Citations sur Les blessures invisibles (18)
Ta mère nous a beaucoup parlé de toi. On peut dire qu’elle
est fière. Tu viens d’avoir treize ans, c’est ça ?
Oui.
Un ado, quoi. Eh ben. Moi aussi j’ai un garçon de treize ans.
Et c’est pas toujours facile avec lui.
C’est ici, le couloir de la mort ?
Elle sourit.
Non, Tommy.
Alors c’est où ?
Ne pense pas à ça.
SEMPER FORTIS
Le garçon s'avança dans le couloir les yeux fixés devant lui sur la croupe large qui,en ondulant ,faisait bouger la ceinture à laquelle étaient accrochés des menottes ,une matraque et un trousseau de clés cliquetant au rythme des pas du gardien.Il y avait des tâches de sueur au dos de la chemise bleue de l'homme qui se frottaient sans cesse le cou avec sa main.C'etait la première fois que le garçon était autorisé à pénétrer dans cette partie de la prison.
Le garçon s'avança dans le couloir, les yeux fixés devant lui sur la croupe large qui, en ondulant, faisait bouger la ceinture à laquelle étaient accrochés des menottes, une matraque et un trousseau de clés cliquetant au rythme des pas du gardien.
Debout, une main protégeant ses yeux de la lumière, sa mère lui souriait. Elle portait une chemise blanche et un pantalon, au lieu de l'uniforme de la prison. Elle n'avait pas de menottes, pas de chaînes aux pieds. Elle ressemblait à un ange. Comme si elle était déjà au ciel. Elle ouvrit les bras et le serra tout contre sa poitrine. Pendant longtemps ils furent incapables de parler. Il s'était jurer de ne pas pleurer. Enfin, elle recula légèrement pour le regarder, sourit et lui ébouriffa les cheveux. "Tu aurais besoin d'une bonne coupe, jeune homme.
- Tout le monde porte les cheveux longs aujourd'hui
Un secret de ce genre, c'était une sorte de tumeur maligne,qui se nourrissait de votre honte et de votre culpabilité, générant une peur qui vous rongeait les entrailles.
Enfin, au terme d'un interrogatoire au caractère de plus en plus indiscret qui semblait le gêner davantage qu'elle-même ne l'était, Diane lui révéla qu'elle n'avait plus ses règles depuis deux mois, fait auquel elle avait curieusement accordé peu d'importance. Le docteur Henderson émit un son guttural, comme s'il avait avalé une arête, puis sortit s'entretenir avec sa mère. Quelques minutes plus tard, l'univers relativement douillet de la famille Bedford explosait.
Tandis que sa mère, en pleurs, téléphonait à son père pour lui apprendre la nouvelle scandaleuse, Diane, aidée du petit calepin revêtu de cuir rouge du docteur Henderson, identifia le dimanche où sa moralité l'avait outrageusement abandonnée. Le docteur Henderson fit observer que c'était le jour où la Corée du Nord avait envahi la Corée du Sud, événement qui risquait fort de provoquer une troisième guerre mondiale, ce dont Diane serait sans nul doute tenue pour responsable.
Légèrement à l'écart,Tom observait la scène.
"SEMPER FORTIS",dit-il à voix basse, persuadé que personne ne l'avait entendu.
Lois se retourna et lui demanda ce qu'il avait dit.
"-Rien ,répondit-il en souriant.
--Tu es parti où ?
--Nulle part.Je suis ici avec vous."
Elle le regarda longuement puis se pencha vers lui et l'embrassa tendrement sur la joue.Alors Tom passa le bras autour de sa taille. Ils firent demi-tour et traversèrent la pelouse ensoleillée vers la maison.
Pour lui, son bonheur, c était comme des chaussures neuves encore un peu trop raides, qui lui iraient bien une fois qu elles se seraient faites à son pied. Mais il ne voulait même pas y penser. Au cas où son bonheur, effarouché, ne s envole.
Tommy avait fini par lire tous les romans de type western dont la bibliothèque disposait. La gentille vieille dame à l'accueil n'oubliait jamais de lui signaler l'arrivée d'un nouveau livre et en faisait même venir des autres bibliothèques. En attendant, Tommy sur les conseils de Ducky, essayait d'autres auteurs, comme Agatha Christie, P.G. Wodehouse et M.R. James, qui écrivait les histoires de fantôme les plus effrayantes qu'il ait jamais lues. Mais la meilleure suggestion de Ducky fut, de loin, Rudyard Kipling. Tommy se retrouva alors transporté dans des mondes tout à la fois excitants, exotiques et étrangement ordonnés et rassurants. Des mondes où le danger et même la méchanceté existaient, mais où la vérité et l'honnêteté triomphaient.
Elle le regarda longuement puis se pencha vers lui et l’embrassa tendrement sur la joue. Alors, Tom passa le bras autour de sa taille. Ils firent demi-tour et traversèrent la pelouse ensoleillée vers la maison.