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Wow. Je ne m'attendais pas à trouver un livre comme celui-ci dans mon lot de « J'ai Lu » collection polars et thrillers !

L'auteur est une journaliste hindoue, comme son nom ne l'indique pas. C'est l'histoire, hyper documentée de deux adolescentes de 14 et 16 ans, qui vivent à Kadra, un village perdu et très pauvre de l'Inde, dans l'état de l'Uttar Pradesh, état pauvre déjà lui-même, dans le nord de l'Inde.
Padma et Lalli (prénoms changés conformément à la loi indoue), sont cousines et inséparables. Leurs maisons, plutôt des cabanes, sont accolées : leurs pères sont frères. Ils sont tous cultivateurs, la terre est transmise de génération en génération, aux fils. le père de Lalli cultive la menthe pour la revendre a l'usine d'extraction d'huile essentielle. le père de Padma cultive le tabac, et ils ont un verger familial qui longe leurs champs, essentiellement des manguiers. Ils n'ont ni eau courante ni toilettes, ni latrines extérieures, la seule chose qu'ils ont parfois c'est la télévision et des téléphones portables, basiques, qui permettent les appels, les textos et la fonction torche, bien utile le soir.

Les filles sont très surveillées comme partout en Inde, et ici encore plus : elles sont en âge d'être mariées. Et déjà les pères leur cherchent un époux. Il n'y a toujours pas de mariages d'amour dans ces villages reculés et même si les femmes éduquées existent et se marient avec l'homme de leur choix, ça se passe dans les grandes villes, et encore les notions de caste et d'honneur sont prééminentes. La moindre rumeur, le moindre désaccord peut ruiner toute une famille, car le déshonneur retombe sur chaque personne de la famille. Et la pauvreté aussi, car personne ne voudra plus ni leur parler ni faire affaire avec eux, ni épouser les autres enfants. Une, voire deux générations peuvent être perdues.

Ce soir-là, en mai 2014, les deux adolescentes partent ensemble aux toilettes, c'est à dire que comme tous les autres, hommes ou femmes, on fait ses besoins dans un champ, quasiment à la vue de tous. La nuit est déjà tombée, et c'est l'histoire d'une demi-heure au maximum, le temps nécessaire pour rentrer à la maison. Mais les filles ne rentrent pas. Or les filles, de tout âge, connaissent leur rôle par coeur : dès la petite enfance elles sont là pour seconder leur mère, aider au ménage, balayer la cour, faire à manger, s'occuper des grands-parents, s'occuper des plus petits, s'occuper des chèvres, broder ou coudre, repriser, et ensuite être mariées à un inconnu et continuer la même chose dans la famille de leur époux. Deux trésors de filles, qui ne rentrent pas, ce n'est pas possible. Les rumeurs courent, tout de suite : « Il y a des voleurs dans ton champ », « J'ai vu ta fille faire des signaux lumineux à un garçon », etc, tout le village se met à leur recherche, en pleine nuit. Qui sillonne les chemin avec sa charrette, qui avec sa moto, le moyen de transport le plus courant, et on s'y met à trois voire à quatre dessus, c'est normal. Ça dure des heures, tout le village est debout, les femmes pleurent, les enfants crient, toute la nuit on les cherche, à part le père d'une des filles, personne ne prévient la police, ça non, les policiers sont de la caste des Yadav, comme les gens du village d'à côté, comme pas mal de gens importants, jusqu'au gouvernement. Plus personne ne fait confiance à la police, ici chez les Shakya. D'ailleurs la plainte du père ne fera pas bouger les policiers. Au petit jour, on retrouve les deux filles pendues à un manguier. Et la famille étendue refuse qu'on les descende de l'arbre, en rejet des policiers Yadav. Bientôt le village entier est dans le champ de manguiers, la famille quasiment assise sous l'arbre, refusant de bouger.

La découverte et l'attitude de la famille vont s'étendre à une vitesse incroyable, entrainant toutes sortes de rumeurs, les gens des villages alentour, de la ville plus loin viennent voir, écouter, donner son opinion, à tel point qu'un journaliste s'en mêle, et quelques heures plus tard les plus gros médias et la télévision sont là, les pères donnent leur opinion, leur point de vue, les mères pleurent, voile sur le visage, les gens qui ont été là depuis le début partagent ce qu'ils pensent : ça serait un viol en réunion qui aurait fini par cette pendaison. Même des ministres se déplacent, et les infos traversent les frontières, même reprises par des médias français. L'image du manguier et des filles pendues est partagée à l'international.

