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Ouvrage reçu dans le cadre du dernier Masse critique, je commence tout naturellement cette critique en remerciant babelio ainsi que les éditions Noir d'Absinthe pour l'envoi ce de livre que j'ai eu le plaisir de recevoir encore dans son papier d'emballage étant donné que ce dernier venait juste d'être imprimé à la demande, c'est pas beau la vie ?

Ne connaissant pas Maude Elyther, c'est d'abord la couverture qui m'a marquée avant de lire la quatrième de couv'. Puis, une fois plongé dans le roman, j'ai laissé la magie de l'écriture faire le reste et le charme a tout de suite fonctionné. Ici, nous découvrons le personnage d'Otto qui vient de se réveiller d'une période de coma. Etant dans un premier temps complètement déboussolé, c'est tout naturellement que son meilleur ami Etan accepte de l'accueillir chez lui et de le chouchouter afin qu'il puisse recouvrer des forces. Cependant, Otto, en proie à d'horribles cauchemars sent bien que quelque chose ne va pas chez lui mais ce dont il est sûr, c'est qu'il ne veut pas retourner en hôpital psychiatrique car il n'est pas fou. Il ne sait pas quel mal le ronge ni même qui est cet "autre" qui semble l'habiter mais il n'est pas fou et pour cela, il faudra qu'il rencontre Stéphane, un écrivain homosexuel qui va le bouleverser plus que de raison pour qu'il comprenne enfin qui il est vraiment. Certes, Otto aime lui aussi les hommes et entre les deux va naître une passion dévorante mais cela va bien plus loin encore. Quels sont les démons qui hantent Otto et comment faire pour s'en débarrasser sans blesser les personnes qu'il aime ? le personnage d'Otto est extrêmement attachant de par son côté sensible, en lutte perpétuelle avec ses propres démons et auquel on peut facilement s'identifier (trop même et cela en devient même angoissant) car après tous, n'avons-nous pas nous aussi nos propres démons, peurs ou angoisses, profondément enfouies en nous ?

Un roman bouleversant qui 'a fait un peu penser à "la Métamorphose" de Kafka (j'ai appris dans les pages de remerciements que l'auteurs ne l'avait pas encore lu) ou encore au "Horla" de Guy de Maupassant, nouvelle que j'ai lu il y a très longtemps et dans laquelle j'ai bien envie de me replonger. Cependant, pour en revenir à "Chambre nymphale", ne vous y trompez pas, il n'y a aucune comparaison possible car cet ouvrage est bien unique en son genre et il en va de même pour l'écriture de Maude Elyther que j'ai eu plaisir à découvrir. Un ouvrage que je ne peux donc que vous recommander !
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Chambre nymphale est un roman de Maude Elyther, qui a récemment été réédité sous le titre Encres de nuit paru aux Editions Octoquill.

Le roman se concentre sur Otto, sorti tout juste d'un trauma et d'une grosse période en hôpital psychiatrique. Il est hébergé chez son ami Ethan, qui prend soin de lui et l'accompagne dans sa convalescence.
Toutefois, les démons d'Otto ne sont pas loin; tant son passé trouble, que son doppelgänger qui le hante et qu'il aperçoit dans son miroir.
Alors, Otto s'enfonce, dans les méandres de la réalité parallèle qu'il s'invente, dans son dialogue avec son double, et lutte pour garder l'équilibre.


Ce roman de Maude est assez expérimental, comme le dit l'autrice elle-même.
Pourquoi expérimental et qu'est ce que ça veut dire ?
- Car il n'y a pas vraiment d'intrigue avec un début et une fin; plutôt une immersion à un temps T dans l'esprit d'un homme qui se réveille d'un trauma passé et cherche à se retrouver;
- Parce que plusieurs voix se mélangent, parfois sans savoir qui parle à qui, consciemment ou pas : Otto, le personnage principal, sa voix passée, sa voix intérieure, celle du monstre, de son doppelgänger;
- Parce que Maude écrit la folie et le désespoir mental à l'état pur; sans barrière. Sans limites. C'est l'inconscient qui s'exprime, et l'écriture mime cela très bien. C'est un roman qui décrit, traduit et mime la perte de repères.


