Super. Le poste idéal pour quelqu'un qui avait déjà touché le fond. Patron pourri, boulot pourri, salaire pourri. Les possibilités de m'apitoyer sur mon sort seraient infinies.
Il y a des hommes qui entrent dans la vie d’une femme et la lui bousillent définitivement. C’est ce que Joseph Morelli m’a fait - pas définitivement, mais à intervalles réguliers.
Lula portait un bustier dégageant un max ses nichons. Elle fit rouler la boîte de bière fraîche sur sa poitrine. Je me dis que c’était un effort inutile. Il lui aurait fallu un tonnelet pour rafraîchir des seins pareils.
Ronald Buzick était boucher, dégarni et gras. Et peut-être étais-je un peu snob en la matière, mais je trouvais extrêmement difficile d'avoir des visées romantiques sur un type qui passait ses journées à farcir d'abats le cul des poulets.
Attendre ne faisait pas partie de mes passe-temps favoris. (...) Il existe sans doute des gens qui savent tirer profit de telles situations, en faisant un bilan, en établissant des listes de choses à faire, en se plongeant dans une introspection constructive. Attendre, pour moi, était une dépravation des sens. Un trou noir. Une perte de temps.
- A ta tête, je dirais que tu le connais.
J'acquiesçai.
- Je lui ai vendu un pain au lait quand j'étais au lycée.
Connie ricana
- Chérie, la moitié des nanas du New Jersey lui ont vendu leur pain au lait.
Je fis l’inventaire du contenu de mon sac, m’assurant que j’avais bien tout mes effets - menottes, matraque, torche électrique, revolver, balles supplémentaires (ce qui ne serviraient pas à grand-chose vu que j’avais complètement oublié comment on rechargeait un revolver - mais bon on pouvait toujours avoir besoin de quelque chose de lourd à jeter sur un fuyard).
On aurait pu acheter le père de Joe pour cinq dollars et un pack de six bières, malheureusement il était mort.
Personne ne prêtait attention à mamie Mazur. Elle faisait toujours joujou avec le revolver, visant à droite et à gauche, s'habituant à l'avoir en main. Je me rendis compte qu'il y avait une boite de munitions à côté de mes tampons. Une éventualité effrayante ricocha à la surface de mes pensées.
- Mamie, tu ne l'as pas chargé, dis-moi ?
- Bien sûr que si, me répondit-elle. En laissant un logement vide comme j'ai vu faire à la télévision. De cette façon, on ne peut pas tirer par erreur.
Elle inclina le revolver pour prouver la véracité de ses dires. Il y eut une forte détonation, un éclair jaillit du canon du revolver, et la carcasse du poulet bondit de son plat.
Je me demandai si neuf heures du matin était trop tôt pour boire de la bière. Évidemment, à Moscou, il devait être quatre heures de l’après-midi. Vendu !