C’est pourtant simple, tantine : personne ne peut être très heureux et avoir beaucoup d’enfants sans se marier ! C’est oncle Porges qui me l’a expliqué. Alors moi j’avais tout arrangé : tu te mariais avec lui, vous étiez très heureux… Comme dans les contes de fées, tu vois ?
— Mon pauvre enfant ! La vie, hélas, n’a rien d’un conte de fées ! Il faut nous accommoder des choses telles qu’elles sont…
— Tante Priscilla ?
— C’est notre femme de charge. La plus charmante, la plus adorable des femmes de charge. Mais elle a le regard perçant, monsieur Bellew ! Elle vous aimera beaucoup ou pas du tout. Tante Priscilla ignore la demi-mesure.
Ah, ma fière colombe ! Heureux l’homme qui saura gagner votre cœur ! Heureux celui qui vous épousera, ma sombre beauté ! Il devra être fort, courageux et plein d’autorité, celui qui saura éveiller l’amour dans vos grands yeux passionnés !
On peut débattre longuement de savoir si une boucle de cheveux noirs est plus séduisante lorsqu’elle étincelle sous la caresse d’or d’un rayon de soleil, ou lorsqu’elle luit doucement à la tendre clarté de la lune.
Voulez-vous devenir ma femme ? C’est mon désir le plus ardent ! Je ne vaux pas grand-chose, je le sais bien, mais si vous appreniez à m’aimer un peu, nous pourrions nous marier, un jour…