De bon retour sur les blogs et les réseaux sociaux, une quatrième de couverture qui promet un voyage dans un pays dont on entend souvent parler, surtout en ce moment, une enquête bien glauque sur fond de trafic d'enfants. Il n'en fallait pas plus pour que je me lance dans la lecture des petites filles de
Julie Ewa .mal m'en a pris, j'aurais mieux fait de rater l'avion.
Commençons par le personnage principal, une jeune femme Lina, elle est belle mais elle ne le sait pas, elle est célibataire mais par choix, elle a une blessure profonde qui remonte à son enfance et qui explique son caractère renfermé et solitaire, elle se méfie des hommes qui sont tous des pervers en goguette évidemment. En une trentaine de pages l'auteure a fait cocher toutes les cases de l'héroïne moderne à qui on ne la fait pas à son personnage mais en oubliant d'y ajouter un soupçon d'originalité, ce qui la rend proprement insupportable. Ah et son meilleur ami est gay forcément.
Ensuite le voyage. Les descriptions sont peu nombreuses et pas assez étayées, qu'est-ce donc que les roches karstique dont on parle deux fois dans l'ouvrage ? Il ne faudra pas attendre de réponse de la part de l'auteure. le village, où se situe la majeure partie de l'action, est assez bien décrit cependant et rend une ambiance carte postale credible mais le reste du voyage est plat, tout comme la plume de l'auteure mais les envolées lyriques ce n'est pas non plus ce que l'on attend de ce genre d'ouvrage me direz-vous. le récit aborde frontalement les divers problèmes liés à l'enfance en Chine, la loi sur l'enfant unique, les abandons, les avortements forcés, le travail des enfants et la place de la femme dans une société qui se développe plus vite que sa population ne peut l'assimilé. L'auteure nous offre un panorama sordide mais malheureusement réaliste de la situationdes filles au pays du soleil levant. Rien de transcendant dans le propos mais les faits permettent de remettre les pendules à l'heure dans nos esprits d'Occidentaux.
La double temporalité. Oui ça aussi il va falloir en parler. C'est un procédé éminemment dangereux car il peut casser le rythme du récit, diluer la tension et provoquer une redondance dans la narration. L'auteure s'en tire plutôt bien sur la question du rythme, aidé en cela par des chapitres très courts. le récit se lit facilement et les deux intrigues contiennent suffisamment d'éléments pour ne pas se parasiter. Mais la présence d'éléments connue dès le début dans l'un des récits entraîne forcément des révélations dans le second qui tombent à plat, sans parler de celles que l'on avait vues venir de trop loin. Malgré de gros efforts l'auteure n'est pas parvenu à me surprendre une seule fois.
Reste le gros problème que représente le final, complètement raté. C'est quand même formidable d'introduire une héroïne sur plus de 300 pages, de nous expliquer comment elle est courageuse téméraire et qu'elle sait aussi distribuer quelques droites lorsque la situation l'impose pour l'écarter complètement lors du dernier acte. Elle n'est même pas spectatrice, non elle est juste absente, écartée d'un final inutilement glauque et cruel, alors que l'intrigue est exempt de gore jusque là. L'auteure a sans doute voulu se raccrocher à la tendance gore assez présente dans le polar féminin au début des années 2010 en enchaînant les scènes gores et cruelles mais oublie du coup de mettre en scène son héroïne et qu'un bon polar n'est pas forcément des passages glauques sans fondements.
Le voyage terminé, et après que l'auteure est enfoncée toutes les portes ouvertes du polar bien rythmés, bien glauque et bien bourrin mais sans rien apporter de neuf au genre il ne me tarde qu'une chose c'est que l'avion quitte le tarmac pour ne plus jamais pénétrer dans cet espace aérien bien triste.
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