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sur 673 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Tout débute dans une petite ville du Michigan dans les années 70, une bourgade tranquille, prospère, aux allées bien droites et aux jardins soigneusement taillés, où s'épanouit une classe blanche et bourgeoise aux moeurs aussi placides qu'ennuyeuses. Pourtant un malaise plane sur tout ce calme apparent, un malaise sourd et insidieux qui prend brutalement forme quand Cécilia Lisbon, la cinquième fille de Mr Lisbon le professeur de mathématique du lycée du quartier, est retrouvée dans sa baignoire, les veines de son poignet lacérées. Sa tentative de suicide va plonger la petite communauté dans la confusion, mais sera surtout être à l'origine d'un drame bien plus horrible puisque, une à une, les quatre filles Lisbon survivantes vont lui emboiter le pas, suivant leur cadette dans la mort. Cette quintuple tragédie marquera à jamais la mémoire de la ville, mais elle restera particulièrement une source de fascination pour les garçons du quartier, tous adolescents à l'époque et tous passionnément amoureux des troublantes filles Lisbon, si blondes, si belles, si insaisissables et si désespérées. Vingt ans plus tard, les garçons devenus des hommes mariés et bedonnants se replongent dans leurs souvenirs et font revivre pour nous les fantômes de Thérèse, Bonnie, Lux, Mary et Cécilia dans une ultime et futile tentative pour comprendre leur impénétrable souffrance.

Difficile en se plongeant dans « Virgin Suicides » de s'ôter totalement de l'esprit la magnifique et quasi-hypnotique adaptation réalisée par Sofia Coppola en 1999. A chaque page tournée, les éblouissantes chevelures dorées des filles Lisbon ondulent devant nos yeux et la musique cristalline du film résonne dans nos oreilles… Rares, en vérité, sont les adaptations qui parviennent aussi finement à retranscrire l'âme d'une oeuvre. Pourtant le roman de Jeffrey Eugenides se suffit déjà très bien à lui tout seul avec son infinie délicatesse, sa poésie non dénuée d'humour grinçant et son obsédante mélancolie. Les lecteurs avides de rationalisme seront peut-être déçus par les multiples questions sans réponses qui parsèment le récit, mais c'est en partie cette omniprésence du non-dit qui rend le roman si captivant. Aucune explication satisfaisante ne sera jamais trouvée aux suicides des cinq adolescentes et, par la grâce du secret, leur sort funeste quitte ainsi le domaine du fait divers pour prendre des allures de mythe. le tout donne un très très beau roman, à l'écriture débordante d'audace et de pudeur, et accessoirement un des livres les plus justes que j'ai eu l'occasion de lire sur l'adolescence et la magie mystérieuse des premiers amours.
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Quelques 20 ans après, des adolescents (de l'époque) tentent de tenter de comprendre ces 5 filles Lisbon pour lesquelles ils étaient éperdument amoureux. Quel mystère se cachait derrière cette maison abritant ces 5 beautés. Imagination, espionnage du haut de leur cabane, tout était entrepris pour approcher ces filles... Des bribes de souvenirs en investigations postérieures, pièces à convictions, rapports de médecins, ils tentent de reconstituer le puzzle de cette tragique soirée.

Un premier roman pour Jeffrey Eugenides, une réelle réussite : la lecture est aisée, rapide, l'histoire prenante, surprenante. C'est triste, c'est beau, c'est cruel mais aussi magique. Je me surprends moi aussi à épier les filles Lisbon, à tenter de deviner leurs pensées, à me mettre à leurs places pour... comprendre leur mal-être, leur vision de la vie...

Le tout sur un fond musical pop rock des années 70 (Ten CC, Todd Rundgren, Heart, ... :
que des groupes dont on ignore le nom mais dont les tubes sont familiers de tous et rappellent la nostalgie de cette époque, sans compter la « french & magic touch » de Air).

