Cette table de bar qui me tient compagnie
Dans son cercle de laiton contient des secrets
Bien des âmes ont succombé à ses attraits
De lui parler imbibé, jamais je ne nie
C’est assis là que je me livre et me confesse
Les invisibles me font la conversation
Le bruit des autres couvre nos révélations
Vivants et disparus s’unissent dans l’ivresse
Ce café-là, ancré au cœur des temps modernes
N’a rien perdu de sa belle authenticité
Et dans notre village devenu cité
Il résiste bien aux ventes comme aux balivernes.
En ce jour, j’ai pris une grande décision
Je libère de la pendule, le coucou
Je casse le verre de ma montre à grands coups
Et je laisse au temps les clés de la précision
Des années que je nourris cette réflexion
Qu’accélérer le mouvement réduit l’espace
D’exploration, en accentuant les menaces
De me précipiter vers bien des afflictions
Aussi je décide d’ancrer mes pieds sur terre
De favoriser l’inertie à la vitesse
Et de prendre le temps de certaines paresses
Pour profiter au mieux des instants éphémères
Qui suis-je donc pour nourrir l’envie d’être lu?
Certes un inconnu mais pas un farfelu
Une âme sincère qui n’en peut vraiment plus
De courir après des valeurs bien révolues.
Ami lecteur qui me lit donc en cet instant
Toi l’impétrant qui sera peut-être l’élu
Recherche l’âme sœur de celui qui n’est plus
Partage-la sans tarder avec tes enfants
Comme les anciens aiment à le répéter
Qui fait un long voyage, prépare son sac !
J’avais déjà connu les flux et le ressac
Mais point les vagues humaines tant agitées
Ici les gens sont comprimés et trop pressés
Ils ne prennent le temps de rien et gesticulent
En nourrissant la bile de leur vésicule
Pour la déverser sur d’autres, déjà stressés
Les hommes comme les loups recherchent un guide
Pour s’éviter de tracer les contours du but
Ils courent à leur perte au rythme des abus
En oubliant les préceptes de feu nos druides