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Citations sur Les armoires vides (110)

Et puis, un matin, la purification, ce qui me rapproche d’autres filles, la joie immense. Depuis le temps que j’attendais, que je croyais que ça les empêcherait de venir… Toute la matinée, j’ai senti glisser, par à-coups, quelque chose. Aux W.-C., une languette pourpre, lagune croûtée de sombre, claire au centre, allongée sur la blancheur de l’indémaillable. Odeur douce et lourde du sang qui a traversé les profondeurs mystérieuses et vient mourir au jour, senteur de géranium écrasé… Je suis neuve, je suis propre, ma naissance. Entrée dans la grande fraternité des filles. Ma mère ne “voit” plus depuis trois ans, elle sort ses serviettes de l’armoire sans dire un mot. Avec les autres, je partage enfin quelque chose, les grimaces de douleur, les chuchotements “je ne vais pas à la gym aujourd’hui !”. Je vois partir avec mélancolie vers la lessive le petit paquet fleuri de rouge. Un mois, ce sera long. Et si c’était arrivé juste une fois.. Le flot de sang pur est déjà un souvenir vieux de quinze jours et j’ai peur, peur de perdre la grâce des règles dans la secousse du péché. Heureusement, la bonne lessive rouge est revenue régulièrement, à chaque fois, le renouveau, l’odeur de bête chauffée au soleil…
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« Toujours pareil , je n'ai jamais voulu les envoyer promener, faire ce que j'avais envie de faire. Ils ne voulaient pas m'emmener en colonie de vacances ou bien c'est moi, je ne sais plus. Je ne voulais peut-être pas leur faire trop de peine. Je ne les détestais peut-être pas autant, je m'éloignais, je ne les voyais plus mais je ne pouvais pas me séparer d'eux. Au moment de la communion solennelle, de l'entrée en sixième, ça s'est mis à grandir ce sentiment bizarre, n'être bien nulle part, sauf devant un devoir, une composition, un livre dans un coin de la cour [...] Je commençais à ne rien voir. A ignorer. La boutique, le café, les clients et même mes parents. »
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Je ne voudrais pas crever. La concierge est toujours en bas, le dimanche, à la Cité.


30 septembre 1973

(Excipit)
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Et si c'était à cause de lui, des bourgeois, des gens bien que je suis en train de m'extirper mes bouts d'humiliation du ventre, pour me justifier, me différencier, si toute l'histoire était fausse...
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Chez eux, c'est l'excursion, le remords lointain.
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Pendant une semaine, je suis restée creuse, s'il avait pu rester dedans tout le temps. Pas seulement le plaisir.
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La littérature, même, c'est un symptôme de pauvreté, le moyen classique pour fuir son milieu.
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Cette lèvre inférieure tortillée au-dehors, le mépris, la supériorité. Un fendeur de vent, un gringalet de luxe.
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À l'intérieur du cercle, un autre petit cercle, étouffé, silencieux, l'église à livres, la bibliothèque, mon grand bonheur.
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Denise Lesur, étudiante. Je m'installe dans ce mot comme si je devais y rester toujours.
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