Après son Quatuor de Los Angeles,
James Ellroy met la barre encore plus haut avec un récit qui mêle polar, conspiration et politique. le tout dans le cadre onctueux mais vicié des années 60.
Redoublant d'ambition, l'écrivain décide de revoir son style. L'écriture est dépouillée, expurgée de descriptions amphigouriques. Cryptique, acérée, prenante.
3 personnages (2 agents du FBI et un ex-flic reconverti en homme à tout faire pour
Howard Hughes), au delà du noir et du blanc, se retrouvent reliés entre eux dans les méandre d'une histoire brumeuse qui va converger vers la grande avec un grand H.
À la différence de Libra de Don de Lillo,
American Tabloïd se pose en déconstructeur de la légende.
James Ellroy dépèce la machine, nous dévoile ses boulons, rouages et mécaniques.
L'occasion pour lui de mêler sa narration éclatée à des télex et retranscriptions (authentiques?), de faire parler les figures historiques.
Mais aussi de déboulonner le mythe Kennedy, de révéler l'ignominie John Edgar Hoover, et de décortiquer 5 années de politiques en sous-main, de trahisons et de rancoeurs.
American Tabloïd est une grosse machine aussi impitoyable qu'édifiante.