C'est un roman difficile, par bien des aspects. Cette perte de repères d'abord, tant pour Otto que le lecteur; le brouillage des frontières ensuite, marqué par une teinte d'onirisme et de fantastique angoissant.
Et puis surtout le roman aborde, sans fard, les violences psychologiques et celles physiques qui découlent des premières. Automutilations, tentative de suicide… Attention, il y a des scènes difficiles.
- l'ambiance, très sombre du roman, malgré quelques respirations végétales et hivernales; cependant, on a l'impression de vivre enfermés dans l'esprit d'Otto.

Maude nous offre une lecture particulière. Sombre mais vibrante. Dans Chambre nymphale, certaines de ses peintures sont incluses à la fin du texte, permettant de donner à ces psychés une image en plus des mots.

Ai-je aimé ma lecture ? Oui, malgré tout cela et surtout pour tout cela. C'est particulier, dérangeant, mais très marquant, et très fort émotionnellement.
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Complètement par hasard, je suis tombée sur ce livre et j'ai décidé de le prendre après avoir lu le résumé.
Bien m'en a pris. J'ai aussitôt plongé dans un monde ténébreux, décadent, glaçant, décrit avec un lyrisme qui m'a forcément beaucoup touchée.
Il est difficile de parler de ce livre sans spolier complètement le scénario. Ici, il est question de folie, de réalité biaisée, d'introspection hallucinée. Victime d'amnésie, Otto se réveille du coma en ayant oublié les circonstances qui l'y ont mené. Il confond rêve et réalité, les limites de son monde sont devenues floues et on se doute qu'un événement majeur s'est produit dans son passé - un événement dramatique et sanglant - tout en ignorant ce que c'est.
La violence est omniprésente, que ce soit dans les paroles ou dans les réactions d'Otto. Il vit une lutte intérieure de chaque instant. le malaise qu'elle produit fait osciller le lecteur entre ignorance et terreur tout du long en attendant de connaître la vérité qui ne se révèle qu'à la toute fin. On sent tout le poids de ce qu'il a vécu, de ce passé qu'on soupçonne à demi, entre asile psychiatrique et tortures physiques sans réellement savoir qui est responsable, qui lui a infligé quoi ni dans quel but.
L'écriture de Maude Elyther est brutale et poétique à la fois. Les phrases sont courtes, le style est percutant et la mise en page très particulière. Les quelques lignes en début de chapitre soulignent l'aspect dément du récit, permettant de se plonger encore plus dans ce voyage étonnant. Un voyage sombre qui s'exprime à travers les corps, la peau, les organes, le sang, le tout offrant un ensemble extrêmement graphique, extrêmement charnel. On voit, on ressent plus qu'on ne lit grâce au talent descriptif de l'auteur.

Chambre nymphale est une sacré surprise qui plaira aux fans de la langue, aux amoureux des descriptions imagées et des univers oniriques et macabres...
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J'avais découvert la plume de Maude dans l'anthologie Bal Masqué avec sa superbe nouvelle « L'Orchidée Rouge ». J'ai ensuite parcouru son blog, sur lequel elle rédige entre autres d'inspirantes chroniques sur des ouvrages de l'imaginaire, un univers très proche du mien. Et l'an passé aux Imaginales, j'ai aussi pu rencontrer la super personne qui se cache derrière cette plume atypique et incroyable ! Vous l'aurez compris, j'attendais avec grande impatience de découvrir le premier roman de cette auteure et je n'ai donc pas attendu avant de me plonger dans sa lecture, le soir même de sa réception.

