Poursuite de ma relecture d'
Ellroy et son quatuor de Los Angeles, 30 ans après une première découverte qui fut pour moi une révélation et le début d'un engouement pour le roman noir américain.
Ce deuxième opus est une merveille, bien plus complexe et abouti que le Dahlia noir, qui est déjà un très grand roman.
Les 640 pages, l'enchevêtrement des histoires des trois personnages principaux, l'intrigue alambiquée et le contexte historique très documenté de ce début des années 1950 à Los Angeles pourraient décourager certains. Mais, accrochez-vous ! L'intrigue, la complexité des personnages principaux et secondaires, le mélange des personnages de fiction et ayant réellement existés (Mickey Cohen,
Howard Hugues..), le panorama de l'Amérique de 1950, raciste, anticommuniste, la corruption de la police et ces liens avec la mafia, sans parler de la description des milieux jazzy, de l'industrie du cinéma et des syndicats qu'ils soient "communistes" ou du crime, font de ce Grand Nulle Part, à mon avis, l'un des plus grands romans romans de l'auteur préfigurant la trilogie Underworld future.
Le coté réactionnaire et conservateur qu'
Ellroy revendique, pouvant rendre l'auteur antipathique, doit être, selon moi, mis au second plan à coté de l'immensité du talent de l'écrivain (comme, toute proportion gardée, Céline ou d'autres avant lui).
Enfin, vous pouvez tout à fait lire ce deuxième volet, indépendamment du Dahlia noir, ce qui peut permettre aux chanceux qui ne connaissent pas encore
James Ellroy d'entrer dans son univers par une de ces oeuvres les plus abouties.