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Critique de val-m-les-livres


Les textes de Mathias Esnard ne s'apprivoisent pas toujours facilement. J'ai commencé celui-ci en me disant que je n'arriverai pas au bout, parce qu'il m'a fallu un peu de temps pour m'habituer à la lecture qu'en fait l'auteur. Au bout de deuxième chapitre, j'avais l'impression que personne n'aurait pu donner ce sentiment de mélancolie qui convient si bien à ce roman, chant d'amour envers l'Orient, tout en offrant un éventail impressionnant de références culturelles concernant l'orientalisme. Tout le problème d'un tel roman est de lui faire honneur alors qu'il est très difficile de le résumer. Disons que la trame est construite autour des souvenirs que le narrateur garde de ses voyages en Orient avec Sarah, jeune femme dont il est amoureux. Il est maintenant seul, de retour en Autriche, son pays natal. Cet amour est surtout un prétexte pour écrire une déclaration enflammée au Moyen Orient et notamment à la Syrie, pour rappeler à quel point Damas et Alep ont été des villes importantes où se sont retrouvés de nombreux européens. La maladie, la nostalgie sont omniprésentes dans ce roman, préfigurant, je le suppose, la maladie cette fois universelle qu'est la guerre et la nostalgie désormais inséparable des souvenirs liés à ce pays en guerre.
Difficile de nier que ce roman regorge de références littéraires mais aussi culturelles concernant l'orientalisme mais quand on sait que cet orientalisme brasse large, d'Agatha Christie à Verlaine en passant par des femmes qui étaient pour moi d'illustres inconnues et qui ont semble-t-il, rencontré leur destin en Orient, on comprend qu'il y en a pour tous les goûts ici. C'est aussi un roman fortement ancré dans la musique, le narrateur étant musicologue. J'ai beaucoup aimé ce moment où on se rend compte que pour draguer, mieux vaut jouer d'un instrument qu'être musicologue. Notons au passage que Boussole nous fait plusieurs fois sourire, ne serait-ce que parce que le narrateur pratique avec aisance l'autodérision.
On aurait pu penser que le foisonnement de ce roman font de lui une matière impropre à être lue, et donc à être écoutée. Je ne suis pas d'accord. Je me demande d'ailleurs si je l'aurais autant aimé en version papier. Mathieu Esnard trouve le ton adéquat pour faire écho à la nostalgie du narrateur et à celle du lecteur face à ce monde qu'on laisse disparaître. Je conseille par contre de l'écouter sans trop le fragmenter, de longues plages d'immersion me semblent nécessaires pour l'apprécier (je l'ai écouté par tranches d'une heure).
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