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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce roman, traduit du brésilien par Paula Anacoana, nous offre treize magnifiques portraits de femmes...
Une très belle découverte !

Maria du Rosaire immaculée, a été enlevée à sa famille sous les yeux de ses parents et de sa fratrie. Elle mettra des années à retrouver la trace des siens et à revenir dans son petit village natal.
Isaltina Campo Belo est tombée enceinte suite à un viol collectif. Sa vie n'a plus jamais été la même, et elle n'est plus retournée à son travail...
Mari Bendita a tout fait pour découvrir le monde, Rose Dusreis, elle, pour devenir danseuse. Pourtant cela semblait impossible à ces deux petites filles noires...
Lia Gabriel a été abandonnée par son mari, trop lâche pour assumer leur enfant malade. Il a fallu qu'elle se batte seule et qu'elle préserve ses enfants du regard des autres.
Et...puis il y a les autres. Elles sont treize en tout, treize femmes qui nous racontent un pan de leur vie, nous expliquent comment elles se sont battues pour arriver à survivre, à réaliser leur rêve, à s'en sortir seules, parfois aidées par leur famille, et soutenues par l'amour de leurs enfants, parfois non.

Résister est devenu leur combat quotidien, une lutte indispensable pour faire entendre leur voix et être enfin reconnues.
En découvrant ces récits de vie bouleversants, le lecteur ne peut qu'être admiratif devant cette forme de résistance, cette force que ces femmes ont dû déployer, pour pouvoir laisser derrière elles les stigmates laissés par des années d'esclavage, pour avoir enfin le droit au respect, le droit de s'affirmer, le droit d'exister tout simplement en tant que femmes, loin des clichés misogynes toujours bien présents dans nos sociétés modernes.
Les dégâts du colonialisme perdurent. Les descendants de ces hommes et de ces femmes qui ont été privés de liberté pendant des décennies, doivent tenter, pour se reconstruire, de renouer avec la mémoire de leurs ancêtres.
La narratrice vient toquer à leur porte pour inciter ces femmes, à raconter leur histoire.
Certaines sont plus réticentes que d'autres, mais toutes n'ont qu'une envie : faire entendre leur voix et montrer qu'elles ont droit, elles aussi, à l'amour et au respect, quelles que soient les différences sociales et culturelles, comme en témoigne d'ailleurs Régina Anastasia.


L'auteur, Conceição Evaristo, a toujours lutté contre toutes les formes de discrimination raciale, encore trop présentes au Brésil. Elle écrit comme on entre en résistance et s'est engagée politiquement pour faire passer son message.
Ses mots sont à la fois poétiques et brutaux, musicaux et tranchants. Ils sont là pour casser le silence, et crier au grand jour les violences faites aux femmes, le manque de respect de cette société, dite moderne, où les blancs sont encore considérés comme supérieurs en tout, et où les clichés qui entourent les femmes noires, sont légion.
Ses dons de conteuse sont indéniables et le lecteur sent bien que derrière ces témoignages terribles, se cache la mémoire d'un peuple opprimé par des années d'esclavage, un peuple déraciné par le colonialisme, renié dans ses droits et qui a perdu sa culture et sa langue.
Dans ses récits, elle dit remplir parfois les trous laissés par les souvenirs oubliés et la mémoire défaillante, mais cela ne nuit en rien, à l'authenticité de la parole..

Un grand merci à Babelio et à Paula Anacaona, directrice des éditions Anacoana et traductrice des oeuvres de Conceição Evaristo, de m'avoir proposé cette masse critique exceptionnelle et permis ainsi de connaître cette auteure engagée et ce recueil de témoignages, avant sa sortie officielle, prévue en mars prochain.
De plus, j'ai découvert avec grand plaisir cette maison d'édition qui est née il y a environ 6 ans, dont je n'avais jamais entendu parler, et la diversité de son catalogue qui nous donne envie de découvrir d'autres auteurs.

Une chronique plus complète est sur mon blog...

Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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"J'affirme que, en rapportant ces histoires, je poursuis l'acte prémédité de tracer un écrit-vie ». Conceiçao Evaristo. Elles s'appellent Natalina Soledad, Libia, Lia, Rose, Isaltina, Mary...treize vies, treize nouvelles qui nous viennent de la mémoire commune des femmes. Treize histoires qui recomposent le visage d'une histoire. Histoire d'un peuple , d'un sexe, d'une peau, d'une terre, d'un continent.
Novembre 2018 : Bolsonaro, adorateur de la dictature militaire de 1964-1985 et de l'agrobusiness a invité Orbán pour son investiture à la présidence du Brésil…
Orban, Bolsonaro...Les monstres s'accouplent.