Et c'est là que je me rends compte que ce n'est pas un thriller, c'est une histoire qui a secoué l'Inde et le monde. Les crimes sexuels en Inde sont monnaie courante, et pas un seul gouvernement ne peut rester sans réagir. En promulguant des lois punissant gravement les auteurs de viol, en alourdissant les peines, mais dans les faits, à part dans les grandes villes, on n'y peut rien. En moyenne il y a 100 policiers pour 100 000 personnes. Et pour des questions de corruption, énormément de choses et d'actes horribles contre les femmes ne donnent rien, à part la honte de la famille victime.
A force, la police réagit enfin, et seulement le lendemain les corps des filles sont emmenés, quatre homme désignés par un « témoin » sont arrêtés, l'enquête commence, les premiers interrogatoires, et enfin l'autopsie. Bâclée parce que les medecins légistes n'existent pas, dans l'Utter Pradesh. Toucher un cadavre rend impur, pas un medecin ne veut y toucher. L'autopsie est filmée et on se rend compte après coup que celui qui fait les autopsies est un balayeur de l'hôpital. Les médecins autour, sans y toucher, déclarent qu'elles ont été violées. Et la machine judiciaire qui essaie d'aller vite ne fait que s'arrêter en route, faute de multiples changements de juges corrompus. Un organisme indépendant, le CBI, reprend l'affaire et on comprend que vu les mensonges et les élucubrations des soi-disant témoins, les deux morts ne sont peut-être pas si simples.


Sonia Faleiro a passé quatre ans sur son enquête. C'est un état des lieux sociologique sur L'Inde actuelle, la condition des femmes, les crimes sexuels, les crimes d'honneur, mais aussi la corruption totale de pratiquement toute l'autorité politique et gouvernementale. Avec des chiffres, des noms, des scandales, des horreurs, et surtout la pauvreté qui règne partout. C'est ardu, c'est complexe, mais clair. C'est une découverte en forme de coup de poing.

Ma note : 5 sur 5
Lien : https://melieetleslivres.fr/..
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Deux adolescentes pendues à un arbre, dans la région de l'Uttar Pradesh. Une des régions les plus vastes et les plus pauvres de l'Inde.

Deux adolescentes pendues à un arbre, avec une foule assise à leurs pieds. Des membres de leurs familles, de leur village, refusant que l'on détache les adolescentes tant que des enquêteurs fiables ne seront pas dépêchés sur place pour punir les coupables : des membres d'une autre caste, les Yadav, qui auraient, avec l'aide de policiers, violé et assassiné les deux jeunes filles.

Sonia Faleiro décide d'enquêter sur ce crime sordide mais la vérité sera bien différente de ce qu'elle imaginait.

« The good girls » offre aux lecteurs une plongée absolument terrible au coeur de la société rurale indienne.

Une société encore gangrenée par le système des castes qui, bien qu'officiellement supprimée , continue de régir la communauté.

Une société au sein de laquelle la police est corrompue et incompétente. La scène d'une autopsie réalisée par un balayeur d'hôpital n'étant qu'une illustration des lacunes des infrastructures et du manque de fonctionnaires formés.

Mais surtout, une société où la vie des femmes ne vaut pas grand chose. Presque rien. Même aimée, une fille devra arrêter l'école rapidement pour se préparer à son mariage.

Une fois mariée, elle ne sera plus autorisée à retourner dans sa famille sans l'autorisation de sa belle-famille. Elle sera cantonnée à un travail exténuant, à engendrer des enfants et à ne pas porter atteinte à l'honneur de la famille.

Les garçons, et bien eux, ce sont des garçons, ils font des erreurs.

Deux poids, deux mesures aux conséquences terribles.

Ce livre est passionnant, très dense et j'avoue avoir dû fréquemment revenir à l'index des noms des personnages pour m'y retrouver. Ceci n'est qu'un détail car véritablement je n'ai pas pu lâcher « the good girls ».

