pouvoir de l' apartheid.
La nuit divisée est le second ouvrage mettant en scène Yudel Gordon, son héros récurrent, psychiatre, juif, employé de l' État au service de la réinsertion des criminels, à son compte durant ses heures de libertés. L' histoire commence en 1978 lorsque se présente à son domicile adressé par un ami, Weizmann commerçant d' une petite épicerie qui cumule les ennuis. du propre aveux de Weizmann c'est la huitième fois que son commerce est la proie des voleurs, la huitième fois qu' il utilise son droit à se défendre et à défendre ses biens, cette jeune fille noire pauvre est sa huitième victime.
Alors malchance ou curieuse similitude d'autant que d'après la rumeur publique la nuit la porte arrière resterai entrouverte.
Un roman noir sans concession pour le régime sud-africain alors en place, Yudel Gordon est un personnage très attachant loin de militer pour une cause ou pour une autre c'est un homme qui cherche à (r)établir un semblant de vérité et de justice.
Derrière l' histoire policière simple c'est une analyse tout en finesse de la société sud-africaine de la fin des années 1970, des années où les oppositions atteignent leurs paroxysmes.
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J'aimerais compléter les autres critiques . Je les trouve justes, mais , à mon avis, elles ne rendent pas tout à fait justice au style et à l'humour de l'auteur. La réalité de l'apartheid ne nous est pas dissimulée,bien sûr, nous la vivons à travers le regard lucide et l' humour de son auteur . La définition que l'on donne de l'humour, comme "la politesse du désespoir", n'a jamais si bien porté son nom . le style est formidable, en accord avec une compréhension toute en finesse de tous , qu'ils soient spectateurs ou acteurs, d'un bord ou de l'autre. Pour une fois, la psychologie constitue un vrai regard, humain,un regard sur la vie (et la vie politique de ce pays).Le style est donc simple,comme le narrateur est modeste, et subtil . Troué de loin en loin de remarque fortes, justes, douloureuses et polies.... . Un grand livre.
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