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Bastien a 8 ans. Pour autant qu'il se souvienne, il a toujours connu sa maman, Marie, malade. Atteinte de troubles bipolaires à tendance schizophrénique, elle n'avait de cesse d'être internée dans les différents établissements spécialisés du Sud-Ouest. Albi, Castres, Mazamet, Toulouse... le petit garçon se demandait même si elle ne gagnait pas des points sur une sorte de carte de fidélité. Elle en revenait toujours fatiguée et sans âge. Une fois, elle était même revenue sans ses dents de devant, à cause d'une chute dans l'escalier. Elle faisait des crises parfois qui la mettaient dans un état presque bestial. Elle se tordait dans tous les sens, hurlait comme un animal blessé et rampait. Cela s'arrêtait seulement à partir du moment où les ambulanciers, avertis par le papa, intervenaient et lui injectaient quelque chose ou lui enfilaient une camisole de force. Elle repartait alors pour quelques jours voire quelques semaines. Heureusement que Bastien habitait près de chez ses grands-parents maternels chez qui il passait beaucoup de temps. Mais son grand-père n'acceptait pas la maladie de sa fille, allant jusqu'à penser que celle-ci simulait, tandis que sa grand-mère faisait parfois comme si de rien n'était. Quant à son papa, il le protégeait, lui et sa femme, et faisait tout pour que cette dernière vive normalement. de ses yeux d'enfant qui ne comprenait pas tout, de ses yeux plein d'innocence et d'imagination, Bastien observait sa maman, espérant qu'un jour elle serait guérie...


Espé nous plonge dans ses souvenirs d'enfance, plus précisément ceux concernant la maladie de sa maman, atteinte de troubles bipolaires. Il se livre avec beaucoup d'émotion et retrace avec intensité les quelques souvenirs de cette période. Les crises, les médicaments, le regard vide de sa maman, les retours des hospitalisations, les réactions de l'entourage mais aussi les quelques moments de répit qu'il partageait avec elle. Cette autofiction, l'auteur racontant sa propre histoire, celle de sa maman et celle de sa cousine, profondément intime et émouvante, ne verse jamais dans le larmoyant ou le pathos, Espé alternant les phases tragiques avec des moments plus légers. L'album est divisé en plusieurs chapitres, dépassant rarement 4 ou 5 pages, chacun s'attardant sur un moment précis. Un album poignant de bout en bout et d'une sensibilité rare. Graphiquement, le trait est sobre, parfois symbolique. Les planches, monochromes, varient du vert pour les moments plus heureux au rouge pour les périodes de crise en passant par l'ocre pour les périodes plus neutres.
Bouleversant...
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Bastien, il a de la chance : sa maman Marie est funambule, elle avance sur un fil comme la dame du cirque. Et elle a des super-pouvoirs – comme Jean Grey des X-Men, elle peut exploser à tout moment.

En fait non, Bastien n'a pas de chance.
Comme tous les enfants, il cherche à se convaincre que son environnement est normal, mais ils vivent l'enfer. Sa mère est « bipolaire à tendance schizophrénique », le père essaie tant bien que mal de préserver une vie de famille, les grands-parents et d'autres proches les épaulent. Mais les crises de Marie reviennent, soudaines, violentes, spectaculaires et terrifiantes pour un petit garçon de huit ans qui ne reconnaît plus sa maman dans ce démon qui hurle, se débat, et veut mourir tant elle a mal.
A ces brutales dégringolades succèdent les internements. L'enfant et son papa rendent visite à une femme méconnaissable, apathique, épuisée, entourée de 'fous' qui disent et font n'importe quoi.
Quand elle revient à la maison, la maman a du mal à sortir du lit. Bastien la voit rarement sourire, mais il sait qu'elle l'aime, ils partagent de bons moments : « Je sais que c'est difficile pour toi quand je suis malade et que je dois partir me faire soigner. Je sais que je te manque. Mais je t'assure que tu me manques aussi. Alors quand je ne suis pas là, promets-moi de ne penser qu'aux bons moments que nous avons déjà passés ensemble. D'accord ? »

Dans cet album bouleversant, Espé raconte ce qu'il a vécu, enfant. L'adulte qu'il est devenu, pétri de cette douloureuse expérience, nous livre ses incompréhensions et interprétations d'alors.

Le propos et le graphisme s'harmonisent parfaitement pour rendre compte de la souffrance et de la violence de la maladie, qui alternent avec les moments de répit et de douceur autour de l'enfant.
Les troubles mentaux dont souffre cette femme sont illustrés de manière évocatrice : immersion, noyade, bête sauvage, feu, explosion...
La douleur des proches, leur peur, leur sentiment de culpabilité et d'impuissance sont extrêmement touchants.