C'est un magnifique hommage à toutes ces femmes, victimes de violences sexuelles, physiques et morales, aux options et aux rêves si limités que je ne peux que vous conseiller.
Lien : https://allylit.wordpress.co..
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Ce livre parle des femmes dans l'Inde d'aujourd'hui. Mais il parle aussi de la pauvreté. »
Sonia Faleiro, journaliste indienne installée à Londres, livre dans ce récit le résultat d'une enquête de près de deux ans sur un fait divers sordide qui a particulièrement marqué l'opinion indienne.
Un soir de mai 2014, dans le petit village de Katra, perdu dans l'immensité de la province de l'Uttar Pradesh, deux jeunes filles disparaissent alors qu'elles étaient sorties pour aller faire leurs besoins dans les champs. Après une nuit de recherches vaines, on retrouve les deux cousines, pendues aux branches d'un manguier, côte à côte.
Quand Sonia Faleiro entend parler de cette affaire mystérieuse, elle retourne dans le pays qui l'a vu naître, et mène l'enquête, épluche les rapports, lit la presse, interroge les différents protagonistes, déconstruit les certitudes et dévoilent les vérités cachées. �n ressort un portrait peu reluisant d'une société indienne à deux vitesses, tiraillée entre une modernisation frénétique et un traditionalisme sclérosé. Entre ces deux extrêmes, ce sont les plus faibles qui paient le prix fort, les pauvres, les intouchables ou encore les femmes, condamnées à obéir ou à mourir.
Malgré l'intérêt indéniable de cette enquête sur la place des femmes en Inde et sur l'état de pauvreté dans lequel on maintient une large partie de la population, malgré le travail de documentation conséquent aussi, j'ai été gênée par l'accumulation parfois confuse de faits et de témoignages ainsi que par le style (trop) factuel de Sonia Faleiro, qui m'a tenue à distance de cette histoire pourtant tragique.
J'ai beaucoup aimé en revanche le dernier chapitre, la note de l'autrice, qui donne du relief à son investigation et aux motivations qui l'ont poussée à s'intéresser à cette histoire.
Une impression mitigée donc, mais une lecture qui me donne envie d'explorer le très beau catalogue des éditions Marchialy
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Il est très rare pour moi d'abandonner un livre et j'ai dû m'y résoudre avec celui-ci à mon corps défendant car j'avais l'impression de manquer de respect à ces deux jeunes filles réelles car le livre est une enquête sur un fait divers.
Alors que je suis très intéressée par les thèmes du fonctionnement de la société en Inde, de la place de la femme, du poids des traditions, des différentes castes… je n'ai pas accroché à cette enquête car l'autrice dilue trop son analyse et sa documentation. On découvre les deux jeunes filles mortes au bout de 150 pages, comme si c'était un roman (et l'écriture n'est malheureusement pas très fluide ou littéraire) et l'autrice égrène son texte de “il aurait dû faire ça” alors qu'on ne connaît pas encore l'histoire. le début est donc très long, manque d'analyse, de chronologie et de vision d'ensemble. Et comme j'avais peur que le style ne change pas, j'ai dû me résoudre à arrêter ma lecture.
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Voici un polar captivant, qui à  plus d'un titre, nous fait réfléchir sur la conditions de la femmes, des femmes un peu partout à travers le monde d'aujourd'hui.
Mais alors qu'elle est le début de l'histoire :
Un soir de mai 2014, deux adolescentes disparaissent dans un village du nord de l'Inde. Quelques heures plus tard, leurs corps sont retrouvés pendus dans un verger près de chez elles.
C'est l'histoire de Padma et Lalli, cousine mais aussi amie dans la vie, deux jeunes filles pleine de promesses.
Ici Sonia Faleiro, leur prête vie, elle leur invente un avenir pourtant déjà contraint. Elle adopte le point de vue de ces adolescentes et dresse leur portrait. Mais elle nous invite aussi à découvrir l'entourage de ces adolescentes.
Le meurtre de ces toutes jeunes femmes a ému l'opinion public indienne, celles des grandes villes surtout. On parle de viol collectif, un crime d'une horreur absolu et pourtant il n'en est rien, la vérité est bien autre et tout aussi horrible si ce n'est plus. Car la vérité est bien plus banal, plus cru encore.
On est là dans une communauté liée par la tradition et la coutume dans un petit village dans l'ouest de l'Uttar Pradesh où les femmes, où "la femme" doit faire preuve de modestie, de pudeur et éviter les attitudes qui pourraient menacer la réputation familiale. Une vie sociale régie par la culture de l'honneur où les jeunes femmes sont surveillées de près, et savent ce qu'on attend d'elles. Et cette culture de l'honneur prône le recours à la violence afin d'assurer la réputation de la famille et de la communauté toute entière.
On y pratique les crimes d'honneur, ces actes de violence, le plus souvent des meurtres, commis par les membres masculins d'une famille à l'encontre de ses membres féminins, lorsqu'ils sont perçus comme cause de déshonneur pour la famille tout entière. Et ces crimes sont commis en toute impunité, le plus souvent ils sont considérés comme normaux et ne sont pas puni par la loi. Pire, ils sont la loi !
Mais au-delà de cela, Sonia Faleiro nous concocte une intrigue complexe, où, bien sur il est question de ces femmes assujetties à des traditions criminelles mais pas seulement. Elle tisse une toile qui met en relief tous les cotés négatifs de la société indienne d'hier mais surtout d'aujourd'hui. Elle pointe du doigt la pauvreté dans laquelle vit ces communautés, des conditions insalubres de vie où se côtoient la technologie actuelle et le manque d'hygiène. On possède des smartphones mais on a pas accès à l'eau potable et courante. Les femmes peuvent s'éduquer et avoir accès à l'éducation mais pas à la vie professionnelle. Elle n'ont pas le droit de travailler. Mais elles contribuent à perpétuer cette hiérarchie de leur société patriarcale en inculquant ses traditions et ses valeurs à leurs fils mais aussi à leur filles.
Je vous le disais, notre autrice donne vie avec vigueur à ses personnages et on les suit dans leurs quotidiens avec une certaine fascination. L'écriture vive, tantôt onirique, parfois journalistique ou littéraire donne du rythme à cette enquête. Ce reportage littéraire, bien plus qu'une enquête sociologique est un témoignage passionnant, bouleversant. Un constat effroyable sur la la misogynie de nombreuses sociétés à travers le monde  et à travers le prisme de la société indienne contemporaine.
Un récit puissant et poignant. Sonia Faleiro reconstitue  avec minutie et finesse le déroulement de ce fait divers sordide. Une enquête parfaitement maîtrisé qui nous emporte avec elle et qui rend notre lecture addictive. J'ai dévoré ce pavé. Quatre cent pages d'une intensité folle qui m'a laissée pantelante à la fin.
Un véritable coup de coeur, un cri d'effroi et de colère aussi, un coup de point, un uppercut, vous ne sortirez pas indemne de cette effroyable histoire où le suspense vous tient en haleine jusqu'à la dernière page.
Et vous vous souviendrez longtemps de Padma et Lalli, elle vous hanteront je l'espère autant qu'elles m'ont émue.
Vous ne pouvez pas passé à coté de ce titre. "The good girl : un meurtre ordinaire" porte bien son sous-titre. C'est le bouquin qui  à n'ont pas douté, m'a le plus marqué en ce début d'année ! Et je me demande encore quel coût humain peut bien avoir la honte et le déshonneur, dans notre monde ? Je n'ose l'imaginer !
Lien : https://collectifpolar.wordp..
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L'Inde est un pays passionnant. Une culture riche mais un peuple divisé.


