![]() |
Solitude, désolation prégnantes à travers les beaux dessins évocateurs de Pierre Marquès et les mots de Mathias Enard qui les accompagnent de leurs murmures, murmures de ce qui n’est plus, de ceux qui ont disparu dont on cherche le souvenir à travers les traces laissées dans les ruines. Et les vivants habités par le passé, un passé que survolent les corbeaux et qu’habitent encore les loups. Il y a quand même la force sensuelle, vivante, brûlante de la rencontre avec Marina même si les corps eux-aussi portent les traces du passé… « Très vite, "avant" s’impose comme le seul repère, le seul but. On cherche des souvenirs d’avant, des traces de "pendant". Des marques sur des façades, sur les visages ; le passé devient la seule façon de voir le présent » p 20 Comment alors érigé un monument dans cette partie de l’Europe, quelle signification pourrait-il avoir, qu’apporterait-il de plus ? Seules continueront peut-être à faire sens les traces sur les murs laissées par des inconnus en souvenir de ceux qui ont disparu : « …la mémoire sera vivante…Jusqu’à ce que tout soit oublié… Et qu’on passe à d’autres souvenirs. » C’est le coeur serré que l’on parcourt ce roman graphique qui permet de se souvenir qu’en 1991 Serbes, Bosniaques et Croates commençaient à s’entredéchirer … + Lire la suite |