L'interaction entre le film et le livre est telle que lorsque je parcours la lecture de ce roman, cette musique trotte, en même temps, dans ma tête, et vient se glisser entre les lignes de chaque paragraphe.
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Une écriture à le 1ere personne du pluriel, c'est rare ! Ce livre arrive à nous faire partager une impression de découvrir cette famille Lisbon, fermée sur elle même, de l'extérieur, au travers des fenêtres fermées, par bribes, comme une enquête policière sur une affaire classée. Les narrateurs se remémorent ce qu'ils savent de ces 5 jeunes filles, par supposition, souvenirs ou découvertes lors d'une des rares communications de chacune d'entre elle avec l'extérieur.
Ce flou perturbe un peu au début, et oblige à se concentrer pour rentrer dans le livre, alors même qu'on en connaît le dénouement, mais c'est toute la qualité de ce livre de loger l'intrigue dans ce qu'on ne sait pas.
Les quelques scènes ou les 5 soeurs ont un rôle important sont particulièrement savoureuses, par contraste avec le black out qu'impose la mère ! Il y a notamment une scène de sexe, page 90, comme je n'en avais jamais lu.
Très beau livre, inclassable !
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The Virgin Suicides
Traduction : Marc Cholodenko

Premier roman de l'auteur, "Virgin Suicides" est un roman au style incantatoire et lancinant que je conseille vivement de lire à voix haute. En apparence, il est moins touffu que "Middlesex" mais la longueur des paragraphes vient vite modifier ce point de vue. L'intrigue semble aussi plus reserrée, plus "locale" mais ce n'est là que faux-semblant car, à travers le destin des cinq filles Lisbon, c'est du mal dont souffre l'Amérique que traite Jeffrey Eugenides.
Si vous avez déjà vu le film de Sofia Coppola, vous connaissez plus ou moins le thème de ce roman. Sinon, imaginez une petite ville du Michigan, à la fin des années 70 ou au début des années 80, et, dans cette petite ville, un quartier aisé où il n'y a pas de Noirs. le seul événement qui fasse marcher les langues, c'est la grève entreprise par les fossoyeurs locaux - elle durera plus de 400 jours mais nous ne le savons pas encore. le détail, pourtant, vaut son pesant d'humour noir.
Mr et Mrs Lisbon, lui professeur de mathématiques au lycée du coin, elle mère au foyer, vivent tranquilles avec leur cinq filles : Thérèse, Bonnie, Lux, Mary et Cecilia. Les filles étant en pleine adolescence, les garçons du coin fantasment énormément sur elles et passent tout leur temps libre à les espionner. Jusqu'au jour où la dernière d'entre elles, Cecilia, fait une tentative de suicide ...
Le récit est fait par l'un de ces garçons, devenu depuis lors un homme bedonnant et sans doute un peu chauve, un chroniqueur qui nous apprend que, loin de faire s'évanouir leur attachement aux filles Lisbon et à leur tragique destin, le Temps a accru leur désir forcené de comprendre les raisons qui, un an à peu près après la mort de leur benjamine, poussèrent les survivantes à mettre fin à leurs jour.
S'il est en droit de penser que l'autoritarisme puritain de leur mère et la faiblesse chronique de caractère de leur père ont joué un rôle dans leur suicide quasi collectif, pour le reste, le lecteur - pas plus que notre chroniqueur - ne parviendra à démêler des fils il est vrai savamment emmêlés, et souvent par les filles Lisbon elles-mêmes.
Finalement, peut-être ce désir de mort était-il dans l'air du temps, comme un virus secret et imprévisible auquel le décès de Cécilia aurait rendu ses soeurs particulièrement sensibles. Après tout, lorsqu'ils découvriront son cadavre, dans son sac de couchage, les infirmiers constateront que Mary avait revêtu pour mourir une robe noire et un voile qui évoquaient la vision funèbre de Jackie Kennedy derrière le cercueil de son mari ... Peut-être les filles Lisbon ont-elles pressenti combien la vie, américaine ou non, est vaine et ont-elles préféré la quitter pour éviter que ce ne soit elle qui les quitte un jour sans leur demander leur avis ...
Un roman délicat, où chaque mot vous fait mieux apprécier les non-dits et les silences qui parsèment la vie des filles Lisbon - et de leurs parents. Un roman à savourer, comme on savoure un fruit un peu talé et un peu trop mûr, qui vous laisse dans la bouche comme un arrière-goût d'automne et de regrets diffus. ;o)
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Vingt ans après le suicide des cinq filles Lisbon, des adolescents devenus des adultes bedonnant, tentent encore de percer les mystères entourant ces jeunes filles. Rassemblant leurs souvenirs, des rapports médicaux, des confessions et autres fragments de mémoire ou de ragots, ils tentent de comprendre ce qui les a poussé à commettre l'irréparable.