Auparavant interné, Otto se réveille d'un coma profond. Il est pris sous l'aile de son meilleur ami Ethan pour entamer une longue convalescence, à la recherche de ses souvenirs et de son identité, et éviter ainsi de retourner en hôpital psychiatrique. Une autre entité semble roder au plus profond de son être, lui montrant des aspects de lui-même qu'il ne connaissait pas et surtout qu'il ne reconnait pas. Il va alors rencontrer Stéphane, un auteur publié par Ethan, qui va le bouleverser.

J'ai retrouvé avec grand plaisir la magnifique plume de Maude, sombre poésie qui nous emmène dans un monde de rêve, mais ici aussi de cauchemars. On oscille entre des instants de pur lyrisme, des dialogues plus terre-à-terre entre les personnages et des ressentis et émotions profondes du protagoniste. Cette alternance de formats allège le récit et nous ouvre complètement à cet univers unique.

Otto est un personnage atypique, ambigu. Partagé entre deux identités, celle qu'il est et celle qu'il perçoit dans son miroir, il ne sait plus lequel il est et ne parvient pas à retrouver ses souvenirs. La partie qui m'a un peu frustrée de cette lecture est l'amitié entre Otto et Ethan. Ce dernier semble hyper protecteur, mettant souvent en avant leurs profonds liens d'amitié, mais je n'ai jamais vraiment ressenti ce lien comme positif. Il dit vouloir aider Otto à retrouver ses souvenirs, mais lui cache tout ce qui pourrait l'amener à réussir par peur qu'il rechute. Il dit vouloir aider Otto à reprendre une vie normale, mais l'enferme chez lui et le coupe de tout contact. Otto, dans sa position à la fois faible et redevable, n'ose rien lui dire, même si on ressent avec lui toute cette incompréhension et frustration de l'enfermement.

Ce récit est beaucoup plus sombre, plus violent et plus sanglant que ce à quoi je m'attendais. Alors que je croyais y trouver un genre proche du réalisme magique, entre féerie et rêve, l'histoire nous plonge dans un monde malsain et inquiétant. La folie s'insinue partout et on ne sait jamais à quoi s'attendre des personnages : automutilation, douleurs, passion, colère, tout se mêle dans un tourbillon d'émotions violentes. J'ai beaucoup aimé découvrir cet aspect de l'univers de l'auteure, que je ne lui connaissais pas encore.

Otto et Stéphane sont des personnages qui m'ont beaucoup touchée, à la fois dans leur sensibilité particulière, mais surtout dans leur rapport au monde. Ils essaient d'y trouver leur place, même s'ils ont l'impression que ce n'est pas possible de par leur différence. Ils cherchent à devenir ce qu'ils sont, malgré leur entourage qui voudrait les remettre « sur le droit chemin ». Ils vont se trouver et se compléter à merveille, chacun acceptant la personnalité de l'autre telle qu'elle est et n'essayant pas de la changer. Ils ont aussi tous deux une noirceur en eux, une ombre fascinante qui n'attend qu'un moment de faiblesse pour montrer ses griffes et tout détruire.

Empreint d'une mélancolie profonde, de tristesse, mais aussi d'amour intense, de passion dévorante, ce texte nous emmène à la découverte de décors oniriques. Jardins apaisants peuplés de créatures magiques, maison abandonnée aux confonds d'une forêt enchantée dont l'accès n'est pas toujours ouvert, mais aussi enfer personnel envahi par des visions cauchemardesques, des lieux hors du temps et de la réalité.

Parlons un peu de l'objet-livre. La couverture du roman, réalisée par la talentueuse illustratrice Marcela Bolivar, est une totale réussite. Elle représente à la fois le côté poésie onirique et l'univers végétal unique décrits par l'auteure, et illustre une des scènes clés du roman. L'intérieur du livre est aussi très beau, avec une typo fine et élégante pour les titres des chapitres et une mise en page bien particulière, nécessaire à la création de l'identité des personnages. Bonus final : Maude n'est pas seulement auteure, mais aussi peintre autodidacte ! Elle a réalisé des peintures lors de la rédaction de ce récit, et nous en propose une sélection à la fin de l'ouvrage, qui plus est en couleurs. Un coup de pinceau tout aussi atypique que sa plume, j'espère qu'on aura un jour l'occasion de flâner dans une exposition avec ses oeuvres !

