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Citations sur Caisse claire (38)

Paresser (Loafing, 1986)


J’ai examiné la chambre il y a quelques instants
et voilà ce que j’ai vu –
mon fauteuil à sa place, près de la fenêtre,
le livre ouvert retourné sur la table.
Et sur le rebord, la cigarette
en train de se consumer dans le cendrier.
Simulateur ! c’est ce que m’avait crié mon oncle
autrefois. Il avait raison.
J’ai mis de côté du temps, aujourd’hui,
comme tous les jours,
pour ne rien faire du tout.

*

I looked into the room a moment ago,
and this is what I saw —
my chair in its place by the window,
the book turned facedown on the table.
And on the sill, the cigarette
left burning in its ashtray.
Malingerer! my uncle yelled at me
so long ago. He was right.
I’ve set aside time today,
same as every day,
for doing nothing at all.

***
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en avant des choses des mots
un vaste silence remué du dedans
vibre lent

comme mots-choses en suspens dans leur silence
avant le désir et nous reposant quasi dormant dans
le sans bruit des choses-mots posés suspendus là dans
le calme frais de la terre presque
une vibration à peine sensible et un arbre-table ou un
oiseau-main se figent ou se défont très doucement au
point qu'il suffit d'attendre pour passer de l'un vers
l'autre sans heurt sans effort

.
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on arrête là

___
on ne sait quel paysage bouge rouge
au fond de l’œil
un peu comme un battement assourdi
une houle née loin venue rouler tomber
encore
ici

___
la nuit
tremble
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André Du Bouchet

Manque, moteur blanc jusqu'à oeuvre à force de jours visant ces instants de sur-voir, comme inspirés si l'on veut, mais surtout de l'ordre d'une puissance d'étonnement, d'une disponibilité d'oeil qui s'investit toute entière dans l'interstice d'un "c'est", d'un "il y a ", brusquement, tel éclat. Pas plus. Mais cela ramené à bout de main et de mots: un liseron ou une luzerne, quasi rien, mais cela est, tenu au point uù le lecteur commence lui aussi à voir un liseron ou une luzerne. Pas plus, mais cela, d'un coup, donné.
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Sur la fin

elle se détache

il n'y a plus guère à parler
on triche un peu on ment

il n'y a peut-être jamais eu
de vraie parole possible...
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poubelle de tête
dans l'été droit sans ombre
bouts de figures cassées
débris mêlés
puzzle d'êtres perdus
on pourrait les recomposer
en mosaïque bizarre
chimère

ne pas rêver

on ne fouille pas cette part
qui ne pourrit pas du temps
même avec le soleil
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-Ta poésie s 'alimente à deux sources essentielles que sont la mémoire et le quotidien, ce que tu nommes « le banal ». Sur le plan esthétique, les images liées des objets issus de la production industrielle ont-elles autant de puissance que les images liées aux éléments naturels ?

Je répondrai oui. Pour moi, tout ce qui constitue mon environnement est potentiellement poétique. C'est très simple. Là, il est 16h 30. Si je regarde par la fenêtre, je vois le jardin avec la glycine, le géranium, le prunus qui perd ses feuilles. Si maintenant j'écris à 20 heures ce soir, les volets seront descendus, il ne restera rien des éléments du jardin. Il ne restera plus que les objets de mon environnement habituel : le grille-pain, la pipe, le cendrier, le bruit de la machine à laver... Parmi les choses du réel, il n'y a pas de hiérarchie, d'échelle de valeur poétique. C'est une question de poids d'existence. De ce point de vue, la machine à laver pèse autant que la glycine. Elle n'est pas plus poétique parce qu'elle est glycine que la machine à laver. C'est la même chose. Donc, on peut les poser toutes les deux. On pose glycine parce que la fenêtre est ouverte et qu'on regarde dehors et on pose machine à laver parce que la fenêtre est fermée et qu'on entend son bruit. Pierre Reverdy le disait déjà : il n'y a pas d'élément poétique en soi. Il y a des éléments du réel embarqués dans le poème. C'est le poème qui les intègre dans un bâti de mots qui est poétique ou non.
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C'était un temps de grisaille indéfinie - rien ne s'achevait vraiment. Cela se perpétuait seulement, de façon assez creuse. On aurait pu se contenter de cette durée pâle mais qui avait l'avantage de se maintenir, de se poursuivre à travers des journées remplies de détails à régler. Mais cela sonnait fêlé: quelque chose poussait comme à l'intérieur de cette coque et on ne voyait pas bien quoi. On se demandait si cela aurait la force de faire éclater tout ce qui s'était peu à peu incrusté, épaississant, renforçant la coquille, aufur et à mesure. En même temps que cette attente comme d'une renaissance, il y avait la crainte de bouleverser, la peur que quelque chose ne s'épuise dans le bouleversement et qu'on se retrouve défait, sans rien. On ne pouvait guère mesurer le danger, mais il pesait, et parfois faisait presque regretter le malaise sans issue mais plus supportable, semblait-il.
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C’était un temps de grisaille indéfinie – rien ne s’achevait vraiment. Cela se perpétuait seulement, de façon assez creuse. On aurait pu se contenter de cette durée pâle mais qui avait l’avantage de se maintenir, de se poursuivre à travers des journées remplies de détails à régler. Mais cela sonnait fêlé : quelque chose poussait comme à l’intérieur de cette coque et on ne voyait pas bien quoi. On se demandait si cela aurait la force de faire éclater tout ce qui s’était peu à peu incrusté, épaississant, renforçant la coquille, au fur et à mesure. En même temps que cette attente comme d’une renaissance, il y avait la crainte de bouleverser, la peur que quelque chose ne s’épuise dans le bouleversement et qu’on se retrouve défait, sans rien. On ne pouvait guère mesurer le danger, mais il pesait, et parfois faisait presque regretter le malaise sans issue mais plus supportable, semblait-il.
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pris dehors
dans ce qui n’a pas de nom
serré de près dedans
par ce qui n’a pas de nom

celui qui parle
forme créée par les deux pleins qui serrent
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