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Citations sur Le chemin encore (11)

Le moineau trace de ses pattes des mots qu'il ne comprend pas.
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Ne viens pas. Tu toucherais le coté des choses qui doute, la cicatrice, la morsure, la parole rongée, la maison froide. Tant de jours ont filé des heures incertaines. Tant de pierres ont tracé un semblant de chemin emporté par les eaux. Plus rien ne réunit. Les pivoines s’éteignent. L’odeur des lilas est ailleurs. Les arbres sont vides. C’est triste. Ne viens pas. Tu ne verrais que les reliefs, barreaux, verbiages. Tu ne trouverais plus la fontaine et la source. Ne viens pas. Il ne pleut plus, ne vente plus, ne neige plus. Un soleil famélique dessèche la récolte. Ne viens pas. Le cri de la chouette n’éclaire plus la nuit.
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Elle écrit dans les creux de vent, contre les canisses d'enfance. Elle cherche le lieu, l'état, ce qui ne trahit pas. Ses phrases maigres, mal attifées, ont un crédit de cahier d'écolière. Les ratures font le texte en chantier. La pensée conduit, gratte. Le noir résiste par endroits. Jusque dans le doute, elle s'obstine. C'est une fille de rigueur, absolue renégate aux choses du facile, elle évite les rails, l'agitation. Son échelle est haute, bancale. Sur les pages et les pas, elle plante un regard perçant, le chemin à prendre. Les doigts sur l'échine du vivre, elle touche l'exact du mot le temps d'une étincelle puis aiguise, chauffe le texte au brasier de l'exigence. Elle va sur le papier comme dans la vie, sur le chemin encore.
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Je pense aux anciens platanes, aux écoliers tranquilles, aux vélos dévalant les jeudis, aux fruits au goût de fruits, aux terres sans blessures. ils ont bitumé jusqu'aux tomates de Grand-Père, enfoui la faim dans l'acier de containers, rangé l'antenne humaine pour celle des portables.Derrière leurs écrans, parqués, enterrés sous la monnaie, ils dévorent sans partage ni gratitude ce qui est offert. Le séisme des graines n'a plus lieu, ni la danse des herbes aux talus des ruisseaux. Les chemins cantonniers, le suc des mûres noires, les grincements de cabane, s'amenuisent. Plus d'enfants aux jardins, de merles aux cerisiers, de promeneurs sur les chemins. Des camions délestent les frigos de leurs aliments morts. La campagne est vaincue, allégresse défunte. Je ne connais pas ceux qui ont tué l'oratoire où dormaient les moineaux. Ils sont légion. Mais la brindille entre les ruines, je la connais, elle est ma soeur.
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Il pleut sur la grande baignoire, la mer remue des ailes. Le jet du ciel nettoie les traces d'hommes, désinvoltures, corruptions, peurs collées, choses vendues, jetées, oubliées. Tout passe à la lessiveuse. L'eau défait les emplâtres, dissout les croûtes, désinfecte les plaies. Ciel et mer décrassent, lavent, rincent. Pas de bateaux pas de mouettes. De grandes vagues chassent les voisinages. Une limaille grise sans haut ni bas, martèle, décape. Ici, on brosse les entrailles. Fenêtre ouverte sur la laverie, l'orage est un café noir. Sans sucre.
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Le mica marine du ciel copie l'eau, ou le contraire. La Provence instruit ses orgies d'été. Les terres fissurent leur soif. Des vignes nouées travaillent sous midi vertical. Un plomb incendiaire étouffe les respirations. Je vous écris quand les cigales aiguisent leurs voix, les crapauds buffles imitent les canards et qu'un tilleul veille sur moi, serein et répandu. Ici, tout est juste. Une profusion de lauriers roses a le poison tranquille. Des fraîcheurs de rus abritent des guêpes ivres. Je vois un fil tendu, blanc au dessus des prés barbouillés de jaune. Des géraniums allument leurs vitraux. Dans un coin d'ombre, une mante religieuse, mains jointes, attend. Le clocher dit ses heures. Un vent maigre agite les oliviers. Pardonnez mon bavardage, je vous écris comme on vit ici, dans l'estime du jour.
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On ne peut enclore la lumière. Écrire en est la frustration.
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Elle portait la grâce naturellement, avec un brin d'entêtement et l'excès des timides. Sa fine silhouette fragile tenait à la terre par des racines fermes. Sa pensée rebelle aurait pu briser le piquet et la corde. Aurait pu. Longtemps, je n'ai pu ouvrir ses cahiers. C'était ma mère. Elle m'a donné la clé du simplement beau. Et le chemin d'écriture.
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La lumière d'été allongeait l'ombre de sa silhouette jusqu'à la rendre vivante forme longue. La ressemblance lui apparut, flagrante sous le soleil. Elle était là celle peinte durant toute une vie. La femme absolue, l'idéale, l'indicible. La passante éternelle. (...) Sur la toile, il l'avait donc saisie mieux qu'elle-même, trouvant qui elle était, dedans, dehors, autour, partout.
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Je suis heureuse. Une journée fraîche comme l'enfance s'ébroue dans mon matin. État précieux. Je savoure la présence du soleil sur le vieux bois de mon plancher. Il fait un bonheur à ma taille.
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