Un univers étonnant entre rêve et cauchemar, servi par la superbe plume de Maude, sombre poésie décrivant des émotions intenses et de violentes pulsions. Un protagoniste duel, à la recherche de son être profond. Une folie qui rode, une ombre dont l'inquiétante étrangeté plane sur tout le récit. Un excellent premier roman atypique !
Lien : https://livraisonslitteraire..
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Une lecture difficile. Pas à cause de la plume, bien au contraire, mais à cause de l'histoire, des thèmes abordés. C'est terrifiant, dérangeant, poétique à souhait. Voilà une autre histoire qui ne nous laisse pas indemnes et peut nous renvoyer à nos propres démons, nos propres tourments. Les toiles de l'autrice, que l'on peut admirer à la fin, achèvent de compléter la toile fantasmagorique qu'elle nous livre.
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http://marmiteauxplumes.com/chambre-nymphale-de-maude-elyther/

Noir d'Absinthe nous propose une nouvelle fois un véritable OVNI littéraire.

Maude Elyther aborde des thématiques au fil d'une plume très personnelle qui vous fera réagir, en bien ou en moins bien en fonction de votre sensibilité.

Le récit est très visuel et en appelle à notre imagination, tant et si bien que c'est une véritable gymnastique de l'esprit afin de pouvoir s'imprégner au mieux du texte. Texte qui oscille entre onirisme et horreur-fantastique, le rationnel et l'aliénation. le doute permanent et les interrogations du lecteur : est-ce que tout cela est vrai ? Ou bien n'est-ce qu'un delirium dans lequel nous plongeons à deux pieds joints ?


L'avantage d'un récit aussi surprenant est que nous pouvons lorgner le numéro des pages, dans l'expectative du final susceptible de nous donner toutes les réponses… au risque d'une révélation ultime qui nous laissera pantois. Dès le départ, nous comprenons qu'il faut s'attendre à tout, sauf à ce que nous prévoyons vraiment hormis quelques articulations qui se profilent et que vous découvrirez par vous-mêmes. Nous sommes en équilibre sur un fil déroulé par Maude Elyther, tels des funambules dépendants de la volonté de l'autrice : elle peut nous donner avant de reprendre.


La plume très personnelle joue du rythme, de la mélodie de la verve littéraire, de la poésie des mots et des sons, autant que de la mise en page audacieuse qui nous guide… comme elle peut nous perdre pour une seconde de déconcentration. Si certains peuvent être un peu déroutés par l'intrigue ou peu sensibles aux protagonistes et à ce qu'ils traversent, l'atypisme de l'écriture est une véritable découverte, une petite curiosité pour tout lecteur en quête d'originalité.

Mais elle est aussi à l'image d'Otto, nous immergeant dans son esprit sujet aux doutes, à la peur, à l'incompréhension.

Et à toutes ces voix…


L'écriture est un miroir et nous positionne en tant que reflet de cet esprit troublé, dément. Elle nous balade, égraine les miettes du moindre indice ou du moindre espoir du personnage. Elle est le labyrinthe d'Otto, la porte qui nous permet d'accéder à la conscience et l'inconscience du protagoniste.

Elle évolue aussi, en même temps que lui.

Il est palpable que l'autrice a donné énormément d'elle-même dans ce texte, au point que nous pourrions ne pas imaginer la main qui tient la plume, mais l'âme qui dessine les mots, qui raconte l'histoire d'Otto, cet homme torturé par son manque de souvenirs, sa folie (?), ses cauchemars… C'est si personnel, voire intime, que ce peut être embarrassant de lire ligne après ligne, lecteurs-voyeurs.


