Je voulais te dire : « Les mots blessent, mais les métaphores les relient, comme des ponts, et les mots sont comme des pierres qui servent à construire des ponts, douloureusement arrachés à la terre, mais créant quelque chose de neuf, une chose partagée, une chose qui est davantage qu’un unique Changement. »
Nous n'avons que l'amour contre le temps et la mort, contre les puissances qui veulent nous écraser.
Tu parlais de vivre ensemble dans un village, en amont, de vivre en voisines, en amies, et j'aurais pu avaler cette vallée tout entière sans pouvoir apaiser ma faim pour cette idée. Alors je file ce désir, le passe dans le chas de ton aiguille et le couds secrètement sous ma peau, brodant ma prochaine missive, point après point.
Cela change tout. L'herbe se noue parfaitement. Le monde s'incline tandis qu'elle court, que des millénaires pluridimensionnels se résolvent en un plateau de go parfait, avec une dernière liberté impossible qui attend que Jardin s'élève et s'en empare, étouffant l'Agence tel un banian étranglant son hôte.
Je t’écris dans l’obscurité qui précède l’aube, lentement, à la main, avec une craie sur une ardoise – je traduirai plus tard ces mots en plumes. Il y a une petite colline depuis laquelle je peux regarder le soleil se coucher sur la rivière des Outaouais ; tous les soirs, je vois un ciel rouge saigner sur l’eau bleue et je pense à nous. As-tu déjà observé ce genre de couchers de soleil ? Les couleurs ne se mélangent pas : plus le ciel est rouge et plus l’eau est bleue, à mesure que nous nous inclinons, nous éloignant du soleil.
As tu déjà éprouvé une faim qui s'aiguise quand tu l'assouvis, devenant si vive, si ardente, si éclatante qu'elle pourrait te couper en deux et libérer quelque chose de nouveau ?
Je danse car cette chose en moi, cette chaleur qui m'envahit, ce soleil levant qui tient à peine dans mon ciel intérieur, ne veut pas se taire.
Dis-moi quelque chose de vrai, ou ne me dis rien du tout.
Très chère Bleu, da ba dee, da ba da
« Et pourtant, il y avait quelqu’un d’autre sur le terrain – pas un rampant, comme ces cadavres embourbés dans le temps qui jonchent son chemin, mais un véritable adversaire. Quelqu’un de l’autre camp. »