— La faim est, paraît-il, le meilleur des accommodements, et vous deviez avoir grand faim.
— Si j’avais faim ! reconnut-il, mais, monsieur Vibart, j’étais affamé ! Depuis des semaines je suis condamné à ne vivre que de mendicité, d’emprunts et de maigres larcins. Mon seul luxe a été, les jours fastes, un festin de topinambours !
Votre pudeur n’est plus de mise ! Croyez-moi : la plus pure, la plus modeste des jeunes filles ne doit pas avoir honte d’avouer son amour pour un homme tel que lui… un garçon au cœur magnanime… qui vénère jusqu’au sol que vous foulez de vos jolis pieds…
Sans relations et sans fortune ? Comprenez-moi bien, mon garçon : il n’est pas un seul gandin, pas un seul petit-maître dans les trois royaumes qui ne soit disposé à sacrifier ses deux jambes pour obtenir sa main.
Une amazone, lady Sefton ? mais c’est une femme superbe ! Ce n’est pas une de ces beautés fades et gourmées dont on se lasse vite ; non, lady Sophia a la splendeur d’une reine, le tempérament d’une déesse…
Sa beauté et sa fortune font d’elle la femme la plus en vue de tout Londres. Les plus nobles gentilshommes d’Angleterre sont prêts à se jeter à ses pieds.