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Solitude, désolation prégnantes à travers les beaux dessins évocateurs de Pierre Marquès et les mots de Mathias Enard qui les accompagnent de leurs murmures, murmures de ce qui n’est plus, de ceux qui ont disparu dont on cherche le souvenir à travers les traces laissées dans les ruines.
Et les vivants habités par le passé, un passé que survolent les corbeaux et qu’habitent encore les loups. Il y a quand même la force sensuelle, vivante, brûlante de la rencontre avec Marina même si les corps eux-aussi portent les traces du passé…

« Très vite, "avant" s’impose comme le seul repère,
le seul but. On cherche des souvenirs d’avant, des traces
de "pendant". Des marques sur des façades, sur les visages ;
le passé devient la seule façon de voir le présent » p 20

Comment alors érigé un monument dans cette partie de l’Europe, quelle signification pourrait-il avoir, qu’apporterait-il de plus ? Seules continueront peut-être à faire sens les traces sur les murs laissées par des inconnus en souvenir de ceux qui ont disparu :
« …la mémoire sera vivante…Jusqu’à ce que tout soit oublié… Et qu’on passe à d’autres souvenirs. »
C’est le coeur serré que l’on parcourt ce roman graphique qui permet de se souvenir qu’en 1991 Serbes, Bosniaques et Croates commençaient à s’entredéchirer …

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Été 1991 : « Serbes, Bosniaques et Croates commencent à se foutre sur la gueule. »
2011 : la décision d'ériger un mémorial commémoratif vient d'être adoptée.

Difficile pour un artiste d'envergure internationale de se voir confier l'érection d'un monument aux morts sur la guerre en ex-Yougoslavie alors qu'il s'estime être le plus incompétent en la matière. Il va, contre toute attente, accepter le job en se rendant à Sarajevo, histoire de s'imprégner des lieux, et trouver l'inspiration aux côtés de Marina, sa guide attitrée.

Et un concept original, un ! Une planche, un dessin assorti de quelques lignes arides de bas de page. le lecteur focalise immédiatement sur un graphisme hors norme . Bien vu ! Car en effet, Pierre Marquès, dessinateur polymorphe, est un touche-à-tout de talent. Aquarelles, gouache, fusain, photos retravaillées au lavis, tout y est, tout fonctionne à plein, le lecteur ne sait plus vraiment où poser le regard tant le mode d'expression adopté subjugue.

Le visuel détonne, c'est entendu, mais quid du verbe ?
Là encore, Mathias Énard s'accorde parfaitement avec son compère .
Pas vraiment partisan des monuments fantômes à la mémoire de ceux tombés pour la patrie, il leur préfère celle des paysages vitriolés, des villes balafrées, des survivants désormais devenus passeurs d'Histoire.

« Les morts n'ont plus besoin de rien et les vivants veulent vivre en paix.
La vie est le seul monument aux morts.
Les histoires que les morts racontent aux vivants »

Tout Sera Oublié soulève la problématique de l'art en de telles situations.
Véritable balade mémorielle à travers une Europe de l'Est lacérée par tous ses conflits mais qui se reconstruit peu à peu, ce roman graphique évanescent et cotonneux détonne, envoûte, pour finalement vous apostropher ce que n'aurait pas renier un certain Pivot.

Un grand merci à Babelio et aux éditions Actes Sud BD pour cette petite parenthèse désenchantée...
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Comment imaginer aujourd'hui un monument commémorant la guerre de l'ex Yougoslavie de1991 qui a opposé les serbes, les croates et les bosniaques , c'est le lourd défi que doit relever presque malgré lui , l'auteur.

Nous participons à son cheminement d'idées ou surtout d'interrogations car l'inspiration n'y est pas et nous suivons aussi les découvertes qu'il fait en se rendant sur les différents lieux des événements, Sarajevo, Mostar , à la recherche de traces puis sur d'autres sites eux aussi chargés d'histoire ...

Mais faut-il chercher les traces d'"avant" ou celles de "pendant" la guerre alors que la vie a repris ses droits effaçant peu à peu les blessures visibles .

