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Izabella Borges (Traducteur)
EAN : 9782721007179
152 pages
Editions des Femmes (19/03/2020)
4.44/5   8 notes
Résumé :
Ses yeux d’eau, recueil de 15 nouvelles dont la première – hommage de l’autrice à sa mère – donne son titre au livre, raconte les destins de femmes, d’enfants et d’hommes des favelas, tous d’origine afro-brésilienne, qui affrontent courageusement la misère, la violence ou le vide de leur quotidien dans un désir vital de s’en sortir sans toutefois toujours y parvenir.

«Parfois, en fin d’après-midi, avant que la nuit ne devienne maîtresse du temps, elle... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Dans ce genre littéraire majeur au Brésil depuis l'avènement d'une littérature nationale au XIX iéme siècle, voici quinze nouvelles d'une des grandes voix de la littérature brésilienne contemporaine. Afro-brésilienne, née elle-même dans une favela de Belo Horizonte (Minas Gérais) , Conceicao Evarista nous raconte la violence, la peur, l'incompréhension, les sanglots contrecarrés par les plaisirs du corps et les gestes d'amour, des femmes, des enfants et des hommes d'un milieu aux marges de notre société.

Émouvant,
Les yeux d'eau des mères,
La rose d'Ana qui s'ouvre posthume dans une bouteille de bière remplie d'eau,
Le dernier vol de Duzu et les larmes de sa petite fille,
Terrible,
Le destin de Maria,
Les enfants de Natalina,
L'amour interdit de Salinda,
La vignette de la fillette-fleur fatale de Zaita,
L'attraction fatale pour la crèche de Noël de Lumbia.....

Beaucoup beaucoup de larmes, de misères dans les nouvelles de Conceicao Evarista, pourtant quelle poésie, quelle sensibilité.....On croirait presque qu'elles ou ils sont heureux et pourtant....Ils ou elles ne sont encore que des enfants dans leur premier "lit de jouissance" au beau milieu d'un terrain vague, dans la rue à la suite d'un gagne-pain, que suivent les grossesses à la pelle, les enfants abandonnés, les violences sexuelles, et la Mort. Destins cruels amortis par la prose magnifique et le regard plein d'amour, de tendresse et de douceur qu' Evarista porte sur ses personnages.
Un grand merci à mon amie babeliote visages.

