Cet ouvrage collectif regroupe l'essentiel des interventions prononcées en mars 2007 lors des premières « Rencontres sur les Amériques contemporaines » organisées par l'IEP d'Aix-en-Provence et l'Université d'Aix-Marseille I. Si les deux organisateurs, Daniel van Eeuwen et
Isabelle Vagnoux, sont des spécialistes des relations intermaméricaines, l'objet du livre, brillamment introduit par
André Kaspi, ne se limite pas au seul continent américain mais concerne bien l'ensemble des liens qui unissent les Etats-Unis au reste du monde.
Pendant la Guerre froide, l'Europe était au centre de la politique étrangère américaine. Après 1989, alors que les flux commerciaux transatlantiques étaient dépassés par les flux transpacifiques, on s'était demandé si la relation avec l'Asie n'allait pas devenir la plus importante. Ce débat est aujourd'hui dépassé et les spécialistes de l'Europe comme ceux de l'Asie (on lira avec intérêt un très bon article de
Jean-Luc Racine sur la relation indo-américaine) font désormais front commun pour déplorer la relégation de ces régions des priorités américaines.
En effet, depuis le 11-septembre et la guerre en Irak, la politique étrangère américaine est surdéterminée par les enjeux moyen-orientaux. La lutte contre le terrorisme a été à la fois la cause et le prétexte à la mise en oeuvre d'une « diplomatie transformationnelle » dont tous s'accordent aujourd'hui à constater la faillite. Aucune issue heureuse n'est envisageable à la guerre en Irak, sinon un retrait graduel et piteux qui nourrira un fort ressentiment anti-américain dans la région tandis qu'il ouvrira probablement aux Etats-Unis un cycle isolationniste. Cet échec sans appel condamne le projet de Grand Moyen-orient qui aspirait à convertir, à partir de l'exemple irakien, les pays de la région aux charmes de la démocratie. le conflit israelo-palestinien n'a pas avancé ; il s'est même aggravé en raison des années perdues lors du premier mandat Bush. Sans parler de l'influence grandissante de l'Iran devenu le seul gendarme de la région depuis l'effondrement du régime baathiste en Irak.
On a peut-être le tort, en Europe comme dans le reste du monde, de trop attendre de la fin du mandat de George W. Bush. Les marges de manoeuvre de son successeur ne sont pas si grandes. L'énergie qu'il devra consacrer au désengagement irakien limitera les initiatives qu'il pourrait prendre sur d'autres dossiers. Peut-être le capital de sympathie dont il bénéficiera, pendant un an ou deux, lui permettra-t-il d'engranger quelques succès symboliques (accord de paix israélo-palestinien ? réunion pacifique de Taïwan à la Chine ? dénucléarisation définitive de la Corée du Nord ? déblocage des négociations à l'OMC ? relance du processus de Kyoto ?). Mais la politique étrangère qu'il mènera sera plus proche de celle que Condoleezza Rice met en oeuvre que celle-ci ne l'aura été du « wilsonisme botté » décliné par les Rumsfled, Wolfowitz et Cie durant les quatre années du premier mandat de George W Bush.