Le « baoul » et une chaise toute rouillée, même pas jolie. Et voilà que
Julie Estève fait une rétrospective de la vie d'Antoine Orisini. Un garçon simplet, moqué depuis son plus jeune âge, en marge des autres. Un personnage profondément encré dans le temps. le temps de la différence de ceux qui ne perçoivent pas le monde comme la société l'entend. Un monde qui fout le camp et qui prend pour cible les plus faibles. le monde a besoin d'un bouc émissaire. Les gens ont besoin d'un coupable à leurs fautes. Ici, c'est tout un village contre un enfant, puis un homme. Lorsque la petite Florence est retrouvée morte dans les bois, on accuse Antoine. Pourquoi chercher plus loin ?
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Les personnages qui gravitent autour de lui sont vils, cruels et profondément égoïstes. Tous se servent de lui pour arriver à leur fin. Il y a Florence, l'Extraterrestre, amoureux de la jeune fille, qui le paie pour l'observer. C'est malsain, mais Antoine s'y prête quand même. Parce qu'il est l'être à l'esprit le plus innocent de ce village.
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Bien qu'il soit adulte, Antoine a un langage enfantin, sans code et retenue. Il parle comme ça lui vient. C'est désordonné, vulgaire, parfois. Cela m'a parfois dérangé, je trouvais que c'était trop, lourd. Lourd, comme Antoine. Mais après réflexion, j'ai compris le personnage. Il est prêt à tout pour se faire aimer. Il aime mal, c'est parfois démesuré, obsessionnel. Mais Antoine est pur, si pur. Les autres le rendent sale.
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Florence est un personnage intéressant, dommage qu'il n'y ait pas quelques chapitres de son pdv. La cruelle vérité qui l'entoure est glaciale. le seul à connaître la vérité ? Antoine. Antoine, le baoul. L'idiot, le fou. Celui que personne n'entend, ne croit. Nul être ne devrait subir la cruauté des autres.
Bien que l'écriture soit enfantine liée au langage d'Antoine, l'histoire est rudement menée, et on sent la maturité de la plume de l'auteure. Une plume qui décrit le monde, la société, le monde dans leur plus bref appareil.