Cela ne résout pas , bien au contraire , sa difficulté à créer quelque chose de concret .

Et si , se souvenir c' était de l'éphémère comme des ombres de corbeaux?

Une très belle réflexion sur le souvenir et la mémoire : doivent-ils être gravés dans la pierre , ou se laisser disperser au fil des ans, au fil du temps, voler dans les airs et rester muets, ancrés au fond des coeurs...

Les dessins , aquarelles, photos retouchées, traits de plume se mêlent et s'entremêlent donnant une impression saisissante et émouvante ; ils vous transportent d'emblée vers d'autres pays, d'autres temps, ils s'accordent magnifiquement aux divagations de l'écrivain.

Un très beau roman graphique et un grand merci à Babelio et aux Editions Acte Sud BD , car , si j'ai attendu longtemps pour recevoir cet ouvrage, j'ai été largement récompensée par l'émotion qu'il dégage .
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Tout sera oublié est un superbe roman graphique, pas vraiment un roman, ni une BD.
Le récit est celui d'un artiste sollicité pour créer un monument en mémoire des victimes de la guerre des Balkans. Pour cela, il se rend à Sarajevo et y rencontre Marina qui travaille dans une ONG. A partir du présent, il tente de revivre le passé et s'interroge sur ce devoir de mémoire. Et surtout, sur la meilleure façon de rendre hommage, de restituer les voix du passé.
Il visite aussi Mostar puis repart même en Pologne, autre terre de souvenir.A Belgrade, il rencontre Igor, un écrivain qui lui donne une autre vision des choses.
Doute d'un artiste à pouvoir servir la mémoire d'un peuple. Pour qui? Pour les morts? Pour les vivants?
L'idée surgit, tout à coup. Belle et inattendue.
Si le texte est magnifique, j'ai surtout été subjuguée par les illustrations. Ce sont des photos reprises à la gouache et l'effet est surprenant de réalité et enjolivé par l'artiste.
Lien : http://surlaroutedejostein.w..
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C'est si loin et si proche, si vieux et encore récent : en 1991 le conflit des Balkans ravageait la ville de Sarajevo et sa population. Aujourd'hui, un homme est chargé de concevoir un monument à la mémoire des victimes, un mémorial commémoratif. Comment faire ? Il n'est pas de là-bas, ne se sent pas légitime, ni partisan, et c'est bien pour cela qu'il a d'ailleurs été choisi. Alors il décide de se rendre là-bas, accompagné de Marina qui oeuvre dans une ONG locale, de comprendre, appréhender, toucher les lieux qui ont été témoins des atrocités, des gens qui ont peut-être encore à en parler, avant que tout ne soit oublié.

Tout sera oublié est un album aux frontières du documentaire et du roman graphique, du carnet de route et du récit illustré. D'abord, ce sont les illustrations quasi pleines pages, qui m'ont surprise, enthousiasmée, soufflée. Elles aussi, elles sont à la limite. On distingue la qualité photographique et on imagine la retouche graphiste par le dessinateur. le résultat est époustouflant tant il émane de ces images de véritables vibrations. Souvent mélancoliques, graves, sinistres, elles savent être sensuelles, et chaleureuses.

Le texte, écrit de la plume de Mathias Enard (j'avais tant aimé son roman "Rue des voleurs" !), semble être présent pour nous guider dans l'espace, dans le temps, comme un repère rythmé qui déroule avec calme une progression, un cheminement. Contrairement aux illustrations, il est sobre, reflet d'un narrateur concentré sur une mission, attentif aux témoignages silencieux. Et puis progressivement, on chemine jusqu'à la solution, jusqu'à l'idée retenue pour marquer la ville d'éléments commémoratifs.