Sonia Faleiro nous plonge au coeur d'un fait divers qui en 2014 a défrayé les chroniques indiennes. Après un rapide dressage des portraits des deux jeunes filles, Sonia Faleiro dépeint la société indienne. Une plongée vertigineuse où la femme n'a aucune place et où les castes limitent une certaine liberté. Les castes sont un vaste sujet mais ce sont elles (enfin les plus hautes) qui dirigent les différentes régions et les castes les plus pauvres sont au service des autres. Certains métiers ne sont pas accessibles pour les castes les plus faibles. Une hiérarchisation verticale qui floue à mon sens une certaine liberté des hommes et ne parlons même pas des femmes. Les mariages sont arrangés au sein d'une même caste et les femmes n'ont pas leurs mots à dire, de l'autorité parentale elles passent sous l'autorité matrimoniale.


Tout au long de son récit, Sonia Falerio fait état de la condition des femmes indiennes. Ce fait divers est le parfait témoignage d'une certaine réalité. L'Inde ne se résume pas à Holi, la fête des couleurs, ou à Bollywood. L'Inde est une terre où les filles ne peuvent pas aller à l'école si la famille n'a pas d'argent, où les mariages sont arrangés et ceux dès leurs plus jeunes âges (12 ans âge minimum légal et parfois les bébés), où les installations sanitaires dans le milieu rural sont inexistantes, où les viols sont rarement punis, où les infanticides sont nombreux et où les moeurs sont très strictes. L'Inde est l'un des pays le plus dangereux pour les femmes au monde.


Sonia Faleiro expose son point de vue de journaliste sur son pays natal qu'elle a quitté, appuyé par de nombreux témoignages et faits divers inhumains. Ce récit se lit comme un thriller et j'aurai presque cru que ce n'était pas la réalité. de nombreuses années de recherche ont été nécessaire pour conduire ce livre à éclore et clore cette tragédie à menant à bien son enquête.


