Une nuit nous avons traversé Chandernagor. Le boulevard brillamment illuminé ne put effacer en moi l'impression de mélancolie et de lassitude que m'avaient donnée les ruines du Palais, glorieux souvenir de cette vieille colonie française perdue à l'autre bout du monde. Pendant le retour, je pensais à la puissance et à l'éternité de cette Inde qui endure tout, qui absorbe tout, sans se soucier des hordes qui l'envahissent ni des maîtres qui la subjuguent.
Je compris alors la fragilité des sentiments humains : la confiance la plus sûre peut être annulée par un simple geste.
J'imaginais des choses complètement absurdes et je souffrais atrocement: ma jalousie ne m'épargnait aucun détail. Je ne pouvais me libérer de cette obsession maladive : Maitreyi dans les bras des autres...
Je l'aime comme un fou, je ne peux résister ni à ma passion ni à la sienne...Je voudrais de toute mon âme que son passé pût disparaître, mais c'est elle qui le ramène sans cesse sous mon regard, c'est elle qui le revit continuellement en ma présence!
- Non, pas tes aventures, pas les jeunes filles que tu as tenues dans tes bras. Ne m'en dis rien. C'était de la souillure.
Je sais qu'elle est incroyablement sensuelle tout en restant très pure. Et c'est bien le miracle de la femme indienne.
On vit ensemble le temps que cela convient aux deux partenaires puis on se sépare quand on en a envie. On dit : "Nous sommes unis jusqu'à ce que l'absence d'amour nous sépare" On n'a pas besoin de faire de scène ou de se tromper, quand l'un des deux en a assez, le couple s'arrête sans qu'on ait besoin de s'expliquer ou de se justifier.
Le couple se forme dans le but d'avoir d'avoir du plaisir et d'être heureux. Quand il n'apporte plus ni plaisir ni bonheur à l'un des deux on se quitte.