Cet album va résonner longtemps, et je retiendrai l'image de ce petit garçon recroquevillé dans un placard, témoin d'une énième crise maternelle de l'autre côté du mur. Il arrache la tapisserie pour amincir la cloison, afin de se rapprocher de sa maman qui lui échappe une fois de plus...
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Bastien, âgé de 8 ans, vit chez ses parents, dans une maison proche de celle de son Papy et de sa Mamie. Il a aussi des copains. Apparemment tout pour être heureux. Ce n'est pourtant pas le cas : sa mère souffre d'une grave dépression associée à des troubles schizophréniques. Elle est souvent internée, et là, placée sous camisole, chimique ou matérielle. Lorsqu'elle est à la maison, elle est souvent apathique et peut être prise de violentes crises de délire à tout moment. Même le méfiant médecin de la Sécurité Sociale venu procéder à un contrôle en est impressionné. Alors imaginez l'effet sur un enfant de huit ans !

C'est ce que restitue Espé à travers ses dessins. Les traits sont souvent doux, sauf pour représenter les délires de la mère ou les cauchemars (éveillés) de l'enfant. Les couleurs sont également très expressives.
On ne rit pas, on sourit rarement, et la gorge nouée, on peut laisser échapper des larmes par moments, selon son degré d'émotivité. Le propos est dur, mais l'ouvrage se lit vite, puisque le texte est succinct et le graphisme éloquent.

Cet album montre que la dépression ne peut se résumer à des caprices ou un manque de courage comme certains peuvent le penser. La mère aimante de l'enfant est la première à souffrir de ses troubles psychiques, et à culpabiliser de la douleur qu'elle inflige à ses proches.
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Quelle claque !
Espe nous offre un témoignage d'une justesse, d'une richesse et d'une beauté rare.
Comment ne pas être touché par ce petit garçon qui nous raconte des bribes de son quotidien aux côtés de sa maman atteinte de troubles bipolaire ? En tout cas, moi, je n'en suis pas sortie indemne et cette lecture va me rester longtemps.
Les choix de l'auteur, pour narrer de petits événements du quotidien pas si banal, sont vraiment excellents. Le format de ses anecdotes, n'excédant jamais 5 ou 6 pages, est parfait, l'utilisation ponctuelle de la couleur soutient toujours le propos de manière remarquable, et le passage du sens propre au sens figuré amène par sa justesse une profondeur supplémentaire. Sans jamais tomber dans le pathos, tous ces éléments servent le but global de l'oeuvre : donner, rendre quelque chose de cette enfance peu commune, expliquer peut-être aussi.

Une grosse claque donc. Et un gros coup de coeur.
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"Marie souffre de troubles bipolaires à tendance schizophrénique !!!", tel est le diagnostic posé par les spécialistes. Des troubles qui l'obligent à fréquenter des établissements psychiatriques, séjours qui l'éloignent de son fils Bastien.
Dans cette BD autofictionnelle, l'auteur, Espé, à choisi de se replonger dans ses souvenirs d'enfance, de nous faire partager sa vision de la maladie de sa mère. Une maladie qui peut faire basculer cette jeune femme d'un instant à l'autre dans une crise d'une violence extrême. La violence, on la ressent aussi dans l'incompréhension de certains proches , le grand-père maternel en particulier, dans ce que croit comprendre l'enfant doté d'une imagination débordante, mais aussi dans l'extrême pauvreté de certains services hospitaliers (murs lépreux, meubles vissés au sol...).
Le rouge orangé flamboie dans toutes les cases associées à ces crises soudaines,le gris bleuté, l'ocre étant réservés aux scènes plus neutres, tandis que le vert baigne les rares instants de calme et de bonheur partagés avec cette mère trop souvent tourmentée.
La seule porte de sortie pour le narrateur, confronté à des scènes ou des propos qu'un enfant ne devrait pas connaître, est le monde imaginaire qu'il s'est créé et dans lequel sa mère est devenue une super héroïne.
Le dessin est d'une rare puissance, s'attachant parfois aux détails, mais explosant surtout de cette souffrance maternelle.
Quant au perroquet qui donne son titre à l'oeuvre , aussi moche et rudimentaire soit-il, c'est le un magnifique témoignage d'amour et de transmission.

Une oeuvre poignante et forte, brisant les tabous, qui file directement sur l'étagère des indispensables !
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Voici un auteur qui a dessiné des séries à succès tel que Châteaux Bordeaux et qui devient un auteur complet par rapport à cette triste auto-biographie où il nous dévoile son secret de famille. On pourrait dire que c'est comme pour expurger une profonde douleur mais cela va au-delà à mesure que la lecture avance.

Le trait est un peu enfantin mais le récit est dramatique. Pour autant, il y a toute cette perception d'un enfant qui atténue un peu les choses. J'ai été bouleversé au final car c'est triste de vivre avec une personne psychologiquement malade surtout lorsqu'il s'agit de sa maman. Elle souffre de troubles bipolaires à tendances schizophréniques.

