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Critique de Tandarica


L'autre jour, je suis tombé(e) sur France Info sur une interview d'Alain Mabanckou par Philippe Vandel, où il déplorait que beaucoup abordent la littérature francophone avec une approche géographique, c'est-à-dire d'abord la France et après, lorsqu'il y a un après, le reste. Ironie du sort, le même jour, je suis tombé(e) sur DLF sur un reportage sur la dernière librairie allemande de Paris située à Montmartre, moi qui ai jadis fréquenté Marissal près du centre Pompidou.
Endre Ady est né dans le village d'Érdmindszent, aujourd'hui Ady Endre et rattaché à la commune de Căuaș (en Roumanie), il a vécu à Oradea, en Roumanie, à son époque en Transylvanie, en Autriche–Hongrie et fut l'ami d'Octavian Goga. Sur le sol de l'actuelle Roumanie, en particulier en Transylvanie, la littérature hongroise a probablement devancé la roumaine. On peut se poser la question de la postériorité de ses auteurs : pour mon vieux Grand Larousse Universel, Endre Ady est un des plus grands poètes hongrois. Ceci posé, pour ses oeuvres en particulier les nouvelles, c'était en allemand sinon rien, et pour la librairie, une célèbre enseigne en ligne : éditeur Books on Demand, plus l'allemand.
Je ne m'étends pas trop sur les imperfections de la traduction et de la présentation, malgré les titres exposés par le traducteur, pour m'attarder un peu plus sur l'oeuvre dont il ne s'agit ici que d'extraits. Comme les Roumains, Endre Ady était francophile : il a suivi à Paris une femme, Leda, dont il fut l'amoureux malheureux, au final. Une chronique sur les Marocains de Paris donne une bonne idée de sa pertinence et de son sens de l'observation : dommage que le traducteur n'ait pas retenu d'autres de ses articles parisiens. Les nouvelles sont poétiques et, d'un point de vue technique, portent la marque des innovations formelles du début du XXe siècle. Les récits montrent clairement chacun une rupture, se concentrent également sur un point de vue bien particulier.
Enfin, Endre Ady était surtout poète. Je commence par la fin où il a écrit beaucoup de poèmes sur Dieu, avec une foi tardive et qui me rappelle le "Traité du désespoir" de Kierkegaard, comme s'il essayait à chaque poème de se persuader et de se rappeler qu'il faut (souligner faut) croire. Pour les autres veines : la Hongrie, et ses misères, sa pauvreté mais aussi sa beauté ; la douleur, plus surprenant mais il avait la syphilis et, paraît-il, se droguait ; l'amour malheureux ; la guerre et l'argent et leur injustice, il y a même un poème sur la Gare de l'Est.
Au final, son inspiration était mondiale : ce volume mentionne Henrik Ibsen et Maxime Gorki. Par ses idées, il me rappelle parfois Huysmans, par son style des Anglo-Saxons (entre Thomas de Quincey et W. H. Auden pour devenir pénible), il a vécu et écrit en France, s'est internationalisé, autant que Mihai Eminescu, autre grand poète national pas si antérieur, s'est tourné vers son pays. Tous deux sont morts jeunes et, en dehors de leurs terres, sont oubliés.
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