Il est très complexe de développer l'intrigue en se détachant de la quatrième de couverture, au moins un minimum… le texte, l'histoire, sont tels des coups de pinceau jetés sur une toile noire. Tantôt des arabesques sanguinolentes, tantôt des billes luminescentes, c'est un maelström de couleurs (d'évènements), d'odeurs (d'émotions), et de textures (styles narratifs).

Maude Elyther se plait aussi à personnifier les éléments qui entourent ou troublent Otto. Une simple ombre peut prendre des allures dantesques, une fleur devenir femme, l'Hiver, une entité à part entière… Tout se mêle et brouille les pistes, et nous ne savons plus quel est le personnage réel du faux. Plus l'histoire avance, plus la frontière se réduit jusqu'à l'explosion, puis la retombée plus douce.


L'ambiance est anxiogène, lourde. Les ombres pesantes. Délicat de se raccrocher aux protagonistes secondaires dont on se méfie, même ceux qui attisent pourtant la sympathie d'Otto — à raison ? –, comme Stéphane. Ethan, le meilleur ami et surprotecteur lors de la convalescence d'Otto, s'amuse lui aussi à titiller nos suspicions ou à nous basculer d'une conviction à une autre le concernant.

S'il est question d'horreur, la beauté de l'écriture allège les scènes dures, cauchemardesques et infernales. Cette horreur — et nous y revenons — peut se rapporter à une toile peinte. C'est affreux, mais nous sommes obnubilés par l'art qui l'illustre. Nous restons plantés devant ce tableau, bien conscients pourtant de la scène terrifiante, voire répugnante, qu'elle représente, le regard fixé sur les textures, l'harmonie des couleurs, les contrastes, le style, ce coup de pinceau plus particulier qu'un autre qui offre à telle silhouette plus de cachet qu'à sa voisine…

Et on apprécie.

L'horreur est belle.


Vous l'aurez compris, Chambre Nymphale est un roman qui s'adresse différemment à chaque lecteur. Tout dépend de qui vous êtes, de votre sensibilité, de votre ouverture d'esprit et tant d'autres facteurs qui nous rendent uniques. Et c'est cette conception de « l'unique » qui rend la lecture intime et « unique » pour chacun.

Toi qui lis cette chronique, tu seras peut-être tenté par ce texte. Toi qui découvres Chambre Nymphale, tu reviendras peut-être voir la Marmite pour lui dire : « Tu as tout faux, moi, je l'ai interprété comme ceci. »

Et tu auras raison.

Tout le monde aura raison.

Parce que c'est cela qui est magnifique : un texte qui peut être interprété de mille et une façons, et trouver mille et une résonnances…


Lien : http://marmiteauxplumes.com/..
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Chambre nymphale de Maude Elyther est un récit déroutant. le début poétique, tourmenté, très mélancolique nous plonge en plein spleen. le narrateur au désespoir nous entraîne dans les ténèbres, dans un monde semi-onirique teinté de sang.
Ces premières pages m'évoquent inévitablement la psychiatrie. On est vite percuté par les émotions qui se dégagent et bousculé par la voix menaçante qui se matérialise dans les moments de doute.
L'homme semble perdu, se cherche avance à petits pas dans diverses directions. Se retrouvera-t-il dans cette incertitude, au milieu de tout ce flou ?
Le sens des choses lui échappe alors que pourtant, il sait, au fond de lui toutes les réponses sont présentes, mais cachées, inaccessibles. Veut-il vraiment les faire ressurgir ? Une impression de schizophrénie s'empare de moi, tout cela est si mystérieux et inquiétant. Qu'est-ce qui lui fait si peur ? Quel monstre enfoui dans le passé ne faut-il pas déranger ?
On oscille sur la corde raide, entre folie et raison, sans savoir de quel côté on va tomber, sans être sûr du côté où se situe le narrateur.