Certes, encore une lecture qui risque de plomber l'ambiance mais rien n'est jamais tout beau en ce monde. Il y a une réelle montée en puissance au fil de la lecture. L'objectif est atteint avec le final. On saura ce que représente ce perroquet. C'est certainement le meilleur album d'Espé d'où ma notation qui ne fait pas dans la complaisance.
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Le Perroquet est un doudou fait pour Bastien, 8 ans.
Bastien a une maman pas comme les autres. Sa maman est triste et fatiguée : elle est malheureusement atteinte de troubles schizophréniques et bipolaires. Elle n'y arrive plus et doit régulièrement être emmenée en hôpital spécialisé.

Par des épisodes courts, Espé nous parle de son enfance, de sa mère. Il dessine son manque, cette maladie qui l'a privé d'amour...
Les planches sont terribles mais vraies. J'ai retenu mon souffle, mes yeux étaient brillants, des larmes se sont même échappées. Rien qu'en y pensant, j'en ai des frissons...
Le Perroquet est une bande dessinée poignante qu'il faut lire vraiment. Il faut avoir le coeur bien accroché mais elle mérite vraiment d'être lu.
Mon coup de coeur BD de l'année 2017 !
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Waouh, quelle claque !
J'avais vu passer quelques critiques sur cette BD sur Babelio, et en l'apercevant dans les nouveautés de la bibliothèque, je n'ai pas hésité.
On entre vraiment dès le début dans une histoire très prenante, celle d'un petit garçon dont la maman a de gros problèmes mentaux (bipolarité, schizophrénie...), et qui nous raconte des moments de sa vie liés à sa mère, qu'elle soit en clinique pour se faire soigner, ou lors de l'un de ses retours à la maison.
L'histoire est très visuelle, car certaines scènes prennent vraiment tout leur sens lorsque l'on observe les illustrations, les formes, les couleurs choisies... Je pense par exemple à la scène dans laquelle il explique que sa mère est comme Jean Grey, et son "pouvoir" peut exploser à tout moment.
On entre dans la vie de Bastien et on découvre avec stupeur ce qu'il arrive à sa mère, ce que lui vit. Pour autant, comme je l'ai lu dans une autre critique, on n'entre pas pour autant dans le pathos ou dans le glauque. Tout nous est raconté par de courtes scènes en quelques pages, comme des anecdotes dans la vie de ce petit garçon.
Un moment de lecture captivant, à découvrir si vous en avez l'occasion, bien que ce ne soit pas là une lecture facile.
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Bastien, 8 ans, nous livre ses souvenirs... souvenirs d'une enfance troublée par la maladie...
La maladie de sa mère : troubles bipolaires à tendance schizophrénique.
Bastien nous raconte comment il a vu, vécu cette maladie... les hauts, les bas, les traitements, les crises, tout ça au travers des yeux d'un enfant !

J'ai pris une claque... les dessins, les textes sont criant de vérité, de dureté, d'espoir (parfois), de peur (souvent), de lassitude...
Cette maladie invisible, destructrice, dévastatrice pour le malade et tout son entourage !
A lire ! A lire ! A lire !!!
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Waouh...quelle puissance dans cette BD ! Bastien, 8 ans, nous raconte la maladie de sa mère, Marie, atteinte de troubles bipolaires. Un baby blues sévère, une grosse dépression, des vies qui basculent.

On est ici dans l'autofiction. Espé partage avec nous ses souvenirs d'enfance avec cette maman particulière. Les crises, les moments de répit, les retours de séjour en HP, l'effet des médicaments, les réactions de l'entourage, les petits moments qui font tout basculer, les barrières qu'on se construit pour se protéger. Si Bastien imagine sa mère en super héroïne, son grand-père refuse la maladie de sa fille, son père se bat comme un diable...et ce perroquet. Tout y est ! Je peux d'autant plus le dire que j'ai dans ma famille une tante atteinte de ses troubles qui a vécu chez nous quelques années quand j'étais ado et que vraiment, vraiment, tout est décrit avec justesse. L'histoire est racontée au travers des yeux de l'enfant, sans concessions, sans fausses pudeurs, avec la franchise et la naïveté de l'enfance. le dessin est puissant. Les couleurs, rouge pour les crises, vert pour les moments de répit, bleu-gris et ocre quand Bastien vit des moments plus "normaux" nous plonge dans l'état d'esprit du moment.

Bref, un coup de coeur pour cette BD impressionnante sur un sujet difficile. le genre de lecture qui remue et qui marque, qui marque longtemps. La BO de cette lecture, j'aurais aimé retrouver le nom du rappeur qui a fait une dizaine de chansons, chacune sur un trouble psychologique différent, mais là ça m'échappe. Alors je mettrais juste ça : ♪♫ https://www.youtube.com/watch?v=Gj9qOl_MKK0 ♪♫ (L'équipe à Jojo) en souvenir de super vacances lors d'une phase verte de ma "Marie".
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