Novembre 2018 : le clergé des évangélistes radicaux, la junte militaire vont se rendre maître du 5e pays le plus grand du monde par sa superficie, de la 8eme puissance économique mondiale. le Brésil, un des pays les plus inégalitaires au monde où les Afro-brésiliens en sont en grande partie les victimes.
20 novembre 2018 : Rio et San Paulo fêtent le Jour de la conscience noire, le Dia da Consciência Negra . Quelle fut le contenu de cette journée ? Son déroulement ? Comment fut elle vécue ? Aucune information ne nous ait parvenue.
2019 : que deviendront également les peuples indigènes du Brésil, que deviendront leurs terres, leurs forets, leurs fleuves ?
2019 : quelle sera le sort des femmes, des enfants, des hommes des favelas ? Celui des pauvres, des exclus, des sans-noms ?
2018 : Bolsonaro et sa junte religieuse et militaire, misogyne, se positionnant contre l'avortement, fasciste, homophobe, fruit d'une classe moyenne blanche, pape des grands propriétaires terriens, miniers, forestiers est élu Président du Brésil. Et ce n'est pas une bonne nouvelle. Pour personne.
Oui elles s'appellent Saura, Régina, Adelha, Mirtes, Maria, Shirley, Amarides.
Et j'affirme pour ma part que lire les écrits de Conceiçao Evaristo est important, urgent.Partager ses écrits est important. En parler est urgent. Entendre la réalité du Brésil est important. Certains disent déjà que c'est le désespoir qui a mené la dictature au pouvoir au Brésil . Mais ne nous cachons pas les faits, Bolsonaro est le pure produit d'un néo libéralisme, capitaliste et patriarcal effréné qui ne recule devant rien, même pas à se vêtir des oripeaux des charognes du passé, ni même à caresser les idoles pour peu que ces idoles ne regardent pas trop du côté des marchés financiers.
24 Novembre 2018 – Paris  : marche contre les violences sexuelles et sexistes. Elles étaient treize femmes ce jour là marchant à nos côtés. Des millions de récits-vies.
Oui, Solidarité avec les femmes du monde entier, et oui, notre immense respect pour Conceiçao Avaristo.

Astrid Shriqui Garain

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Ce livre est tout simplement magnifique ! Non, vous n'y trouverez pas de magie ni de paillette, mais de l'amour. Un amour comme point commun de chacune de ces femmes, qu'elles revendiquent dans leur force.

Puisque l'autrice nous dépeint, via un procédé narratif plus qu'intéressant (qui intègre la lectrice ou le lecteur), des femmes qui ont connu des oppressions (sexisme, racisme, violences conjugales…) pour le simple faite de leur être (choix d'orientation sexuelle, assignation sexuelle, maternité…).

C'est en partant à leur rencontre que nous découvrons donc ces portraits touchants et émouvants ! Chacune de ces lignes nous immergent aux côtés de la narratrice, recueillant tantôt les propos de ses femmes, nous transmettant tantôt rétrospectivement leurs propos… Blessées, elles ont des choses à raconter. Des choses qu'il faut prendre soin à écouter… par la lecture et le pouvoir des mots !



Une plongée dans l'intimité, un ancrage empli de réalité que je vous conseille de savourer avec douceur et délicatesse !


Lien : https://lecturesgourmandeswe..
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Insoumises retrace l'histoire de treize Afro-Brésiliennes, treize profils différents aux vécus déroutants. Ces femmes ont pour point commun une force de caractère inébranlable qui leur a permis de combattre un passé tumultueux, bouleversant et parfois même inhumain. Leur parcours, leur expérience de vie, leur « destin », ont laissé de profondes cicatrices.
Conceiçao Evaristo est une romancière brésilienne, engagée politiquement et socialement. Elle lutte notamment contre les préjugés racistes et misogynes. “Je ne chante pas, je ne danse pas. J'écris !” dit-elle, et c'est avec talent qu'elle a su non pas retranscrire, mais « écrire » de sa voix les paroles de ces femmes. Mélangeant fiction et réalité, ce roman touche au plus profond de notre âme. L'autrice est en totale connivence avec ces femmes dont elle réinvente l'histoire, en transformant leurs souvenirs en ce qu'elle appelle « l'écrit-vie ». Nous sommes tour à tour émus, tristes, révoltés, mais aussi admiratifs de ces femmes qui ont su chaque fois rebondir. Elles sont treize, mais combien de femmes incarnent-elles ?
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Parfait en tout bien. le dévoilement de ces femmes dans leurs milieux, une découverte de nouvelles visions que propose ce livre.
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