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Citations sur Le vrai lieu (42)

Je voyais cette acculturation, particulièrement réussie dans mon cas puisque mon grand-père paternel ne savait pas lire, que mon père avait été garçon de ferme, ouvrier, cafetier, et que je venais d'être admise prof de lettres. Je plongeais dans le gouffre de la séparation définitive avec mon père. Sans possibilité de me racheter.(....) Beaucoup plus tard, la sociologie m'apprendra que ma situation est celle des "transfuges de classe".

(p62)
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C'est un lieu, l'écriture, un lieu immatériel. Même si je ne suis pas dans l'écriture d'imagination, mais l'écriture de la mémoire et de la réalité, c'est aussi une façon de m'évader. D'être ailleurs. L'image qui me vient toujours pour l'écriture, c'est celle d'une immersion. De l'immersion dans une réalité qui n'est pas moi. Mais qui est passée par moi.
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L'enjeu, c'était vraiment de saisir cette évolution du monde qui en cinquante ans a basculé de façon extraordinaire pour les hommes et les femmes de ma génération.
Le mode de vie du début des années 1950 ressemble beaucoup à celui de mes parents, et même de mes grands-parents. On vivait encore d'une certaine façon dans l'avant-guerre.
Si l'on compare les villes, l'intérieur des maisons, la différence est certainement plus grande entre 1950 et 2000 qu'entre 1850 et 1950.
Le changement n'est pas dans les choses seulement, il est dans la manière de penser, dans le langage.
La vision de l'avenir elle-même s'est modifiée.
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Il faudrait, si on veut savoir qui on est, de quoi on est héritier, rassembler les pièces du musée intérieur qui nous constitue.
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Ce qui me tenait fortement, c'était l'enjeu politique de mon entreprise. Remonter le monde du café-épicerie de mon enfance, c'était en même temps décrire la culture de ce milieu populaire, montrer qu'elle n'était pas, lorsqu'on était façonné par elle, ce qu'un regard cultivé juge avec mépris et condescendance. Et ce qui m'importait, c'était de dévoiler les mécanismes par lesquels on transforme un individu en quelqu'un d'autre, en ennemi de son propre milieu. C'était une mise en question de la culture, ce qu'une forme de culture fait à l'individu, cette séparation-là. Et finalement la violence de l'écriture était ce qui correspondait le mieux pour dire ces choses.
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C'est quoi, le style ? C'est un accord entre sa voix à soi la plus profonde, indicible, et la langue, les ressources de la langue. C'est réussir à introduire dans la langue cette voix, faite de son enfance, de son histoire.
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... quand j'écris, c'est quelque chose qui s'impose comme une évidence.
Quand on aime quelqu'un, qu'on est dans la passion, on ne se pose pas de questions,
on y va. On est sûr. On est sûr que quelque chose est survenu.
C'est pareil en écrivant.
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Ecrire, ce n'est pas laisser sa trace en tant que nom, en tant que personne. C'est laisser la trace d'un regard, d'un regard sur le monde. Je comprends bien le désir actuel, chez beaucoup de gens, d'écrire leur vie, sans souci artistique, spontanément. Dans un monde incertain, en mutation, il y a une dispersion de soi et aussi un évanouissement de la mémoire collective qui font que chacun a envie de laisser une trace. On a envie de témoigner. De témoigner de son passage sur Terre. Parce que transmettre la vie au sens biologique ne suffit pas. On voudrait que soient conservées des pensées, des images, des choses insignifiantes même, tout simplement parce que ça a eu lieu. Parce que ça s'est passé. J'ai ce besoin moi aussi. Mais je ne le sépare pas d'un besoin de connaissance. Et écrire, écrire vraiment, c'est viser à la connaissance.
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C'est une certitude pour moi que nous pouvons savoir qui nous avons été, quels sont nos désirs, aller plus loin dans notre propre histoire, en essayant de nous souvenir de tous les textes lus, en dehors même de leur valeur artistique;
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C'est beaucoup de travail, l'écriture. J'ai toujours peur d'écrire pour écrire, que la chose à dire s'efface sous la facilité. Faire simplement un livre de plus ne m'intéresse pas. Dans ce cas, il vaut mieux s'arrêter d'écrire. André Breton disait avec sa grandiloquence habituelle :"Quand on n'a plus rien à dire, je veux qu'on se taise!" Je le pense aussi. Il faut que ce soit toujours un événement de faire un livre, d'aller jusqu'au bout d'un livre.
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