Difficile de lire ce roman sans penser à l'adaptation hypnotique de Sofia Coppola réalisée en 1999. Jamais un film n'aura sû saisir les mots d'un auteur avec des d'images et une bande son aussi marquantes que saisissantes. A la lecture du texte de Jeffrey Eugenides, le lecteur est transporté dans les mystères de l'adolescence de cinq jeunes filles insaisissables, qui évoluent telle une seule entité, chacun s'accordant à dire que leur ressemblance n'encourage pas à les différencier. La rigidité de leurs parents les tiennent à distance d'un monde qu'elles ne comprennent pas vraiment et qui ne les comprend pas d'avantage. le fait divers devient un symbôle, presque un mythe, qui marquera éternellement les esprits de ceux qui auront cotoyé les filles Lisbon. Virgin Suicides est un roman initiatique unique et bouleversant au bout duquel des hommes prennent conscience de leur impuissance à sauver des jeunes filles qui n'auront pas réussi à passer à l'âge adulte.
Lien : https://sirthisandladythat.w..
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Dès le titre, dès les premiers mots, tout est dit. “Le matin où ce fut au tour de la dernière des filles Lisbon de se suicider - c'était Mary cette fois-là, et les somnifères, comme Therese - les deux infirmiers arrivèrent à la maison en sachant exactement où étaient le tiroir des couteaux, et le four à gaz, et la poutre dans la cave où on pouvait attacher une corde.” Voilà donc l'histoire de cinq gamines qui n'ont pas perdu de temps avec la vie.

Pour raconter cette tragédie adolescente, Jeffrey Eugenides choisit un narrateur collectif. Un “nous” cent pour cent masculin derrière lequel se cachent des garçons du voisinage de cette banlieue bourgeoise. Ils s'adressent au lecteur, des années après les faits, rassemblant leurs souvenirs sporadiques, mais aussi des photos, des témoignages, le dossier de l'hôpital, le rapport du psychiatre, un journal intime, des lettres. Tout ce qui pourrait leur permettre de comprendre, au moins un peu, ces adolescentes qui les fascinent tant. “Vous pouvez lire l'article si vous voulez, nous l'avons versé au dossier comme pièce à conviction numéro 9.”

Mais ils ont toutes les peines du monde à les cerner, ces blondinettes vaporeuses, ces anges charnels, ces créatures fiévreuses - des jeunes filles, en fait. Ils n'ont accès qu'à des fragments de leurs vies de recluses dans la maison familiale, tenue par une mère rigide et un père démuni. Ils observent - et le lecteur aussi - leurs fenêtres embuées ; ils respirent, presque effrayés, leurs effluves femelles ; ils écoutent, bouche bée, leurs voix mêlées. “Qui savait qu'elles parlaient tant, avaient tant d'opinions, désignaient le monde de tant de doigts tendus ?”

Au médecin qui la sermonne - “tu n'as même pas l'âge de savoir à quel point la vie peut devenir moche” -, la plus jeune répond “on voit bien, docteur, que vous n'avez jamais été une fille de treize ans.” Jamais ils ne comprendront. Ni les médecins, ni leurs parents, ni les garçons de leur âge. Une intuition néanmoins : peut-être leurs suicides étaient-ils “un refus simple et raisonné d'accepter le monde tel qu'il leur était proposé, si plein de défauts.” Un monde décadent, où l'on n'a plus qu'à subir le mouvement meurtrier du temps et se construire une histoire avec laquelle vivre, dans la mélancolie du restant des jours.
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"Virgin suicides", pour moi c'était le splendide film de Sofia Coppola au casting étourdissant.
L'envie me tarraudait de découvrir le roman, ce qui est maintenant chose faite et ce qui a eu pour résultat non pas d'éclipser le film mais bien de lui donner une autre dimension.

Oppressant, étouffant, malsain, noir, comme autant de cris de détresse, et pourtant émouvant. Emouvant et terriblement addictif. le récit est lourd et pas vraiment aéré, mais il embarque pour un voyage au fin fond de la folie humaine et du mal être adolescent dans toutes leurs extrémités et dans toutes leurs dérives.

Ce roman est magistral tant il fait passer ce qu'il a à faire passer: l'estomac se noue de tristesse, la révolte intérieure gronde, des sourires face à de furtifs moments de bonheur (mais furtifs entendons-nous), l'incompréhension s'installe, ... Assise face à des hommes s'interrogeant toujours sur ce qui a pu se passer dans les murs de la maison Lisbon, je me suis laissée embarquée dans leurs souvenirs, leurs questionnements, leurs sentiments.

Que s'est-il réellement passée dans cette maison familiale?

