Le Génie des alpages, tome 1

Faut pas chercher à comprendre: c'est d'un absurde assumé, donc dans son absurderie c'est cohérent.
Mon seul reproche, c'est qu'il y a eu trop de plats réchauffés: à partir du tome (de savoie) 7 (Tonnerre et mille sabots) ça s'essouffle.
Tiens, dans le genre, vous connaissez l'histoire du piaf et de la vache ?
C'est l'hiver, il fait si froid qu'un petit oiseau n'a même plus la force de voler.
Il se crashe dans un champ et se voit déjà mort.
Passe une vache qui -coup de chance- ne marche pas sur le piaf.
Malchance quand même: elle largue une belle bouse pile dessus.
Il s'imagine étouffé dans la bouse, mais elle est assez molle pour couler et ça fait une bouse avec une tête de piaf...
"Mais c'est que je suis au chaud!" se dit l'oiseau, et il se met à chanter...
Les "Cui-cui-cui" attirent un renard affamé, qui extrait le piaf de sa gangue puante, va le rincer dans le ruisseau le plus proche, puis ... l'avale tout cru.
Moralité1:
Celui qui te met dans la merdre n'est pas forcément ton ennemi.
Moralité 2:
Celui qui te sort de la merdre n'est pas forcément ton ami.
Moralité 3:
Quand tu es dans la merdre, tu te tais.

♫Dessine-moi un mouton
Le monde est triste, sans imagination
C'est ça, dessine-moi un mouton
Apprivoiser l'absurdité du monde
Quelle solitude
De se dire que la morsure du temps n'est rien
Le rêve est bulle de vie
Un bien majuscule utile au chagrin♫
-Mylene Farmer- 2000 -
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Ici Git...Go
Se souvenir du temps qu'on était oiseau
Je vous ai déniché un os au pied du mur
Du Bêllay fait, une bêle jambe de F'Murr
Deux cents moutons à peigner chaque matin
Plus mont petit Liré, que le mont Palatin,
Mais quand reverrai-je mon petit village
Un vent de démence souffle sur les Alpages...
Et plus que l'air malin des moeurs ovines
Philozoophique mais never jamais has-been
To be Shetland or simple toison
Comme cestuy-là qui panse ses moutons

L'absurde, le non-sens...j'adhère! Pour moi, Sacré Grall est le summum du cinéma, c'est dire!
Mais là, je dois bien avouer que je suis restée de marbre.
Bon, j'exagère un brin...j'ai souri un peu devant quelques références bien placées et exploitées de façon cocasses mais pour le reste je n'en ai pas retiré grand chose.
Il parait que F'murr a ses adeptes et ses détracteurs, j'ai bien peur de n'être dans aucune de ses deux catégories...

Mon antidote au spleen. Comment exprimer l'indicible drôlerie, pétrie d'intelligence, de F'Murr, sans commettre le péché d'ennuyer son lecteur et arriver aux 250 mauvais caractères demandés? Puf puf puf... j'y réfléchis en tirant sur la pipe de papa.

La haut dans les alpages, il n'y a pas foule mais qu'est-ce qu'on se marre. Ça philosophe fort dans l'herbe grasse et les fleurs de montagne. Goûtez au gigot en herbe, leur saveur est sans égale. Vous en reprendrez bien une tranche ? Allez, on transhume.

Le premier album du Génie des alpages ! Un régal, un concentré de dialogues improbables, un tel concentré de références déjantées qu'on n'est jamais sûr de ne pas en avoir raté une, mais ce n'est pas grave… Ubu en bande dessinée. Des blagues aux références intellos, comme d'autres au ras des pâquerettes, il faut de tout pour faire un monde, et il y a de tout dans ce génie-là. Ca se déguste tranquillement, et comme ce sont des histoires en deux-trois pages, on peut prendre le temps d'en savourer une de temps en temps.

A l'heure où la nuit tombait, où l'oiseau dormait dans l'ombre épaisse, où le printemps embaumait moins que votre jeunesse et où les astres rayonnaient moins que votre regard, hier soir, donc, je me pris à compter les moutons afin de m'endormir.
Le truc est infaillible, enfin ... d'habitude.
Mais j'ai eu beau les compter, et les recompter.
C'est inquiétant. le sommeil n'est pas venu.
Aussi, un peu au hasard de mes yeux hagards, ai-je saisi un vieil album cartonné.
Peut-être aurai-je dû lire un conte de fées, les antimémoires du berger ou me frotter à quelque litote ?
Ah ! Crétin des Alpes que je suis, j'avais saisi par les cornes le génie des alpages !
Ce qui, vous en conviendrez, est une erreur lorsque les oiseaux commencent à regagner le sud.
A propos, savez-vous ce qu'est un oiseau migrateur ?
Un oiseau migrateur est un oiseau dont les pattes trop courtes ne lui permettent de se gratter que la moitié du dos.
Vous la connaissiez ?
Oui. Je suis déçu.
Mais cette ânerie vieillotte, pourtant, arrive à point car depuis quelques temps un ennui féroce dégoulinait sur les alpages.
Il était temps de réagir ...
En janvier 1973, des brebis se sont mises à se battre ... à deux contre une, de surcroît !
La mauvaise influence de Mr F'murr sur la race ovine venait de se faire sentir pour la première fois.
Et, c'était dans "Pilote", le journal qui s'est longtemps amusé à réfléchir, que les faits ont été relatés.
Tonnerre et mille sabots, un grand silence frisé venait d'être déchiré.
Tout est vanité !
Le berger et son chien, Romuald le bélier noir, le lion errant, Bertrand le grand saint-bernard du voisin, Kattarsis le cousin d'Afrique qui voulait apprendre à faire le chien de berger, et puis le troupeau ...
... Einstein, Clopinette, Trottinette, Rostand, Gigolette, Claquette, George Sand, Pompette, Minoudrouette et quelques autres, sans oublier bien sûr Goscinaelle, Bobinette et Chevillette ...
Tout est vanité !
Ils sont tous entrés dans la légende.
Mais deux questions me viennent :
Comment vouliez-vous, Mr F'murr, que le troupeau vous respecte si vous faisiez tout le temps le guignol ?
Et, comment voulez-vous que j'arrive à dormir après ça ? ...

Un mouton se prend pour un chien, un chien pour un berger, un berger pour un lecteur* et un lecteur pour un mouton.

Autre énigme : la faune de ces alpages déborde sur la savane africaine. Même le sphinx Katarsis y perd son latin. Mais pas son grec, car on n'est jamais loin du kakemphaton, comme la brebis Eugénie vous le démontrera.

C'est à dormir debout, à l'image de toutes les histoires où défilent des moutons (voilà pourquoi le berger se trompe en cherchant à dormir couché).

*alors qu'il ne sait même pas qu'une litote a des dents !

Un vent de folie souffle sur les alpages.

Un chien de berger savant, des moutons philosophes et complètement barrés, un lion, un sphinx, et j'en passe. le tout chapeauté par un berger complètement dépassé par les évènements.
Un humour absurde et sarcastique, un dessin simple mais où le moindre détail à son importance, et c'est bourré de références.

Bref, ça fuse dans tous les sens et c'est un pur régal.

Dès les premières planches dans Pilote ,j'ai adoré ce monde dingo et cet humour : le berger , son clébard fainéant et philosophe, ses brebis zinzins (et leurs noms hilarants) , le bélier Romuald sans compter mes "guest" , lion errant à la recherche d'un Petit Liré Dubellaysque , un sphinx immigré voire même Saint Exupéry . Totalement réjouissant et je retrouve le tout avec un plaisir toujours intact.