L'histoire est embrouillée, torturée, à l'image de l'esprit d'Otto. Difficultés et gêne face à des sentiments ambivalents, mélange de douleur et plaisir, doute, méfiance devant les blancs de la mémoire, c'est compliqué à suivre et par moment, je m'égare, je me sens malmenée par cette histoire.
Qu'est-ce qui relève du réel, du délire, ou du fantasme ? Comment faire la part des choses tant le mystère est bien entretenu ? L'atmosphère passe de pesante à sordide, c'est oppressant, étouffant, dérangeant. Respirer sereinement au milieu de ces pages relève de la gageure.
Une lutte s'engage. Je lâche prise, ne cherche plus à comprendre, pour me laisser porter, les réponses finiront bien par arriver.
Le récit alterne entre poésie, espoir, tourment et toxicité. Car oui, certains passages sont violents, certaines relations sont malsaines, parfois ambivalentes et fluctuent entre rejet et attirance.
Cependant, le message reste celui de l'espérance.
« La solitude ne m'égratignera plus de ses griffes. Les plaies infectées qu'elle m'a laissées cicatriseront. »

La forme s'adapte au fond avec brio ; une succession de phrases courtes, un rythme saccadé, presque décousu, de nombreuses phrases frustrantes qui s'achèvent en points de suspension sans livrer tous leurs secrets. Tout contribue à créer une atmosphère perturbante, presque suffocante.
La mise en page elle-même est originale. On suit visuellement l'évolution du récit. On comprend qui parle juste dans la présentation du texte.
Au milieu de cette noirceur, une touche de lyrisme et quelques vers viennent adoucir les traits.
En même temps qu'Otto, le texte se construit. Il se transforme, tout prend corps au fur et à mesure qu'il prend confiance et rassemble les morceaux de sa mémoire. Tout s'apaise, devient plus serein, tant dans l'écriture que dans l'histoire en elle-même.
Le début dévoile des nuances de blanc, rouge et noir, c'est sombre et sanglant. Puis, ces couleurs changent, évoluent en parallèle aux émotions et progrès d'Otto.
Toute une palette prend corps et ce ne sont plus de simples couleurs. Elles deviennent de geai, vermillon, elles évoluent et vivent. C'est comme une naissance, ou une renaissance, une ouverture au monde dont chacun semble enfin découvrir la richesse et la beauté, comme une éclosion vers des émotions plus positives.
C'était un voyage atypique, à la fois dérangeant et optimiste comme je n'en effectue pas souvent à travers les livres, qui laisse une trace une fois la dernière page tournée et qui ressemble bien aux éditions Noir d'Absinthe.
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Ce roman, c'est une véritable expérience littéraire, vous n'en trouverez pas un autre du genre ailleurs. de part ses thèmes et leur traitement tout d'abord : on sombre en même temps qu'Otto dans une perturbante folie, et tout comme lui, elle nous assiège sans que l'on parvienne à comprendre ce qu'il se passe. À ses côtés, on démêle les fils. Puis on assiste à sa lutte contre lui-même, dans un jeu du double constant, à la fois fascinant et terrible, dans un rapport au corps exacerbé, où l'immondice danse avec le sublime, le dégoût s'entremêle à la passion et la beauté.

