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Critique de Nastasia-B


Oreste est, de mon point de vue, l'une des toutes meilleures pièces d'Euripide. Alliant à la fois un côté didactique très poussé, notamment sur le rappel des généalogies de la lignée des Atrides (Maison royale d'Argos), un potentiel tragique indéniable avec matricide à la clef, une réflexion civique intéressante digne de captiver Jean-Paul Sartre avec cette magnifique interrogation : « Faut-il assassiner les assassins ? », une valeur de récit mythique pour le peuple grec, et même — même — une petite cerise inattendue sur le gâteau tragédien... Approchez-vous que je vous parle à l'oreille :

À dire vrai, entre nous, entre quatre yeux, interrogeons-nous : Euripide serait-il l'inventeur insoupçonné mais véritable de la tragi-comédie ? Des accents burlesques fleurissent en fin de pièce par l'entremise du Phrygien et la tragédie, chose assez rare, a une happy-end (certes ce n'est pas la seule, on connaît notamment Alceste chez Euripide qui possède le même type de tournant du sort final).

Donc vous avez le droit à tout avec cet Oreste, le destin mêlé des rois, des hommes et des dieux, sans oublier les femmes, omniprésentes dans les débats. de grands sentiments (amitié, amour filial ou fraternel), de grandes émotions (meurtre, retour inespéré, folie, sentence populaire, recueillement), de l'action et du suspense (complots, coups de théâtre, combats, jugement, machiavélisme politique), et, en un mot comme en mille, du grand art, un must toutes tragédies antiques confondues. On comprend pourquoi Byzance la considérait comme l'une des trois seules dignes d'être jouées (avec Hécube et les Phéniciennes).

Euripide nous focalise sur le moment crucial du retour du roi Ménélas après sa victoire sur Troie après dix années d'absence, au moment précis où Oreste vient d'assassiner sa mère Clytemnestre au motif que celle-ci vient traîtreusement d'abattre son mari, le valeureux Agamemnon, frère de Ménélas, qui avait découvert le pot-aux-roses de son adultère avec son cousin Égisthe.

Oreste prétend avoir agit selon le bien et les ordres des dieux ; pour les citoyen d'Argos, c'est un matricide, crime punit par la mort. Dernier des derniers ou héros, telle est la question.

Pour sa soeur Électre, de même que pour son fidèle ami Pylade, pas de doute, Oreste est un héros qui a vengé l'honneur souillé de son père, le majestueux Agamemnon. Par contre, pour son grand-père Tyndare, le père de Clytemestre, Oreste n'est qu'un vaurien, qui s'est rendu aussi coupable que sa mère en adoptant le même mode opératoire.

Tyndare prétend que sa fille méritait un châtiment exemplaire mais que ce n'était pas à son fils de le prononcer, et surtout pas à l'aide du couteau… et vous ? Qu'en dites-vous ?

Je pourrais palabrer ainsi encore longtemps sur les mérites de cette tragédie, mais vous avez compris le message et l'on peut aussi considérer que je vous ai déjà livré l'essentiel de mes impressions, c'est-à-dire, pas grand-chose. Au reste, c'est à vous de vous forger votre propre opinion, n'en déplaise à Apollon, Zeus, Hadès ou Dionysos...
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