Qu'est ce qui a pu se passer pour pousser les 5 soeurs au suicide?

Quel était le contexte familial?

Telle une photographie d'une époque ou tout et son contraire sont permis, ce bouquin nous offre une plongée asphyxiante au sein d'un drame.

Et pourtant rien ne va dans l'exces ... à aucun moment je ne me suis sentie dégoutée de ma lecture. Au contraire, j'étais prise dedans, je ne pouvais pas la lacher (ne me demandez pas combien d'heures de sommeil au compteur je prends un joker ...). Acide, piquant là où ça fait mal, dérangeant ou plutôt percutant, un magnifique roman servi par une excellente plume se voulant comme étant le miroir de ces destins brisés.

Superbe roman ...
Lien : http://desmotssurdespages.ov..
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Dans les alentours des années 1970, dans une banlieue bourgeoise, Cecilia Lisbon se suicide, cadette d'une famille de cinq filles qui la suivront très vite dans son funeste voyage.
Seulement, l'important n'est pas comment mais pourquoi.
Des années plus tard, quelques garçons, désormais hommes, tentent de reconstituer l'histoire, afin de la comprendre.
« Et ce furent ceux qui n'avaient pas de blessures qui travaillèrent à leur propre guérison. »

Genre : Drame
Le(s) thème(s) abordé(s) : le regard des autres, l'obsession des américains pour le bonheur, la vie en banlieue, le suicide évidemment et l'adolescence et la façon de la vivre.

« Chaque seconde est éternelle. »
L'histoire se passe après une guerre, sûrement la Seconde Guerre Mondiale, ou plus récemment celle du Vietnam puisque nous nous trouvons dans les années 1970, dans une banlieue huppée du Michigan .
J'aime beaucoup tout ce qui se passe en 1900, le XXIème siècle m'est un peu trop commun, j'aime comprendre et savoir comment ils vivaient à une certaine époque seulement grâce à quelques détails dans un livre. de plus, le fait que ça se passe dans une petite banlieue restreint le terrain de l'histoire, d'un côté on se sent rassuré, mais très vite, on se sent enfermé.

« Nous savons enfin que les filles étaient des femmes déguisées, qu'elles comprenaient l'amour et même la mort, et que notre boulot se bornait à créer le bruit qui semblait tant les fascinait »
Il y a six personnages principales, les cinq soeurs Lisbon, et leur père. Je ne compte pas leur mère comme étant un personnage principale, car, à mon sens, elle a beaucoup d'importance mais l'histoire ne tourne pas autour d'elle.
« Cécilia était bizarre mais pas nous […] On veut juste vivre. Si on veut bien nous laisser. »
Il y a Cécilia (13 ans), qui disparait très vite, dès le premier chapitre, mais elle reste très présente dans l'histoire, disons que c'est un personnage principal mort.
Puis il ya ses soeurs, Lux (14 ans), Bonnie (15 ans), Mary (16 ans), Thérèse (17 ans). On pourrait penser que l'histoire tourne autour de Cécilia, même morte, mais, la vérité, c'est que Cécilia était l'entrée, la mise en bouche, le prologue, l'important, celle autour de qui tout tourne (et pas seulement les garçons) c'est Lux.
Lux est belle, drôle, espiègle, sexy, elle sait ce que les garçons aiment et fait tout pour leur plaire d'avantage, au début, c'est juste une ado rebelle qui se cherche, mais plus l'histoire avance, plus elle perd pied, elle dégringole, jusqu'à toucher le fond.
Seulement, les Lisbon sont solidaires, et bien que les trois autres soient plus discrètes dans l'histoire, elles y passent aussi.
Le père quant à lui, à son lot d'infortune, c'est un personnage très humain qui essai de vivre après chaque drame, qui relativise et tente d'offrir un tant soit peu de bonheur à ses pauvres filles, seulement, sa femme et lui n'ont pas la même notion du bonheur, et de la manière dont on peut l'offrir aux jeunes filles.
C'est en ça que Mme Lisbon fait avancer l'histoire (mais il n'y a que l'histoire qu'elle fait avancer) croyant, ou se persuadant, aider ses filles et son mari, elle les fait tous plonger un par un dans la miséricorde et la détresse.
Il y a aussi le narrateur dont on ne connaitra jamais l'identité, ce que je trouve très intelligent comme procédé, et assez amusant, car il peut être n'importe qui, et n'importe qui se permet de raconter l'histoire de ces filles, avec plus ou moins d'objectivité.
Mais personnellement, je trouve que lui, avec les informations qu'il a amassé, y parvient assez justement.
Il y aussi toutes ces personnes qui ont fait avancer son récit, grâce à des témoignages, des souvenirs ou des pièces à conviction, des gens qui n'ont fait que passer, ce qui a augmenté l'effet de « zoom » sur la famille Lison, mais il était donc assez facile de se perdre dans un nom déjà lu et de na pas retrouver en quoi il avait contribué à l'histoire.

