AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Dandine


Dans la tradition juive les grands auteurs prennent le nom de leur oeuvre la plus importante. Ainsi le grand codificateur Joseph Caro est devenu "Le Choulhan Aroukh" (= La table dressee), sa grande codification des lois du judaisme, et personne ne connait plus le moraliste Israel Meir Kagan que comme "Le Hafetz Hayim" (=Le queteur de vie), le titre de son livre d'ethique.

Quelque chose de ce genre est arrive a Leon-Paul Fargue. Il sera pour toujours "Le pieton de Paris". C'est devenu son appellation (controlee), sa particularite, sa distinction, son titre de noblesse. le pieton, marcheur infatigable (=jamais fatigue de sa ville) qui ne s'arrete que pour des coups (boire un coup, discuter le coup). Celui qui nous donne envie de flaner après lui dans des quartiers peu touristiques, en une promenade calme et lente, qui nous introduit chez des monuments sacres comme le Ritz ou les Deux Magots par la porte de derriere, par la petite histoire. Au hasard des flaneries il nous presente des gloires parisiennes du premier tiers du siècle (le sien, pas le notre), certaines connues (Anatole France, Sarah Bernhardt…) et d'autres oubliees (Germaine Tailleferre, Paul Bourget…), du moins en ce qui me concerne moi lecteur d'aujourd'hui. Et quantite d'autres gens aussi. Car les rues de Fargue sont habitees et vivantes, elles ne sont pas qu'un inventaire de lieux, qu'une agglomeration de maisons (les rues de Fargue? Dans ma petite tete ils ne font plus qu'un, lui et sa ville). Fargue privilegie les souvenirs qu'evoquent en lui les lieux qu'il arpente ou qu'il traverse. Je dois dire que quand il s'arrete de marcher, sans rencontrer ni nous parler de personnes vivantes, comme dans ses descriptions du musee ethnographique ou du jardin des plantes, c'est moins interessant. A la limite du guide instructif donc pour moi a la limite du barbant. Il n'y a que l'ecriture, que le style, qui sauve ces chapitres. L'auteur garde sa patine propre quel que soit l'endroit qu'il nous donne a voir.

Fargue est poete. le Paris de Fargue a du style. du charme. On peut tomber amoureux du style de Fargue comme on peut tomber amoureux de Paris. Encore en ce 21e siècle ou on circule plus qu'on ne deambule, ou on lit en diagonale. J'en suis sur, ca m'est arrive (et de lire en diagonale et de tomber amoureux . Eh oui...). Et comme je ne suis pas d'un naturel jaloux, je vous invite a essayer, vous aussi: une petite promenade du cote de Fargue?

P.S. Bonne annee lezamis! Une annee empreinte de poesie...
Commenter  J’apprécie          6312



Ont apprécié cette critique (63)voir plus




{* *}