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Citations sur Le dernier stade de la soif (89)

"Car mon cœur, écrivis-je, penchera toujours du côté de l'ivrogne, du poète, du prophète, du criminel, du peintre, du fou, de tous ceux qui aspirent a s'isoler de la banalité du quotidien."
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Prenant mes fils sur les genoux, je les embrassais sans cesse. Et au plus grand bonheur de patience et Prudence (« C’’est pas mignon, ça ? » semblaient signifier leurs gazouillements), je les chatouillais sans m’arrêter. Je les embrassais, les caressais, les prenais dans mes bras, mais hélas, jamais leur chaleur ne me pénétra. Ils auraient aussi bien pu être des poupées de chiffon.
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Arrivé à l’asile d’Avallon, Frederick Exley découvre ces visages que la nation cache et enferme, les multirécidivistes des séjours psychiatriques :

"Ces récidivistes incarnaient la laideur, la décrépitude et la putréfaction. Ils avaient les yeux qui louchaient, des yeux caverneux d’insectes; leurs pieds étaient bots et leurs membres tordus – lorsqu’ils en avaient. Ces gents étaient grotesques. A présent, j’étais persuadé de comprendre : ils n’avaient pas leur place dans l’Amérique d’aujourd’hui. Cette Amérique était ivre de beauté physique. L’Amérique était au régime. L’Amérique faisait du sport. L’Amérique, en effet, élevait au rang de religion son culte du teint frais, des jambes droites, du regard clair et dégagé, et d’une séduction éclatante de santé – un culte féroce et strident."
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Parfois, je me mettais à "écrire". Me levant du canapé, Christie III dans mes jambes, je montais péniblement les escaliers, m'asseyais à une table de jeu ronde installée dans ma chambre et tentais de construire des paragraphes à propos de tout et de n'importe quoi, si ce n'est Bunny Sue, à cause de qui j'étais ici, dans cette ferme, allongé sur ce canapé, à donner des biscuits à un chien. j'essayais d'écrire sur la façon dont tombait la pluie dans les rues, dont une jolie nageuse se meut dans l'eau, dont la pénombre s'empare des villes du littoral pacifique. Parfois, je m'acharnais une heure sur une seule phrase, m'émerveillant des combinaisons infinies et précises que pouvaient former les mots. Finir un paragraphe relevait du hasard ou de l'acharnement le plus désespéré. Mon état était tel qu'il ne me fallait guère plus de trois ou quatre phrases assemblées selon mes désirs pour que je sois littéralement trop fatigué pour tenir assis sur ma chaise. Me levant et envoyant mentalement des bouquets de fleurs aux maîtres de cet art, je montais jusqu'à mon lit surélevé et m'allongeais à côté de Christie III qui, du bout du lit, n'avait pas raté un seul de mes griffonnages.
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C’est ainsi que, faisant un pied de nez au proviseur, je me mis à boire durant la semaine (ce que je lui avais promis de ne pas faire, promesse qu’il n’aurait jamais dû me soutirer), douze, quatorze, vingt bières par soir. Dans la crainte d’une nouvelle crise d’hypoglycémie, j’accompagnais ces bières d’entrecôtes ou de côtes de porc, de pain recouvert de beurre, de spaghettis, de linguines ou de raviolis. Pour couronner ces orgies caloriques, j’y ajoutais deux ou trois cafés noirs contenant du Tia Maria, un remontant sirupeux à base de cacao que je buvais avant de me coucher.
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La mort de Mister Blue lui ressemblait. L’Amérique l’avait corrompu jusqu’à la moelle, et je trouvais logique qu’il finît la carotide sectionnée par un morceau de bombe de crème à raser mentholée.
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Je n'avais ni la patience ni l'esprit ni les ressources nécessaires pour apprendre aux étudiants moins que ce que je ne savais. Pire encore, le semblant d'intelligence que je possédais était sauvagement antipathique et ne me permettait pas de comprendre les difficultés de l'étudiant: malheureusement, je ne savais pas simplifier, et tout ce que je demandais aux étudiants était de me resservir ma propre pédanterie monolithique.
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Et je passais tant de week-ends à écrire qu’un guide touristique avait pris pour habitude d’attirer l’attention des touristes de son bus sur ma personne. on avait certainement dû leur dire que j’étais l’un de ces « artistes maudits » du quartier, et les gens me faisaient de grands signes depuis le toit de verre de leur bus, si heureux de partager cet instant éphémère avec quelqu’un qui, un jour peut-être, serait considéré comme un génie, si contents de pouvoir rentrer à Omaha et de raconter à leur cousine Lucy : « On a vu un de ces écrivains, carrément en slip ! » Je ne répondais jamais à leurs signes, de peur de faire voler en éclats leurs certitudes concernant le caractère inatteignable de l’artiste. Ne voulant pas les décevoir, j’arborais une expression noble, pénétrée, presque visionnaire qui, les yeux écarquillés au maximum tel Béla Lugosi, me permettait de les ignorer royalement. Cela avait le don de les faire pouffer hystériquement, ils se donnaient alors des bourrades entendues, comme s’ils m’avaient interrompu en pleine branlette. Dès que le bus disparaissait, je me tenais les côtes et éclatais d’un rire frénétique, à tel point qu’une fois, je tombais à la renverse de ma chaise et fis un roulé-boulé sur l’asphalte bouillant du toit.
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Je lui racontai le supplice de ma première séparation, comment il m’avait fallu deux ans pour atténuer ma douleur, comment je me levais, me couchais et vivais avec elle toute la journée, jusqu’à ce qu’au prix de ma soumission à son caractère inéluctable, elle finisse par s’étioler. B. pensa sans doute que j’étais cruel, et je ne savais pas comment le convaincre du contraire. Je lui avouai qu’à son âge, j’aurais aimé profiter des conseils de quelque maussade créature. M’étant confié à des esprits empâtés à qui tout souriait (commettant l’erreur typiquement américaine de confondre réussite et sagesse), j’avais obtenu pour toute réponse l’assurance désinvolte que je m’en sortirais ; et quand ce ne fut pas le cas, je m’étais haï pour ce que je considérais comme une faiblesse de mon cœur.
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Comme dans les deux écoles où j’avais précédemment fait des remplacements, le programme dispensé en cours était d’une banalité affligeante, et –je suis gentil- il n’y avait pas que le corps enseignant qui fût constitué de crétins. Un élève de troisième avait déclaré que les nonnes habitaient des « couveuses » ; un de seconde pensait que, dans Jules César, « ils se la pétaient grave pour des Ritals » ; une de première affirmait qu’un pédoncule était « une pratique sexuelle déviante (du genre qui doit plaire à l’autre taré assis là-bas !) » ; et un de terminale affirmait « que Hamlet était une sacrée tarlouze, je veux dire, au lieu de discutailler, il ferait mieux de planter sa lame dans le bide de Claude, puisqu’il n’arrête pas de faire des saloperies à sa mère. »
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