Le titre est une chanson du groupe Cruel Crux, portant le titre « Virgin Suicide » qui le donnera au livre, Cruel Crux (groupe qui, à ma connaissance, n'existe pas, et j'ai pourtant fait des recherches) est un groupe que Lux écoutait, ce qui prouve encore qu'à mon avis, l'histoire tourne autour d'elle, puisque c'est la chanson de Lux qui deviendra le titre de leur histoire.
Une autre hypothèse quant au rapport titre/histoire, plus connotée et personnelle, et que Jeffrey Eugénides ait voulu montrer que les suicides des filles étaient, en quelques sortes, purs et innocents, qu'elles sont « vierges » du suicide, peut-être cela voulait-il dire que c'étaient leurs premières fautes commises (sauf Lux peut-être…), de se suicider, d'où la Vierge (qui, en plus, est un symbole très récurrent du livre)

L'histoire est simple en surface : Des ados qui se suicident, à la chaine si j'ose dire, et un groupe de garçons qui observent, spectateurs horrifiés, la vie les emporter. Mais si on creuse un peu, c'est bien plus compliqué que ça en à l'air, ce livre est une vraie réflexion sur le suicide et sur l'adolescence, et la vie en banlieue, trop serrée, trop étriquée avec les codes de la bourgeoisie, être une fille de banlieue des années 70, c'est se taire et regarder les hommes défiler à notre porte.
« Pourquoi les gens font semblant d'être heureux tout le temps ? »
Tout à l'heure j'ai vaguement évoqué les thèmes abordés, parmi eux, donc, les codes de la mondanité, le suicide, l'adolescence, mais surtout, celui sur lequel je voudrais en dire un peu plus, c'est l'obsession du bonheur chez les américains, en premier lieu, on sait tous que l'Amérique, c'est le « Rêve Américain » (« chers amis, tout est possible dans le Nouveau monde ! » -Non, non, bien trop de gens y croient et y meurent…) Ensuite, et pour en revenir à notre roman, il y a un personnage en particulier qui incarne cette obsession, c'est la très chère mère des filles, qui tente de se persuader qu'elle contrôle tout, qu'elle contrôle les passions, les rêves, l'avenir, qu'elle contrôle ses filles et le monde qui les entoure. le bonheur est dans le confort pour elle, confort qui commence vite à devenir étouffant, jusqu'à être une prison.
Mais finalement, bien d'autres personnages, juste par une phrase, un geste… représente cette obsession.
L'histoire commence par la fin. Par la mort. Par le suicide de la dernière fille, donc on sait d'entrée de jeu qu'on ne doit pas s'attacher à ces filles, puisque dès les premières lignes le narrateur nous explique que c'est terminé, on arrive trop tard. Et pourtant, il est fort Jeffrey ! Il a réussi malgré tout à me faire éprouver des tas de choses, mais pire que tout, je m'y suis attachée à ces filles ! Alors que je savais comment ça allait finir, comme quoi, c'est un bon auteur.
A la fin, on a toujours rien compris, on se sent bizarre, une partie de nous y est encore, tentant désespérément de comprendre le pourquoi du comment, on a la drôle d'impression qu'il manque quelque chose « Là où les pièces manquantes manqueront à jamais »
Mais on se sent quand même soulagé, un poids en moins, pense-t-on, C'est qu'elle était plus lourde que les autres, la dernière page.
« Afin d'être éternellement seules, seules dans le suicide, qui est plus profond que la mort. »

Je n'ai pas beaucoup parlé de Jeffrey Eugénides, pourtant, tout ça c'est grâce à lui, donc, je n'avais jamais rien lu de lui et sans doute ne relirai-je jamais une de ses oeuvres (Ou peut-être Middlesex) c'est beaucoup de réflexions, ce sont des histoires simples qui cachent beaucoup de questions, on réfléchit à chaque page qu'on tourne, et lorsque c'est la dernière, on se sent différent, c'est particulier comme manière d'écrire, ça fait rêver tout en faisait redescendre sur Terre.
Je le dis souvent, mais il a réussit à se mettre dans la peau d'adolescents, autant heureux que préoccupés, il est parvenu à écrire un livre sur le suicide, sans que ce la soit morbide, il a su s'arrêter à la limite.
De plus, il dit des choses simples mais de manières tellement belle que ça les rend passionnates.

