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Critique de DianeRocch


Ce premier roman est un bijou. Un bijou brut, sans détour, qui décrit avec honnêteté et pudeur une enfance dans un milieu populaire issu de l'immigration Algérienne.
C'est l'histoire d'une petite fille qui rêve de s'extraire de la famille qu'elle n'a pas choisie. Vendredi, la mère de la narratrice porte en elle l'ambivalence d'une femme devenue mère trop jeune, aux valeurs fortes, parachutée en Auvergne à la suite de son mariage avec un homme plus âgé. Son amour de femme et de mère se manifeste avec ambiguïté. Cette vie à la Française, parfois joyeuse, souvent cruelle, nous plonge dans une époque pas si lointaine où l'autorité parentale fait loi, la crainte de ses parents remplace le respect et où l'école ferme les yeux sur ce que l'on nommerait aujourd'hui de la maltraitance.

L'écriture de Dalie Farah est précise, l'humour est présent pour contrer le malheur et l'histoire mêlée de deux femmes, la mère et la fille, est mêlée de paradoxes pour exprimer un amour filial que l'on ne doit pas montrer.
La fierté se cache dans les gifles, la reconnaissance dans le mépris et le partage dans les humiliations.
A priori, c'est une histoire banale dans le sens sacré du terme : banal, car il s'agit de la vie ordinaire, celle de tous les jours, d'une famille habitant un HLM dans une impasse qui porte le doux nom de Verlaine.

Percutant, serait l'adjectif le plus approprié pour cette lecture aussi passionnante que dérangeante.
Lorsque l'on comprend que la seule issue de la narratrice pour échapper aux coups et aux incompréhensions familiales est la fuite, l'espoir est permis. Grâce à la poésie raffinée et efficace dont est ponctuée le récit, on attend fébrilement la libération.
La littérature tient une place prépondérante dans la vie de cette jeune fille dont les parents ne savent ni lire ni écrire ; très tôt c'est elle qui est chargée de remplir les papiers administratifs de la maison. Les grands classiques sont un réconfort dans ce monde violent où les retards, l'insolence et la fainéantise ne sont pas permis, ils sont pour la narratrice comme une armure invisible dont elle se pare pour se sentir forte et protégée.

C'est un texte bouleversant où la vie gagne à la fin, la rencontre avec une personnalité hors du commun qui surmonte les épreuves en attendant un geste tendre qui ne viendra pas, sans pathos l'auteure nous entraîne dans une vie vraie que l'on espère plus tendre pour la narratrice dans sa vie d'adulte.
Après ce coup de coeur, j'attends avec impatience de lire à nouveau la plume de Dalie Farah !
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