Et c'est là que "Chambre Nymphale" ne trouvera pas d'autre équivalent dans la littérature. Une plume unique, à la fois crue mais délicatement menée. Maude énonce des horreurs, mais avec un style onirique si prégnant qu'on ne peut pas simplement s'arrêter sur l'aspect bestial, on est forcé de capter l'atmosphère fantasque, de se balader entre ces pages comme dans un rêve un peu morbide où l'aspect cauchemardesque se lie à la beauté pure. Ce roman m'a séduit lors de sa première découverte, je crois qu'il l'a fait encore plus cette fois-ci.
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Le commentaire de Cathy :
Je ferme ce roman avec la sensation d'avoir pris une belle claque, j'ai eu le sentiment de vivre un moment de lecture hors de tout ce que j'ai pu lire jusqu'à présent et cela fait un bien fou. Dès les premières pages, je me suis senti complètement déboussolé par l'histoire que me proposait l'auteure, impossible pour moi de faire la différence entre le réel et ce qui ne l'était pas. Maude Elyther, nous propose grâce à son style d'écriture, très lyrique, un univers plutôt sombre, mais plein de magie, j'ai eu l'impression d'être dans une sorte de rêve. Otto est le personnage principal que j'ai eu plaisir à découvrir, cet homme a subi un gros traumatisme, il essaye de faire surface, face à ses propres démons. La rencontre avec un homme va changer sa vie à tout jamais. La plume de l'auteure est très belle, ses mots sont emplis de poésie, beaucoup de descriptions m'ont fait froid dans le dos, certaines scènes sont très dures à lire, mais elles ont leur place dans cette histoire. Ce roman est vraiment inclassable, je suis ravie d'avoir eu la chance de le lire, une expérience de lecture que je ne suis pas prête d'oublier.

Lien : http://lesmilleetunlivreslm...
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Chambre Nymphale est un roman à l'univers singulier. Pourtant, il m'a fallu un certain temps avant de pouvoir me plonger totalement dans l'histoire.

Le récit se fait dès le début très mystérieux, voire flou. Il se dégage une ambiance malaisante. Je m'étais déjà demandé où se situait la frontière entre le réel et la folie, car Maude n'épargne aucunement son personnage principal. J'adore quand le récit prend un aspect très psychologique, mais je pense que ce qui m'a fait stagner réside dans le fait que l'ambiance s'avérait souvent trop pessimiste. À vrai dire, j'avais du mal à me représenter les sensations vécues, je n'arrivais pas à véritablement m'en imprégner. D'autant plus que pendant une bonne partie du livre, l'ensemble m'apparaissait répétitif. J'avais l'impression qu'Otto évoluait très peu, bien qu'il est normal que Maude s'attarde sur ses tourments.

Cependant, arrivé à la moitié du roman, je suis davantage rentré dans l'histoire, l'ensemble m'apparaissant plus clair dans mon imagination. J'ai davantage compris Otto et le pourquoi de ses nombreuses tortures, il y a même des passages où je me suis retrouvé à travers lui.

Globalement, je dirais que Chambre Nymphale est un roman peu commun, et qu'il nécessite peut-être une relecture pour pouvoir être assimilé et compris totalement, tant les messages s'avèrent nombreux et le style d'écriture recherché. Je veux dire pour ce dernier qu'il se fait très poétique et onirique, Maude employant certaines figures de style bien visibles. Cela donne des descriptions imagées, mais aussi très intériorisées.

Malgré les nuances émises, ce roman m'a plu. Bien que le style de Maude soit inhabituel d'une certaine façon, c'est aussi pour ça que je l'ai apprécié, car il fait la part belle à la beauté de la langue française. Son écriture est riche et possède un charme indéniable.
Elle a son univers bien à elle, s'avérant différent de par certains aspects. Ses nombreux messages sur la société (souvent dépeinte d'une façon amer), la nature, l'acceptation de la différence ou la dualité de l'être humain, font de cette histoire un plaidoyer sur la nature humaine et ses diverses facettes.
Mais à travers ces ambiances ténébreuses voire macabres, et ce sentiment de désespoir ornant le récit, il s'en dégage pourtant une certaine beauté, parfois même une certaine féérie. Cela démontre que c'est à travers la souffrance que nous évoluons, aussi dur que cela puisse être. Et lorsque nous parvenons à la surmonter, nous pouvons entrevoir la lumière, telle une renaissance.

Maude a signé un roman très personnel, à travers un personnage à fleur de peau qui n'est pourtant pas si monstrueux qu'il parait l'être. La frontière entre le réel et la folie s'avère souvent bien mince, mais cela brouille d'autant plus les pistes.
Cela donne au final une histoire psychologiquement tortueuse et dérangeante, associée à un onirisme d'une profonde beauté.
Lien : https://for-ever-dreamer.blo..
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