Un hommage vibrant à ces femmes qui tentent de se délivrer de ces chaînes ancestrales et qui lancent un appel à l'aide déchirant et bouleversant.


En bref :
– Un récit émouvant et cruel sur la position dramatique des femmes en Inde
– Un fait divers témoignant des nombreuses tragédies
– Un cri puissant face à l'injustice
– Un portrait saisissant d'une Inde régie par les castes et les hommes
– Un document essentiel et choquant

Connaissais-tu l'Inde sous cet aspect ?
Un document que je t'invite vivement à découvrir.
Lien : https://misschocolatinebouqu..
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L'auteure relate un fait divers qui s'est déroulé en Inde en 2014, il faut savoir que ça a été une affaire assez médiatisée et que ce livre regorge de sources et de témoignages.

Au début, j'ai trouvé l'histoire un peu longue à se mettre en place mais, plus j'avançais plus la violence était présente. Ici sont évoqués les problèmes de la société Indienne notamment lorsqu'on est pauvre et de surplus une femme ou un enfant. Certains évènements qui y sont décrit font tout simplement froid dans le dos (comme le mariage forcé pour des bébés, les nombreuses violences s**uelles).

Au-delà de cette violence, les paroles des personnages sont également parfois représentatifs d'une triste réalité : l'honneur de la famille passe avant tout, même avant la justice ou la vie de ces jeunes femmes “la vie d'une fille est l'affaire de tous”.

Tout le long du livre, une seule question reste en suspens : qui les a tuée ? Et pourtant, la réalité est encore plus triste que tout ce que l'on aurait pu s'imaginer.

Pour conclure, c'est un livre heurtant, poignant, bien documenté mais également extrêmement violent. Si vous êtes sensible à ce type de violence, il vaut mieux passer votre chemin.
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"On les appelait Padma Lalli comme si elles n'étaient qu'une seule et même personne"
Padma avait 16 ans et sa cousine Lalli 14 ans. Elles se ressemblaient comme deux grains de riz et passaient toute leur journée aux champs."

2014, dans un petit village du nord de l'Inde, les 2 adolescentes disparaissent.
Elles sont retrouvées au petit matin pendues à un arbre...
Que s'est-il passé ? La rumeur enfle et semble bien plus importante que la vérité aux yeux de leur famille et des habitants du village car c'est avant tout leur réputation qui doit être sauvée ... à tout prix ...

A partir de ce fait divers glaçant, l'auteure dépeint les rouages d'une société ultra-hierarchisée par les castes où l'honneur est ce qu'une femme possède de plus précieux, au-delà de sa propre vie ...

Sonia Faleiro est une autrice et journaliste indienne, elle a mis 4 ans à décrypter cette enquête qui est une histoire vraie, seuls les prénoms ont été modifiés.
Ce n'est donc pas un policier classique mais une véritable plongée dans une société indienne à 2 vitesses, entre modernisme et extrême pauvreté notamment chez les castes inférieures, où la police, les politiques et le système judiciaire sont corrompus.
Quand on pense qu'il n'y a pas de médecins légistes dans l'Utter Pradesh, toucher les corps est trop impur, l'autopsie de ces 2 adolescentes a été faite par un balayeur de l'hôpital 😱
La femme ne vaut rien, les intouchables obéissent ou meurent ... le taux d'illetrisme est de 60% chez ces femmes mariées avant 18 ans, des jeunes mères souvent anémiques tout comme leurs enfants, une pathologie associée aux conditions d'hygiène.
La plupart des familles font leurs besoin en plein air ... pas d'eau courante, pas de toilettes, pas d'électricité mais les hommes eux ont des portables ...
"Un pays qualifié par le G20 de pire endroit au monde pour être une femme, pire que l'Arabie Saoudite..."
Le meurtre de ces jeunes filles a ému l'opinion publique, on parle de viols collectifs, un crime innommable mais la vérité est tout autre et pourtant tout aussi horrible...