"Je sais que pas mourir ne signifie pas toujours vivre. Il doit y avoir d'autres chemins, des issues plus douces."
"Écrire , c'est une manière de saigner."
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Il me semble indispensable de rappeler que Conceiçao Evaristo a vécu toute son enfance dans une favela parce que cette réalité nourrit son écriture. le souffle qui parcourt les quinzes nouvelles de ce recueil vient de loin car il n'est autre qu'"une violence-archive" qui parle de son enfance, mais plus loin encore,des enfants de "ventres libres" c'est à dire d'esclaves. de chacune de ces nouvelles émanent force et profondeur. Elles chantent ,dans une prose Inventive et poétique, l'amour,la mort,le désir. Il s'en dégage un vent de liberté et de courage, un hymne à l'amour sans convention, sans entrave. S'y mêlent souffrance et plaisir. le rêve conduit souvent à la mort, ainsi ,"croire en la valeur de la vie" n'est jamais une évidence mais il n'y a aucun misérabilisme dans l'univers de C. Evaristo car le bonheur éphémère de l'amour et du rêve vaut parfois la peine d'y laisser sa vie. A chaque nouvelle j'ai beaucoup apprécié ces mots doubles inventés par l'auteur, qui dans une grande délicatesse traduisent des concepts puissants,: les bras-coeur; la mère- oiseau...
Si les hommes,les garçons ont toute leur place dans le monde de C.Evaristo, il est indéniable que ce recueil est un hommage aux filles-femmes- mères et ce n'est pas un hasard s'il est publié par les éditions Des Femmes d'Antoinette Fouque. C'est un ouvrage magnifique que je recommande à toutes les femmes mais pas seulement ! Merci sincèrement à Babelio pour cette belle découverte suite à la dernière Masse critique ,et bien sûr aux éditions Des Femmes.
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"Conceição Evaristo, née en 1946 dans une favela de Belo Horizonte au Brésil, sait de quoi elle parle quand il s'agit de raconter les méandres des vies laissées pour compte sous quelques bouts de tôle. Elle, qui a dû travailler dès l'âge de huit ans tout en poursuivant ses études jusqu'à devenir institutrice, n'a de cesse de raconter, dans ses romans comme dans ses nouvelles, les heurts et les pièges, mais aussi les enchantements des existences qui ne tiennent qu'à un fil. (...) Loin des clichés et des habituelles conventions de genre, l'auteure nous entraîne dans des histoires étonnantes où les protagonistes ne se trouvent que rarement où on pourrait les attendre. On se souviendra longtemps d'Ana Davenga et de son homme-fontaine, bandit au grand coeur prompt à la colère, « habillé de sa peau noire et lisse », qui pleure à chaudes larmes dans la jouissance."
Kits Hilaire dans Double Marge (Extrait)
Lien : https://doublemarge.com/ses-..
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C'est ça que j'aime bien dans les masses critiques de Babelio. Des livres que j'aurais feuilletés lors d'un passage en librairie (à condition qu'il soit mis en avant, et les petites maisons d'édition ont souvent une exposition bien limitée, même si je sais que les librairies que je fréquente font des efforts, mais il faut savoir trouver l'équilibre entre travail de découverte et réponse aux attentes usuelles des clients…), mais que je n'aurais probablement pas achetés (parce que je limite mon budget livre déjà conséquent et que j'achète principalement des poches depuis quelques années). Mais là, un résumé me tente, une couverture me fait de l'oeil ou un titre m'intrigue, et je me laisse entraîner à cliquer. Et souvent, la magie opère et je me retrouve avec un livre assez improbable dans la boîte aux lettres.
Ce fut encore le cas ce mois-ci, avec ce livre, que j'ai choisi à cause de son titre et de son résumé. Des nouvelles situées dans les favelas brésiliennes, des nouvelles plutôt courtes (en général moins de dix pages) et d'un grand réalisme. La pauvreté extrême n'est pas parée d'oripeaux romantiques, la violence n'est pas sagement cachée sous le tapis. Mais aussi beaucoup de retenue et de nuances dans l'écriture. On sent le tiraillement entre des aspirations à une vie simple et digne et la fatalité du quotidien dans laquelle on est irrémédiablement englué. C'est ce tiraillement tragique (au premier sens du terme, celui de la fatalité) que j'ai aimé lire dans ces nouvelles. Il est très bien rendu par des phrases longuement travaillées, où chaque mot est pesé puis mis à sa juste place. Une langue facile à lire mais qui touche juste et qui fait mal quand il le faut. (Il y a bien quelques mots composés dont l'abondance dans certaines nouvelles m'a un peu agacée, mais je ne sais pas si c'est le fait de l'autrice ou de la traductrice).
Je ne saurais dire quelle nouvelle j'ai préférée, de celle qui donne son titre au recueil et qui est une ode à la relation mère-fille ou de celle qui finit dans le sang (je devrais plutôt dire « celles ») ou dans la folie, ou bien encore les quelques rares histoires qui sortent de la favela mais qui ne semblent pas beaucoup plus heureuses (c'est une autre forme de pesanteur de la vie, bien différente de la pauvreté la plus abjecte, mais ce n'est pas plus gai). Je ne crois pas qu'il y en ait beaucoup qui finissent vraiment bien, du moins pas au sens habituel du terme car parfois mort ou folie sont finalement des fins plus heureuses que ce que l'on aurait pu prévoir.
Une autrice qui semble déjà bénéficier d'une certaine audience au Brésil, et qui mérite d'être plus connue. Ce livre est un deuxième pas, après la publication de recueils de poèmes, et il mérite d'être plus largement diffusé. C'est une belle lecture, difficile et grave, poétique aussi, mais un moment de lecture que je recommande chaleureusement, pour tenter de voir une réalité dont nous sommes tous bien éloignés, en dépassant les clichés exotiques dont nous sommes souvent abreuvés. Un livre à la fois violent et tendre, complexe et simple, une lecture qui rend plus riche de compréhension et d'empathie, même si l'on reste bien démuni face à une réalité qui nous échappe.
Un grand merci aux éditions Des Femmes de m'avoir offert ce recueil, c'est une superbe découverte, celle d'un petit bijou d'écriture trop ignoré, et j'espère que le bouche à oreille permettra à beaucoup plus de lecteurs de croiser le chemin ou les pages de ce livre.
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Dans ces quinze nouvelles Conceiçao Evaristo nous plonge dans le monde des favelas au Brésil et s'attache aux visages des femmes qui peuplent cet univers marginalisé.