Mon grand-père me demande souvent « Comment tu les trouves tous ces livres ? » Pour celui ci, en fait, c'est assez tordu, je me baladais sur Facebook, en regardant les descriptions que certaines filles écrivaient et je suis tombée sur une très jolie phrase sans références, et je me suis dit « C'est trop beau pour être d'elle » et je ne m'étais pas trompée, ça venait d'un drôle de film intitulé « Virgin Suicides » mais l'histoire ne me disait rien, mais elle était vraiment belle cette phrase ! Et un jour il est passé en VO à la télé, mais ce jour là, j'ai fait des recherches, c'était donc bel et bien un livre à la base, bonne nouvelle puisque j'adore les livres, et qui plus est, ceux qui ont une adaptation, alors je l'ai acheté, et ce livre est un des rares livres a m'avoir changé (moi ou ma manière de voir les choses). A m'avoir secoué.
« On a affaire à une rêveuse totalement déconnectée de la réalité, en sautant elle a du penser qu'elle s'envolerait. »

Merci à la jolie jeune fille qui a mis cette citation, en revanche, la prochaine fois, mets les références.
Et surtout, merci à ce merveilleux auteur, qui à l'honneur de compter parmi mes modèles d'écritures et parmi ceux qui m'ont littéralement renversé.
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VIRGIN SUICIDES de JEFFREY EUGENIDES
Cécilia la plus jeune, s'était ouvert les veines dans la baignoire avec une image de la Vierge collée sur la poitrine, Mary se suiciderait la dernière avec des somnifères, Cécilia avait 13 ans, Mary, 16. Quand Cécilia sortit de l'hôpital, un psy conseilla à Mr et Mme Lisbon d'assouplir les règles de vie et dès lors la maison fût ouverte et il y eut même une soirée, la première et la dernière. Cécilia passera par la fenêtre pour s'empaler sur la hampe d'une clôture. Rien dans son journal intime ne révélera quoique ce soit. À la rentrée de septembre, Lux, Thérèse, Bonnie et Mary retournent à l'école où leur père est enseignant, Lux semble coucher avec des garçons. Extérieurement, la maison des Lisbon paraît à l'abandon, les feuilles mortes ne sont plus ramassées, Mme Lisbon ne sort plus, se fait livrer les courses, il y aura bien encore une soirée avec des garçons en voiture et Lux rentrera avec deux heures de retard, désormais la maison va se transformer en forteresse jusqu'au dénouement dramatique.
Un roman impressionnant fait de témoignages de voisins, journalistes ou psychologues mais surtout des adolescents du quartier qui vont les observer, rêver d'elles, les fantasmer, les cinq filles Lisbon. Des années plus tard ils essayeront encore de comprendre. Elles sont l'objet de tous leurs désirs, de toutes leurs frustrations. C'est aussi une fine analyse de la pression exercée sur les adolescentes dans ces années là, la mère n'apparaît quasiment pas dans le récit mais on la sent omniprésente. Seul le père, présent mais dépassé, acceptera de parler(un peu) après le drame.
Le film de Sofia Coppola, vu il y a plus de vingt m'est immédiatement revenu en mémoire, inoubliable, si fidèle au roman. Je vous conseille vivement ce livre intelligent et mystérieux.
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J'ai D.E.V.O.R.E ce livre très rapidement.
Le (ou les ?) narrateur(s) nous explique ici le récit de la famille Lisbon dans une petite ville américaine vingt ans auparavant. Cinq jeunes soeurs, toutes mystérieuses et intrigantes, sont ici décrites.
Tout commence lorsque la plus jeune, Cécilia, se taille les veines dans la baignoire familiale. Elle est emmenée à l'hôpital mais réussira tout de même à se donner la mort trois semaines plus tard.
Les mois passent suite à ce drame et l'on sait d'avance que ses quatre soeurs suivront le même chemin... Pourquoi ? Comment ?

C'est avec un certain malaise mais sans tomber dans des détails glauques où sordides que Jeffrey Eugenides réussit ici à nous plonger dans son univers.
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