Cette enquête extrêmement documentée et fouillée m'a malgré tout tenue à distance de par l'accumulation parfois confuse de faits et de témoignages et de par aussi une écriture peut-être trop factuelle mais c'est une lecture nécessaire car elle dénonce la condition des femmes en Inde et ce qu'on y apprend est juste inimaginable ... un bel hommage pour toutes ces femmes, pour Padma et Lalli🙏❤
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꧁_The good girls_꧂un meurtre ordinaire écrit par @soniafaleiro publié aux éditions @machialy
❀ ❀ ❀
Suis-je assez féministe ou simplement comme toute occidentale qui se respecte j'aime le faire croire.
Mais être vraiment féministe ne serait-ce pas se mobiliser face à ces cruautés ???
❀ ❀ ❀
« Belle comme elle est, elle a du s'enfuir pour se marier »
❀ ❀ ❀
Loin des jolis saris 🥻 et de Bollywood, nous nous penchons dans ce roman sur la mort de deux cousines de 14 et 16 ans, retrouvées pendues à un arbre.
Ce roman m'a dérangé dans mon quotidien d'occidentale bien tranquille posée dans mon fauteuil.
Lire des atrocités faites aux jeunes filles et femmes encore à notre époque me perturbe. Mais ce qui me
perturbe encore plus c'est le manque de réaction face à ses horreurs.
Un roman poignant écrit par une autrice qui y a vécu 25 ans.
Un roman où rien n'est caché mais écrit avec pudeur sans avoir envie de choquer.
Le grand écart de ce pays nous est montré, parfaitement décrit, les castes, la richesse, la pauvreté, les sévices, l'indignation, la honte, le mépris, et surtout L'IGNORANCE !!!
rien ne nous est épargné.
❀ ❀ ❀
Un roman captivant qui nous oblige à ouvrir les yeux sur la condition de la femme dans ce si beau pays.
👏🏽👏🏽👏🏽
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Qu'écrire après avoir refermé ce livre ? On connaît tous l'Inde, ses saris colorés et ses traditions brillantes, un pays qui fait rêver et qui marque souvent de façon indélébile les touristes qui s'y frottent. On sait aussi que c'est un pays d'extrême : extrême richesse contre extrême pauvreté, tradition fortement ancrées contre occidentalisation accélérée. Je sais bien tout cela, mais ça ne me préparait pas du tout à cette lecture.
Me voilà propulsée en Uttar Pradesh, Etat du Nord de l'Inde, le plus peuplé et l'un des plus pauvres. Un matin de mai 2014, deux filles de 14 et 16 ans sont retrouvées pendues à un manguier. C'est un déchaînement médiatique et aussi une série de malfonctionnement qui résument à elles seules les pires démons de la société indienne.
En reconstituant par le menu les événements qui précédent ce drame et ceux qu'il déclenche, la journaliste engagée qu'est Sonia Faleiro nous montre les facettes les plus sombres du pays. le système des castes, la place des femmes dans la société, sans oublier un système politique clientéliste et corrompu, un système judiciaire défaillant… C'est une enquête minutieuse, presque trop parfois avec une accumulation de détails dans lesquels le lecteur risque de se perdre, mais qui reste passionnante du début à la fin, avec même un certain suspens qui affleure dans de nombreuses pages.
Beaucoup s'arrêtent au fait que les deux jeunes filles sont mortes en sortant de chez elles parce qu'elles n'avaient pas de toilettes chez elles. Mais cela me paraît (hélas) une situation répandue dans de nombreux pays. C'est peut-être choquant en Inde parce que c'est un pays en plein boom économique, mais c'est la situation de nombreuses femmes et de nombreuses hommes. Par contre, me dire que des femmes n'ont aucun droit, aucune existence par elle-même, ce sont des choses dont on parle sous les talibans, ou dans d'autres pays similaires, mais je crois que je ne m'attendais pas à cela. On a fait tout un plat de l'autorisation enfin donnée aux femmes en Arabie Saoudite de conduire une voiture (mesure qui était nécessaire, ne me faites pas dire le contraire de ce que je souhaite dire!), et certes cela montre une misogynie d'Etat, inscrite dans la loi. En Inde, ce n'est pas écrit dans la loi, mais les conditions de vie de certaines femmes sont au-delà de ce que je pouvais imaginer.
C'est donc un livre qui m'a ouvert les yeux, dont je suis ressortie avec un sentiment d'impuissance, mais aussi de meilleure compréhension du monde dans lequel je vis. Un grand merci, donc, aux éditions Marchialy, que je découvre avec ce livre alors qu'elles publient depuis 2016 des enquêtes approfondies réalisées par des journalistes venus de pays divers et variés. Je crois que je vais commencer à me plonger dans leur catalogue qui semble receler quelques titres bien intéressants.

Merci aux éditions Marchialy de m'avoir permis de lire ce livre, via netgalley.
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