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Citations sur Histoire de l'art. L'art médiéval (14)

Forme cylindrique, forme ovoïde, forme sphérique, rythme circulaire de la Chine ! La Chine tournera-t-elle donc toujours en cercle, du même effort patient, infatigable, lent, qui lui permet de maintenir le mouvement sauveur et de vivre sans avancer, ou brisera-t-elle ce cercle pour chercher l’idéal toujours renouvelé au sommet même du flot montant des choses et pour tenter de conquérir, dans cette poursuite incessante, l’illusion de sa liberté ? C’est probable. Elle s’agite. Ses cinq cents millions d’hommes vont être entraînés dans le mouvement occidental, rompre notre pénible équilibre séculaire, bouleverser le rythme économique de la planète, peut-être nous imposer à leur tour une immobilité qu’ils mettront mille ou deux mille ans à reconquérir. Nous ne savons rien. La complexité du monde actuel et futur nous déborde. La vie gronde, la vie monte. Elle livrera ses formes à ceux qui vont naître pour les consoler d’être nés.
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Tandis que la lointaine civilisation chinoise retarde l’heure
de sa mort en se tournant vers son propre passé, tandis que
l’Inde répand, pour soulager sa fièvre, une religion sur l’Asie,
l’ombre noie peu à peu les rivages où s’est écoulée l’éclatante et
virile jeunesse du monde occidental. Les flux et les reflux, depuis
le début de l’histoire, balancent l’océan des peuples du plateau
de l’Iran aux terres fraîches et salubres qui regardent
l’Atlantique. Des invasions silencieuses ont accumulé dans les
plaines du nord de l’Europe les réserves d’hommes qui renouvelleront
l’innocence des peuples méridionaux quand un contact
trop énervant avec l’Asie affaiblira leur foi dans leur propre intelligence.
On a vu les Phéniciens apporter à la Grèce et à
l’Italie, avec la science et l’idéal de la Chaldée et de l’Égypte,
l’écho indien des ivresses mystiques par qui le saint frisson de la
vie universelle est entré dans l’ordre occidental. On a vu la
Grèce, entraînée par Alexandre, déposer dans l’âme trouble et
lasse de l’Inde, l’étincelle inspiratrice. Rome doit subir à son
tour le sensualisme de l’Asie quand elle lui porte la paix… Le
mouvement épuisait peu à peu son rythme. Il était nécessaire
qu’un grand repos succédât à la dépense d’énergie d’où sortit
l’avenir du monde, et que la nature de l’homme se repliât sur
elle-même pour imposer à son esprit trop tendu, à ses sens pervertis,
l’oubli de leurs conquêtes et le désir de remonter à leurs sources naturelles.
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Il [le sculpteur khmer] sculpte les murmures et les lueurs et les odeurs de la forêt, le bruit cadencé des troupes en marche, le roucoulement profond des oiseaux qui cherchent l’amour, le râle rauque et sourd des fauves rôdant au travers des fourrés, le fluide invisible qui court dans les nerfs des femmes qui dansent quand la musique ronfle et quand monte la volupté.
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Le grand Hokusaï lui-même, le poète protée, l'homme aux cent noms qui remplit de sa pensée plus de cinq cents volumes, en couvrit vingt mille estampes, « le vieillard fou de dessin », le vagabond distrait qui couronna l'art populaire et dispersa l'esprit japonais aux quatre coins du ciel comme un grand vent dépouille les forêts d'automne, le grand Hokusaï lui-même est une expression de décadence.
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On ne trouve pas, sans doute, dans les statues funéraires de la Chine, cette illumination secrète qui monte des régions profondes des colosses égyptiens pour unir au niveau de leur surface ondulante l’esprit de l’homme à la lumière. Le peuple chinois, maître de son sol et de ses cultures, n’a jamais assez souffert pour chercher dans l’espoir constant de la mort la liberté intérieure et la consolation de vivre. Il regardait la mort avec placidité, sans plus de frayeur que de désir. Mais il ne la perdait pas de vue, ce qui donnait à son positivisme une formidable importance. La méditation sur la mort fait voir les choses essentielles. L’anecdote où l’on se perd, quand on est tourné vers les aventures de la vie, quitte l’esprit pour toujours. Il ne s’arrête plus à rien de ce qui intéresse et retient la majorité des hommes. Il sait qu’il s’écoule tout entier comme le jour qui passe entre deux battements de paupière et que c’est à la lueur de cet éclair qu’il doit saisir l’absolu. Et c’est parce qu’il n’aperçoit rien au-delà de la vie que son hymne à la mort ramasse tout ce qu’il y a d’immortel dans la vie pour le confier à l’avenir.
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Les premiers peintres chinois étaient aussi des écrivains. Il n’y avait pas d’autres peintres que les poètes qui peignaient et écrivaient avec le même pinceau et commentaient l’un par l’autre le poème et l’image interminablement. Les signes idéographiques (…) les entraînèrent peu à peu à manier le pinceau trempé d’encre de Chine avec une prodigieuse aisance.
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Pourtant, aussi loin que l’on regarde dans le passé de la Chine, elle semble ne pas avoir bougé. (…) En réalité, c’est le monde intérieur des Chinois qui ne s’est jamais ouvert pour nous. Nous avons beau sentir chez eux une civilisation sociale plus parfaite que la nôtre, nous avons beau admirer en eux les résultats d’un effort moral qui fut aussi grand que le nôtre, nous ne les comprenons pas toujours mieux que les fourmis ou les abeilles.
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L'artiste moghrébin, dans les mosquées, dans les palais surtout, les alcazars, les alhambras d'Andalousie où le souvenir énervé erre des salles rouges et or, noires, émeraudes, bleu turquoise, aux grandes cours à colonnades, et des jardins dallés où le parfum des citronniers, des mimosas, des orangers alourdit l'air étouffant, aux ombrages immobiles sous lesquels les bassins de marbre offrent à l'image des ifs de longs miroirs d'eau pure, l'artiste moghrébin variait la forme des arcades et diversifiait ses aspects de salle en salle et d'alcôve en alcôve. Vide de formes animées, son cerveau cherchait à briser la monotonie de ses visions plastiques en combinant sans repos les lignes familières qu'il tordait dans tous les sens.
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Pour saisir l’art japonais au sommet de sa puissance, il faut regarder vers Kôrin. Tous les maîtres du Nippon, de Sesshiu et Sesson à Hokusaï y vivent, en devenir ou en prolongement. Et c’est précisément à l’heure où le Japon se ferme pour descendre en lui-même encore, et où l’enseignement des primitifs mûrit en quelques années dans l’atmosphère recueillie de l’unité morale et de la paix. (...)
Il avait [Kôrin] le pouvoir de saisir dans la vie qui passe – quelques moineaux sur la neige, une théorie de tortues, un vol de canards sauvages, une touffe de roseaux - l’imperceptible instant qui la rattache à la vie éternelle.
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L'art, qui est précisément la manifestation la plus expressive et la plus haute de cet accord et la forme vivante qui jaillit des amours profondes de la matière et de l'intelligence pour affirmer leur unité, l'art devait mourir en même temps que les croyances naturistes quand les religions éthiques apparurent pour nier l'utilité de son action et précipiter l'humanité sur des voies opposées à celles qu'elle suivait jusqu'alors.
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