Expérience atypique fort intéressante, la lecture de Tout sera oublié est un enchantement d'esthétisme et de poésie sur la forme, et une réflexion humaine inévitable sur le fond. Expérience personnelle biographique ou récit romancé, où est la vérité ? Peu importe, le livre fait ressortir l'universel de ce cas particulier, le difficile travail de représentation commémorative, de symbolique pour L Histoire, de nécessité et de futilité, de fugace et d'inoubliable. Et il sait si bien évoquer les lieux, ceux qui porteront la mémoire, ceux qui muteront, ceux qui ont saigné
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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Vingt ans après la guerre des balkans, Marina qui travaille pour une ONG demande à un artiste de créer un monument en mémoire de la guerre. D'abord hésitant comme submergé par la guerre encore tellement présente par ses traces, la mémoire des morts, l'artiste erre sans fin...Et puis l'idée vient, s'impose.
Comment l'art peut-il aider à se souvenir de la guerre et comment peut-il aider les ennemis d'hier à vivre ensemble aujourd'hui, telle est la question que posent PIerre Marquès et Mathias Enard. Des illustrations (entre photo et dessin) envahissent la page pour laisser voir les traces de la guerre, le texte précis et sensible laisse toute la place à la réflexion du lecteur
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En exergue :
Tout sera oublié. Absolument tout.
Camille de Toledo ( le Hêtre et le Bouleau)

Je crois que c'est ce qu'on appelle maintenant un " roman" graphique.. Je mets le mot " roman" entre guillemets car , même si les mots de Mathias Enard accompagnent les illustrations, celles-ci auraient presque pu suffire.
Ce n'est pas la première collaboration entre Pierre Marquès et Mathias Enard.
Là, le personnage principal, peintre connu, est chargé de réaliser un objet ( un monument au départ, mais l'idée est vite abandonnée) censé rendre hommage à toutes les victimes d'une guerre absurde. Comme toutes les guerres.

"L'été 1991, les Serbes, les Bosniaques, les Croates commencent à se foutre sur la gueule, et vingt ans plus tard on me demande d'imaginer un monument qui ne soit ni serbe, ni bosniaque, ni croate pour cette guerre oubliée plus que terminée.
Seul un artiste international comme vous peut dessiner quelque chose d'intéressant, on m'a dit. Quelque chose qui ne soit pas partisan, on m'a dit. Qui prenne en compte la souffrance de tous les camps, on m'a dit. Drôle d'idée qu'un monument à la souffrance, j'ai pensé."
"Qu'est-ce qu'un monument? C'est un bâtiment en soi inutile. Un musée sans musée. Un genre de croix. Une mosquée sans fidèles, une église sans Dieu..."

Ce que vont construire ces deux artistes, c'est ce livre. Qui rend compte de ce qui reste. A travers les traces physiques des destructions. Et des souvenirs de certains. Avant qu'ils ne passent à d'autres souvenirs . A travers des dessins sur les murs en ruine, jusqu'à ce que ceux-ci soient détruits..
Les images sont magnifiques. Marqués a travaillé sur des photos , recolorées, sur lesquelles il a repeint. Beaucoup de teintes sombres , beaucoup de sépia, sans doute car il pâlit et s'estompe.
Un beau livre, assez désespérant. Car, oui, tout , ou presque, sera oublié.

On peut voir les premières illustrations sur le site de l'éditeur, il faut cliquer sur le livre


Lien : http://www.actes-sud.fr/cata..
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Ce roman graphique est surprenant.
Avec des mots simples, des phrases courtes, Mathias Enard souligne la difficulté de rapporter un événement douloureux.
Pierre Marquès signe des photos retravaillées à la gouache de Sarajevo et de Belgrade révélant les stigmates de la guerre.
Un livre lourd, un hommage à la mémoire.
Lien : http://bibliobleu.blogspot.fr/
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Un magnifique roman graphique, mêlant photos à la gouache et textes opalins, pour rappeler l'indicible et pour raconter la vie après la guerre.
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Salut à toutes et à tous !

Un roman graphique ? Un roman illustré ? Coller une étiquette à Tout sera oublié de Enard (à l'écriture) et Marquès (illustrations) publié chez Actes Sud serait vain.


Lien : http://thisisrocknpages.blog..
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