Le fil conducteur qui relie tous ces textes est l'eau. L'eau des larmes, celles de l'émotion et celles de la peine, l'eau de l'océan immuable, l'eau qui émane du corps humain et en révèle sa vulnérabilité. L'eau comme métaphore du cycle de la vie car c'est bien le cycle de la vie dans les favelas que l'auteure retrace dans ce livre. Tout commence par la jeune fille, la femme et la mère en devenir, sa découverte de la sexualité dans un monde où la contraception n'existe pas. Puis les enfants, qui arrivent trop tôt, trop nombreux, qui prennent l'habitude de ne pas manger à leur faim, de ne voir que leur mère, de vivre au milieu des coups de feu. Ces fils, prêts à tout pour sortir de la favela, dédale inextricable de misère et de violence qui finit toujours par les retenir, le corps criblé de balles.

A la fin seules les femmes restent, avec leurs yeux d'eau car toute leur vie est marquée par les larmes. Les larmes d'espoir qu'elles versent quand elles mettent au monde un enfant, signe d'un nouveau départ, les larmes qu'elles ravalent à force de fatigue, de travail arrassant et de misère, seules à élever leurs enfants et les larmes intarrissables quand elles les voient mourir.

Comme l'océan qui flue et reflue, la vie des femmes pauvres des favelas se répètent inlassablement.

La plume de l'auteure est très douce, empreinte de mélancolie. Elle illustre l'état d'esprit brésilien, il n'y a pas lieu de s'affoler, tout passe. Elle recourt souvent à l'image et il en ressort une certaine poésie comme sa propre mère qui attrapait les nuages pour nourir ses filles affamées.

La vie dans les favelas est dure, celle des femmes en particulier mais le rythme imposé aux textes fait penser à un petit cours d'eau qui avance quoiqu'il arrive. C'est tantôt doux, tantôt chaotique.

Certaines nouvelles m'ont plu plus que d'autres comme « Ses yeux d'eau », « le jogging de Cida » ou « Nous décidons de ne pas mourir » qui est selon moi la plus représentative mais toutes laissent une petite trace des femmes qu'elles évoquent.

Je remercie Babelio et les éditions Des femmes Antoinette Fouque pour cette découverte.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Elle savait les risques qu'elle encourait à ses côtés. Mais elle pensait que n'importe quelle vie était risquée, et que le plus grand risque était de ne pas essayer de vivre. (Ana Davenga)
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Et quand la douleur vient s'adosser à nous, alors qu'un œil pleure, l'autre guette le temps à la recherche de la solution. (Ayoluwa, la joie de notre peuple)
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Bientôt, elle allait accoucher d'un enfant. Un enfant qui avait été conçu sur la fragile frontière entre la vie et la mort. (Combien d'enfants Natalina a-t-elle eus ?)
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Elle s'est habituée à la mort comme un choix de vie. (Duzu-Querença)
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Des mystères colorés, des tessons de verre – peut-être de simples déchets – brillaient sur le sol.
(p. 47, “Duzu-Querença”).
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Vidéo de Conceicao Evaristo
"Ses yeux d'eau" de Conceição Evaristo, traduit et lu par Izabella Borges (extrait)
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